Archives de l’auteur : charlotteticot

Lettre à un inconnu, que j’ai si bien connu (Ode à la passion)

Je sais,
Je sais bien qu’il ne se fait pas d’envoyer des courriers.
Ce n’est plus d’actualité… il paraît.
Cela pourrait presque sembler intrusif à une époque où tout un pan de réseau connait ton intimité, que tu le veuilles ou non, que tu te prêtes au jeu ou que tu tentes d’y échapper.
Moi-même si j’en recevais une fournée… de lettres habitées, hantées par un bout d’âme de celui qui me les enverrait, je crois qu’il ne m’en faudrait pas davantage pour porter plainte contre l’envahisseur, l’assaillant de ma tranquillité ou plutôt non de mon antre déjà suffisamment tourmentée.
Mais puisque j’ai changé d’espace, c’est un peu alors comme si j’avais traversé les temps et que j’étais soudain autorisée à déborder, comme si une sorte de contre temps ou un autre temps permettait que j’outrepasse cette interdiction morale de l’intrusion, de la déballe.
Je sais ce que tu te dis, mais non, je t’assure que non, ce n’est pas une tentative supplémentaire de rassurer mon ego troublé, d’apaiser mon aura un peu malmenée. C’est surprenant mais nan! J’y ai bien songé mais je suis courtisée -tu le sais- assez pour accepter qu’une fois tout n’ait pas été comme je l’avais imaginé.
En ce moment, là, à cet instant au cours duquel je t’écris, j’écoute Yasmin Levy; elle m’émeut tant! Je ne dois pas être la seule à la sentir c’est sûr, mais je veux penser que quand je respire, c’est à mon souffle qu’elle raconte une histoire, que ce sont mes blessures qu’elle emmitoufle dans un grand drap noir… de soie, ça va de soi!
C’est peut-être un peu mélancolique, assez nostalgique pourquoi pas, mais ce n’est pas déchirant encore moins désolant. C’est simplement transcendant.
Comme ce sentiment : il est des gens parfois – rarement mais parfois- que l’on rencontre pour la première fois et c’est comme s’ils avaient vécu en nous depuis toujours. J’en ai connu deux avant toi, un homme et une femme, une partie de moi pour l’éternité. Il ne s’agit pas d’amour, non pas du tout!
Mais évidemment toi c’est différent. L’antagonisme de genre qui nous divise ne peut supporter une telle proximité, ne peut souffrir mon axiome, mon postulat de l’énoncé « à jamais ». Non pas que je ne t’aime pas. Je t’ai aimé… non, pas comme on aime quelqu’un avec qui l’on a tant partagé mais tel un être de qualité, la belle personne que j’ai eu envie de deviner et tu n’as rien à y apporter ni à en retirer; c’était mon choix pour une fois de soupçonner, de discerner, d’éprouver, de prophétiser même tout ce que jamais tu ne m’aurais dévoilé.
J’ai changé de métier. Tu avais raison, comme toi qui étais indocile et fragile, trop fort, trop retors pour te laisser sélectionner, préférer ou rejeter, j’ai décidé également de réaliser mon destin, d’être un de ces bâtisseurs que toi et moi admirons tant.
Je crayonne sur mon papier depuis Israël, alors tu dois te dire que mes errances sont contextuelles, émotionnelles, passionnelles, pas tout à fait intentionnelles ni suffisamment préméditées ou mesurées. Mais si, si plus que jamais!
Parce qu’avant de franchir les grandes étapes de la vie, on ressent souvent la nécessité de dire des vérités à certaines personnes triées sur le volet.
Alors avant d’accepter de concevoir qu’il est bien l’heure de concevoir, c’est à toi que je veux avouer combien le temps m’effraie. Je vois bien que la caravane passe et je refuse cependant de m’y accrocher. Peut-être me pensais-je en possession du pouvoir de le suspendre, ce farceur?
C’est mon devoir. Je suis femme et pleine de savoir, il me faut transmettre, je ne peux pas me démettre. Et puis après tout, il n’y a que la pureté des enfants qui m’apporte un peu de gaieté, qui me rassérène et qui atténue mes peines. Sans doute seront-ils -les miens ou ceux que j’adopterai- mon salut, celui que jamais par ailleurs, que jamais meilleur, je n’aurais obtenu!
En attendant, cette lettre est à toi, toi qui te reconnaîtras et qui la liras à la lumière de ta fenêtre. Toi le parfait inconnu que pourtant j’ai si bien connu.
A toi, à jamais.

Français, réveille-toi!

Nous sommes vendredi après-midi et j’ai enfin un instant de répit -faisons comme si ma vie était remplie à l’excès- un instant de répit, disais-je, consacré à un florilège de choses intéressantes au rang desquelles le raccrochage à une émission tout à fait éloquente (i mean « éclairante ») sur France Culture.

Il y est question de la Loi El Khomri et de toutes les tergiversations et autres oppositions qui entourent tant son texte que son adoption, le prétexte pour engager un débat de fond sur le rapport des français à leurs corvées.
Force est de constater -à mon immense désolation- combien pour notre jeunesse, gagner son pain semble devoir rimer avec confort et plutôt qu’ils ne fassent de leur profession le terrain de jolies prouesses, les voici qui crient à la menace! Quelle tristesse!

A l’exception d’un intervenant tout à fait cohérent et visiblement brillant, un jeune avocat qui lui ne semble pas avoir perdu de bras, on se demande quel âge ont les différents participants pour miauler ainsi?

D’aucuns considèrent qu’il n’est pas nécessaire de mériter sa survie et que travailler est un dû et non un plaisir ou plutôt une sorte de punition qui ne devrait être obligation même aux fins de se nourrir, de se vêtir, de se loger, tant et si bien que la société en tant qu’entité devrait y suppléer, en être le complet relais.

D’autres encore planent autant en affirmant que nous les français, ne sommes -je cite- « pas suffisamment pris en charge ». Nul n’est besoin d’ironiser, vous savez déjà combien nous sommes les pro’ de la targe contre l’effort!

Le dernier enfin, un peu plus malin que les premiers, se fait pourtant le porte-voix pas vraiment incisif d’un machin qui se proclame collectif, collectif de la « génération précaire » .
Mais on rêve là, pincez-moi! Génération précaire? Mon dieu, mes grands-parents doivent se retourner dans leur tombe! Les leurs aussi d’ailleurs!
Mais mes aïeux, nous formons la seule génération qui n’a pas la guerre en mémoire, la seule génération qui n’a rien à reconstruire, tout à bâtir, la seule génération dont le présent est un sourire à défaut qu’elle ne sache préparer son avenir, la seule génération potache, ou plutôt tâche, pour laquelle tout a été prémâché, ruminé, chiqué, jusqu’à ce que les dents de papi mamie ne s’en trouvent déchaussées, la seule génération dont tous les souhaits peuvent être exaucés et malgré tout cela, celle qui préfère y sursoir!
« Et les trente glorieuses? » allez-vous rétorquer!
Certes, la base de notre Code du Travail tel qu’édicté en 1973 (révisé suite à une ordonnance de 2007 et des dispositions réglementaires en 2008) a été édifiée à une époque où l’on ne souffrait guère du chômage, mais oserais-je vous rappeler que la France dans laquelle on vivait alors n’était pas la France radieuse que nous connaissons? On sortait de la guerre, tout était à refaire! Nos parents -eux- ont été forcés de faire ce que vous détestez : travailler!
Ce n’est pas de la provoc’, c’est la stricte réalité!
Démolition, ponçage, brossage, fabrication, fondation, élévation de combien d’ouvrages! Le quartier la Défense notamment, générant des milliers d’emplois pour nos générations, on le leur doit, figurez-vous!

J’ai honte! J’ai honte que notre jeunesse représentative n’invective que pour se montrer passive et régressive, j’ai honte qu’elle demande de l’assistance au lieu de considérer sa chance.
Sa chance? Celle de vivre dans un monde au sein duquel -même en démarrant à poils- toutes les perspectives sont projectives et prérogatives; où tout le monde -même le plus con des plus cons- peut prétendre entreprendre au lieu de faire dans son froc et en sus y parvenir, ou mieux réussir!
Nous vivons à une période magnifique au cours de laquelle grimper dans une fusée qui mène jusqu’aux étoiles n’est plus seulement une hyperbole! Quelle veine nous avons!
Moi j’ai de l’appétit en votre lieu et place à tous! Je ne crois pas au génie; je ne crois qu’à l’audace, à la détermination, à la volonté, la ténacité et l’obstination qui seront fruits de mille satisfactions!
A l’instar de Virgile, je spécule « qu’un travail opiniâtre vient à bout de tout »
Mais apparemment le travail fatigue même les abrutis! Eh bien qu’on les bouscule, non mais!

J’en entends un se lamenter, exprimer sa souffrance et son mécontentement, face à l’ubérisation inique du marché et -par suite ou pour suite (ou les deux)- l’informatisation de l’ensemble des domaines d’activités!
T’a-t-on anesthésié la boîte crânienne pour qu’elle en ait perdu ses facultés et son peu d’intelligence?
Ne s’agirait-il pas là plutôt d’une aubaine au sein d’une société de services qui se crée besoins et envies à mesure qu’elle respire? N’y a-t-il pas alors un empire de possibilités qui s’offre à toi tout entier?
Une simple connexion internet et hop tu as un métier, tu peux l’apprendre -si ce n’est le comprendre- tu peux vendre, acheter, échanger, tout envisager.
Je laisse de côté le cas marginal, le scandale du sans-domicile (permettez-moi de relever que l’ajout du suffixe « fixe » est d’ailleurs bien inutile) qui lui -en revanche- mériterait davantage de respect, d’intérêt, de ménagement, d’amour, de secours ou de soutien qu’un petit billet dans sa manche ou qu’une caresse sur la tête de son chien!
Quant à la robotisation… Evidemment que le gain de temps se voit opposer la contrepartie diabolique qu’est l’humain… enfin je veux dire… la diminution du nombre de mains nécessaires pour faire fonctionner l’univers.
Mais plutôt que d’avaler de travers, pense-toi unique, car alors aucune machine ne saura remplacer ta divine apparition dans le décor ni ne contestera ta valorisation d’or!
Martin Luther King disait : « Tous les progrès sont précaires et la solution d’un problème nous confronte à un autre problème. »
Alors que ceux qui l’ont molle et qui déplacent leurs déficiences sur Monsieur « pas de bol! » aillent donc s’adresser aux immigrés de la première génération, aux français des années quarante, aux enfants d’antan qui auraient bien aimé se trouver à leur place et qui ont tant donné pour que nous évoluions avec une telle facilité! Oh oui, ça me tente qu’ils leur filent une belle correction!

J’ajouterai encore que ce qu’il y a de plus joli sur cette terre est précaire : l’amour et la poésie au premier rang si liés qu’ils sont à l’intime et au fragile -ou même les heures qui passent, le temps est vorace- tant et si bien qu’ils ne peuvent nous offrir bonheur qu’au pire de leur émanation émotive.
Pourtant force est de constater qu’ils vivent, ils vivent et survivent à l’extinction d’une génération, à la postérité, au travers d’une descendance ou encore d’une romance consacrée dans l’immortalité de Rimbaud, La fontaine, Verlaine, Voltaire, Baudelaire ou Proust.
Alors Oust les opposants systématiques, les bobos récalcitrants, les revêches dogmatiques et convenus de mèche avec les ingénus qui conduisent nos sinuosités!
Moi j’en veux encore du branlant, de l’innovant, du risqué, de la nouveauté.

Oui, le bonheur réside dans le changement!

Mais oui, j’ai bien saisi ce qui vous soucie : nos jeunes sans emploi, en galère d’affectation, pas ou trop de qualification pour cette place, les plus vieux ont déjà occupé l’espace et ont les dents acérés quand il s’agit de leurs fonctions et position.

Alors expliquez-moi pourquoi il convient de s’opposer à la Loi El Khomri?

Le point fort de ladite loi c’est la possibilité de se détâcher d’un salarié encombrant facilement : d’abord en privilégiant intérim, contrats à durée déterminée (CDD) et autres formes temporaires d’embauches par rapport au trop souvent plébiscité contrat à durée indéterminé (CDI) qui décourage l’employeur et le condamne à une certaine torpeur; ensuite en prévoyant un plafonnement des indemnités de licenciement en cas de licenciement abusif (sauf pour harcèlement bien sûr), rendant prévisible le montant alloué devant les juges des prud’hommes; enfin en élargissant les cas pris en compte avec validité dans le cadre d’un licenciement économique. Fantastique! Ce sont plutôt les anciens devenus moins compétitifs qui ont à se faire du chagrin!

Alors qu’est-ce qui vous chiffonne? Tout est élaboré pour que jamais cela ne bouchonne à l’entrée!

Ah c’est ce bon vieux sentiment d’insécurité?

Pourtant, plus de 84% des recrutements se font aujourd’hui en CDD et non en CDI, bien que le second soit plus taxé que le premier. Le travail est un cadeau mes petits agneaux!
Quand je pense que le mot « travail » tire son origine étymologique du latin « tripalium »! Vous savez l’instrument de torture à trois pieux utilisé par les romains pour punir les esclaves rebelles. Je pense qu’il va me falloir un valium!

A moins que ce qui vous rend chafouins c’est d’être contraints de faire vos preuves? Mais le challenge abreuve, sans lui vous mourriez d’ennui et il se pourrait bien que vos vices ne s’enrichissent.

Ou alors est-ce l’abandon des trente cinq heures qui vous fait peur?
Ne vous en faites pas, travail bien réparti jamais n’assassine!
La vie fleurit avec quelques épines mais ne soyez pas amère et arrêtez de faire des manières, saisissez-la par les pétales, voilà tout!

Alors oui c’est vrai, El Khomri a commis quelques maladresses, certes quelques priorités ont, elles, été inversées, le carcan juridique mal maîtrisé, mais le dessein était enfin oh combien noble au sein d’une France qui exigeait une réforme du droit du travail dans un pays plombé par une flemmardise organisée, normée et revendiquée et qui grogne dès qu’on la chatouille sous les acquis.

Certes, une disposition anticoncurrentielle sur les modifications des contrats des salariés s’y est glissée. Certes encore, la fiscalité défiante et le statut des sociétés de type startup, entreprises innovantes et autres pôles d’attractivité ont été complètement sucrés dudit projet absolument imparfait!

Mais a minima, je salue qu’elle a eu des «..ouilles »!

Alors si l’oisiveté vous sied, continuez à défiler et à vous égosiller!
Il me parait pourtant que moins d’énergie vous ne consumeriez à tâcher d’être dignes de vos aînés.

A méditer!

http://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre/marche-du-travail-le-plus-dur-c-est-d-y-entrer

Je prends le risque d’aimer

Coutumièrement, mon âme se maquille.
Non, elle ne ment pas!
Elle camoufle simplement ses tourments sous un frontispice de Miss bien heureuse.

Il est tard… Mon âme est soucieuse, mon souffle s’accélère à mesure que mes pensées fourmillent, mon regard s’éparpille par peur de se trouver en toi, par peur de se reconnaitre en ton être, de se plaire en ton coeur.

Et si, soudainement, audacieuse, elle décidait de prendre le risque de ne voir que toi?

La malheureuse, un moment, s’apaise, puis peu à peu, se ronge les sangs jusqu’au malaise. Non pas qu’elle réprouve ton amour, elle le ressent, lénifiant, fascinant, mais elle éprouve ce que toi tu es, parce que justement ce qu’elle voit à cet instant c’est toi.
Oui toi, toi le soleil inversé, toi le voyageur qui te démène, le promeneur d’idées qui survole la réalité, toi qui te fais le porte-parole de tant de vies brisées, toi qui te revendique de la lignée du danger comme d’autres le feraient d’une filiation rabbinique, alors qu’il s’agit davantage d’une passion que de gènes homéotiques.

Face à toi mon coeur et surtout à ces horreurs, à tous ces Amok en pleine décompensation névrotique, trop mesurés pour se faire mourrir mais bien assez chargés de frustrations pour te les faire subir, faut-il prendre le risque de sa propre vérité et de sa réplique en retour ou pire d’un soupir libéré, plus assourdissant qu’un rugissement?
Doit-on prendre le risque d’être ce que l’on est, s’y hasarder et s’en élever si tant est que l’on sache s’en relever?

Je pourrais vous proposer de vous renseigner auprès de Christian Grey, mais vous me prêteriez alors des lectures obscures, discutables et peu recommandables, que je n’ai pourtant jamais eues. Mais si, je vous jure!

« Qui ne risque rien n’a rien » adorent seriner les français et force est de saluer leur épatant discernement. Toutefois, plus prudent, nos amis québécois s’efforcent eux de définir un seuil : « qui risque un oeil les perd les deux »!
Chance et opulence pour les ambitieux…à condition d’être précautionneux.

Livrer sa vie à l’aléa, à ce qu’on ne choisit pas, c’est piquant, excitant, euphorisant même, mais qu’on le veuille ou non, l’absence de maitrise nourrit l’espérance, attise les malveillances et bien plus vite qu’on le croit, on se retrouve à courir après le train et on finit par mourir de faim.
Ah, faire confiance aux honnêtes gens déclarés, ça c’est risqué! La plus vive des insécurités se situe là, dans les promesses de ceux qui -faute d’avoir ton hardiesse- se joueront de ta profonde détermination, de ta féconde obstination, la faisant passer pour une effrontée alors qu’elle n’est que sage ténacité, la mobilisant au service de leurs propres volontés alors que la véritable bonté porte en respect le courage.

Croyez-moi, quand il ne s’agit plus de conquérir, mais d’induire à partir d’une intuition ou d’un faisceau d’éléments concordants et discordants, lorsqu’il arrive qu’il faille en réduire le champ des actions et des possibles, chaque mot et chacun de tes maux, chaque mouvement, chacun de tes haussements et de tes hochements, chaque silence seront d’une importance irréductible!

Mais après tout, ce n’est pas parce que l’on crie au loup qu’on ne finira pas par se faire dévorer.

Alors évidemment, en tant qu’artiste revendiquée, dans ma sphère douce-amère où tout est imperceptible, debout sur les planches où tout peut être capturé, incarné, habité, prononcé, agrippée à la manche de « l’oser » jusqu’aux genoux de la mort, il me serait difficile d’être crédible à me lancer dans un plaidoyer anti-péril!

Parfois c’est douloureux, mais tant mieux!

J’ai été éduquée ainsi, à la lumière de Rabbi Nahman de Bratslav qui enseignait « Ne demande pas ton chemin à celui qui le connait, tu risquerais de ne pas t’égarer » . Après tout, celui qui sait parler risque-t-il vraiment d’errer sans se retrouver?

J’ai grandi ainsi, avec Théodore Herzl pour digne modèle -accusé de propager l’antisémitisme par les uns, d’alimenter de vains utopismes par les autres- qui lutta fort pour Der Judenstaat et qui mérite que l’on se batte pour nos idéaux, nos valeurs et notre honneur, nos seuls trésors.

Alors penses-tu…
Crois-tu que quelques mal intentionnés réunis en troupeaux de moutons facétieux ont eu raison de mes rêves?
Ces humiliations -qui n’ont fait que rendre mon échec spectaculaire- n’ont pas fait moins bien que d’aiguiser ma sensibilité et me rappeler encore une fois qu’il faut éviter l’évidence au profit de ce qui se terre derrière elle, ce qui jamais ne devait être découvert mais que l’on finit par remarquer dans une absolue discrétion, savoureuse et voluptueuse.
Céder à ses « a priori «, quelle connerie! Derrière les choses résistantes, se cachent les découvertes les plus intéressantes! Pauvre science, si à votre instar, elle déployait la méfiance comme étendard!
Pour l’heure, aucun syndrome de l’imposteur, aucun sentiment d’illégitimité n’ont réussi à mettre à feu et à sang mon royaume, ni n’ont fait céder ma générosité et je me préfère cette victoire à toute forme de gloire!
Comme dirait René Char, à me regarder, ils finiront par s’habituer!

C’est vrai -bien sûr- je ne vais pas vous mentir, il m’arrive souvent de me convaincre que j’ai fait semblant de grandir et de me persuader que tout reste à accomplir. Mais je sais, je sais bien que j’ai l’âge d’arrêter d’être déçue, de cesser d’aimer et de croire en la bonté du premier venu, je le sais! Mais puis-je m’y résoudre? Non, qu’on me donne encore à en découdre!
Je ne me berce pas d’illusions, je veux juste continuer à faire l’expérience de l’émotion.
Non pas du tout, je ne me berce pas d’illusions, je suis pragmatique, je sais bien moi que l’amour n’existe pas, qu’il n’est qu’invention, un antalgique, une tactique, une douce musique pour détourner l’attention du guerrier ou panser les plaies de l’esseulé! Une pure hallucination, un mirage dont s’éprennent les créatures à tout âge qu’on les y emmène.

L’être humain tombe-t-il amoureux de ce QUELQU’UN qui le dépasse? Non, car alors nous serions sains, progressistes, utopistes mais entre de bonnes mains.
Non l’être humain s’amourachera plutôt de QUELQUE CHOSE qui le dépasse… L’insaisissable, l’indéchiffrable même à l’aide d’un bon guide en guématria -non pas l’inaccessible passé l’âge ingrat, ni le mystique, ni même le sibyllin énigmatique- non…, seulement l’inintelligible, la part imperceptible d’un diamant.

Une illusion, vous dis-je! Non pas que l’on croit ce que l’on veut voir, mais on voit ce que l’on veut croire!

Pourtant on n’aime pas celui qui n’est pas foncièrement bienveillant avec nous, on se complait dans l’illusion du sentiment d’aimer, en se persuadant qu’on a eu à faire à un Mensch, celui qui se clame aussi bien valeureux qu’il te regarde dans les yeux, celui-là même qui t’a caressé l’âme le long de quelques humeurs, embrassé le coeur pour une heure et qui ne te rappellera pas, par manque de considération sans doute ou par simple évitement peu importe.

Je parle de l’homme bien sûr. La femme, elle, ne peut pas être soupçonnée ni reprochée, puisqu’à aimer, elle y risque son honneur. A la bonne heure! ,)

Encore une fois, ne pensez pas que ce marasme ait freiné mon enthousiasme, oh non jamais! Je crois en l’humanité et je m’entêterai à aimer.
« Même si on risque de pleurer un peu lorsque l’on s’est laissé apprivoiser » disait Antoine de Saint-Exupéry par la voix du Petit Prince.

Cette semaine, c’est le premier anniversaire de ton décès ma mamie chérie, que nous avons l’intelligence de célébrer chez nous et oh combien c’est une fête quand on a eu une vie remplie et honorable comme la tienne!
Ma chère indépendante contrariée, digne épouse d’un médaillé des évadés, femme mystère et peu banale, dont la bravoure n’a d’égal que l’amour que tu portais à tes enfants, petits-enfants et à Pierre, toi qui me répétais souvent qu’il était important de me souvenir de ne jamais me marier -et je devine ce que tu as enduré, je te lisais et sais si bien ce que tu signifiais- malgré tout mamie, eh bien de là où tu es, force est de te contrarier. Je prendrai le risque d’aimer pour l’éternité!
C’est de ta faute mamie, toi qui m’as fait un papa poète pour nourrir mon idéalisme, ou l’inverse je ne sais plus très bien ,).

Je vais aimer pour l’éternité. Parce que je préfère prendre le risque d’être emportée par un trop plein de vie que de périr d’ennui.

Avec tout mon amour.

Espace Vital

La semaine qui précéda les attentats dits de Paris -ce qui suggère aisément que nous ne sommes ni les premiers ni les seuls à vivre en prenant en compte cette amère réalité d’une facilité violente et d’une normalisation écoeurante de leur commission (à se demander qui est bégueule! A bon entendeur!)-
… Bref, la semaine donc qui précéda les attentats, je me suis rendue au théâtre comme assez souvent ou tout du moins le plus souvent que mon emploi du temps veuille bien m’en offrir le loisir, c’était au Lucernaire et j’y ai vu une pièce -non un quasi conte- absolument extraordinaire.
Une chimère, un dessein évidemment irréaliste mais sans vice, une heureuse abstraction fruit de la vive imagination du brillant Israël Horovitz, une brève illusion, une trêve, certes une utopie mais d’une si jolie fantaisie, si jolie fantaisie au service d’une merveilleuse allégorie, la proposition d’un monde meilleur mais en vain, contraint d’adopter un certain pragmatisme, sans cynisme.
Il est trois heures du matin, le Chancelier Stroiber se réveille en sursaut, trempé de sueur. Il vient de concevoir un projet inouï. Il convoque les médias du monde entier et lance une invitation à six millions de juifs à venir poursuivre leur destinée en Allemagne…pour y vivre… Le message -entre outrage et hommage- sera massivement diffusé et sèmera autant d’agitation que de confusion, autant d’insurrection que d’émotion.
Avec une agilité inspirante, les trois comédiens de la Compagnie Hercub’, Sylvie Rolland, Bruno Rochette et Michel Burstin (il reçoit, le bien heureux, ma mention coup de coeur) -qui ont également adapté et mis en scène ce monstre-génie- nous emmènent en habitant non moins de cinquante personnages disposés à réagir à ce mirage: de la mère de famille des Etats-unis au révolté du Bounty, du docker au parti des Travailleurs, du rescapé de la Shoah à l’ado-tracas en pleine poussée d’acné.

Pourquoi je vous raconte tout cela me demanderez-vous?
Non, je ne suis pas devenue critique ni même prophétique.
Non ce n’est pas seulement pour faire un pied de nez à ceux qui -il y a peu- m’assénaient que la politique ne peut être porteuse de sentiments profonds quand à l’âge adulte, notre conscience est bien la première science que nous percevons mais qui nous insulte, le premier vecteur arbitraire de nos sensations de bonheur ou de mauvaise humeur.
Non ce n’est pas non plus pour opérer quelques analogies adroites mais qui vous fileraient les mains moites avec le dossier des migrants.
Ce n’est pas pour vous répéter « Plus jamais, Plus jamais! ».
Ce n’est pas pour vous rappeler que ceux qui ont fait ruiner, déporter, fusiller, enterrer nos parents, grands-parents, arrières grands-parents et autres anciens étaient des gens ORDINAIRES, des « gens ordinaires », des gens ordinaires…
Mais déjà je vous mens! Bien évidemment que c’est pour toutes ces raisons, sous couvert d’Espace Vital, que j’entreprends avec vigueur ou simplement dorlote l’aspiration que pour cet anecdote s’emballe votre coeur.

L’espace vital, le champ d’une infinité d’options et de directions, insondables, innombrables… Formidable!
En chaque point qu’il occupe, l’être humain inspire, expire, attire, admire, désire, finit par haïr, sait construire, se faire élire, mentir et détruire… Glup!
Il est donc partout le même! Partout il respire le même air, se meut dans ce corps imaginaire que l’on nomme l’Univers, partout il n’est qu’une partie du tout.
C’est forts de cette philosophie, que nous autres -les hommes- nous avons accepté la mondialisation et participé globalement (ce n’est pas un jeu de mots) gaiement à son fonctionnement.
Oh ben alors?… Pourquoi nos morts nous semblent-ils soudainement plus importants que ceux de nos jumeaux d’âme? Le Cameroun, le Mali, le Nigéria, Israël, le Yemen, la Syrie, la Mauritanie, le Liban, le Pakistan, l’Afghanistan, le Sri Lanka, la Lybie, la Turquie, la Tunisie, l’Algérie, la Russie, l’Iran, l’Irak ou l’Ouganda… Cette liste est non exhaustive… soixante-dix ans d’un destin malchanceux pour nombreux d’entre eux.
Pourquoi avons-nous attendu que nos enfants tombent, qu’explose ici la première bombe pour nous révolter…non pardon, nous émouvoir avec passivité?
Comment oserions-nous nous opposer à ce que notre tortueux Gouvernement décide d’intervenir en Syrie pour sauver nos cadets ou garantir notre sécurité au risque de provoquer le courroux de ces fous? Vous pensez qu’il est incapable d’une action ciblée? Mais bordel, c’est bien vous qui l’avait élu pour nous représenter… nous REPRESENTER! On croit rêver.
Comment pourrions-nous être si mal aimables et rejeter les nouvelles arrivées dans notre charmante contrée pour un simple aveu d’impéritie à faire le tri entre personnalités bienveillantes et malveillantes? Nos dirigeants n’avaient-ils pas été alertés et avisés de l’identité des vilains infiltrés par certains services secrets étrangers? On invoque les théories du complot, on convoque au banc des accusés ses habitués? N’est-il pas temps de coopérer et de nous renforcer plutôt que de fabuler?
Enfin, comment appelle-t-on encore les musulmans à -je cite- « se positionner » par rapport à DAECH, à « s’exprimer sur le sujet »? Vous êtes cons ou quoi! A l’émergence de cette mouvance meurtrière qui disait manger avec la cuillère d’Allah’, j’entends la requête, mais enfin à l’heure où nous savons -preuves à l’appui- que leur idéologie est abjecte et bien loin des fondements même de l’Islam, c’est infâme de faire encore l’amalgame!
Pour rappel : – Source Coran Sourate V, Verset 32 « Celui qui a tué un homme qui n’a commis aucune violence sur terre ni tué, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Celui qui Sauve un innocent, c’est comme s’il avait sauvé l’humanité toute entière. » Sourate VI, Verset 151 « Ne tuez pas la personne humaine car Allah l’a déclarée sacrée »
– DAECH : Ressources estimées 2 milliards 300.000 Euros; ressources potentielles à venir reposant sur la spoliation d’oeuvres d’art, leurs exploitations en nature (pétrole, blé, coton) ou en créatures (kidnapping, esclavage sexuel) 220 milliards!
Ca ne vous met pas sur la piste? Affirmez encore que ce qui intéresse lesdits expansionnistes c’est la religion de Mohammad, Ali et compagnie et qu’ils sont des islamistes dérangés, détraqués, cinglés ou je ne sais! C’est délirant! Ce ne sont jamais que des hommes, oui des hommes, je dis bien des hommes, hors de question de leur faire la part belle, de les demi-excuser en les qualifiant autrement, des hommes je disais, avides de sang et d’argent!
Sont-ils braques? Veulent-ils une nouvelle baraque, l’Etat Islamique? Mon « hique »! Ils veulent du sexe et de l’argent, comme vous tous, vous voyez!
Ah je lis, par ci et par là qu’on les drogue avant qu’ils ne se jettent dans l’arène! Déresponsabilisons-les, bien joué! Parce qu’ils se sont retrouvés par hasard au camp d’entrainement en Syrie ou pire chez Jawad à Saint-Denis, à servir le Djihad? Ca suffit ces conneries! Le sexe et l’argent je vous dis!
Ah les Houris, ces jolies vierges du Paradis, aux yeux de perles et aux solides mamelles, quelle douce allégorie! Je vous mets donc au défi de trouver une femme de djihadistes qui soit belle comme une rose…du Paradis. Eh oui, j’ose! Aveu d’impuissance, car le Paradis, telle une romance, vole jusqu’à nos oreilles comme un symbole : il s’agit d’être soi-même parfait, sculpter notre espace à volonté, le changer en un monde meilleur, conduit par notre pureté intérieure.
La vie est beauté Abou Bakr Al-Baghdadi, admire-la, elle est bonne savoure-la, délecte-toi. Et puis mets-toi un peu de musique, je sais ça pique mais danse, entre en transe tu vas voir c’est hypnotique!
Mmmm… J’ai l’intuition que je vais recevoir une fatwa, mais qu’est-ce qu’une intuition si ce n’est que la fugacité des expériences passées?

Pour finir de les énerver, je vais vous raconter une histoire…de la Torah!
Nous connaissons tous l’injonction « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». La torah ajoute « Je suis D’ieu ». Est-ce une joute gratuite qui nous invite sévèrement à nous soumettre? Rabbi Schlomo Ben Itzhak Hatzarfati dit Rachi, brillant exégète et interprète de ces textes commentait cette sommation en narrant :
– Il était une fois deux amis qui s’aimaient sincèrement, puis la vie les sépara, l’un partit s’installer en Israël, l’autre en Turquie; jusqu’à ce qu’un jour, pris d’un sentiment de nostalgie, l’israëlien -qui avait construit son nid et avait une famille- se souvint de son ami si essentiel à sa joie. Il entreprit alors un voyage vers l’Empire Ottoman. Il se fit malheureusement arrêter à la frontière, soupçonné d’espionnage et emprisonner aussitôt. La nouvelle parut dans les journaux locaux, fit même la une et l’ami qu’il était venu retrouver, y reconnut celui avec qui il avait tant partagé. Fort d’une fortune importante et d’un certain pouvoir, il se rendit à la prison pour négocier avec le geôlier qui ne voulut sursoir au châtiment. L’ami turc proposa un arrangement, il prendrait la place du premier le temps qu’il puisse rentrer dire au revoir aux siens et ce dernier reviendrait pour supporter sa peine. Au fond, cet homme si bon offrait à son compagnon une chance de s’échapper et de ne jamais se présenter. C’était se tromper sur sa décence et son intégrité car une fois que ce dernier eût embrassé ses enfants et sa moitié, il rebroussa chemin et revint prendre sa place au cachot. Les deux amis finirent par se battre au nez du geôlier pour rester et libérer son alter ego. Le geôlier fut pris d’affection pour ces deux inconscients au coeur si grand et à l’amitié unique, si authentique. Il les relâcha tous les deux pour leur plus grand bonheur. Rachi alors nous apprend que si vous portez un respect aussi important à ceux que vous dites aimer, Dieu aura également envie de devenir votre ami.
Vous comprenez? Retirez D’ieu de l’équation si vous préférez, regardez cet enseignement comme une illustration, une figuration. Nul n’est besoin d’impliquer D’ieu ni d’avoir la foi pour comprendre qu’un sourire offre le droit à un sourire, pour entendre qu’une bonne action est la plus jolie des satisfactions.
L’espace de ta vie sera le même que tu la parcours en aimant ou en haïssant. Si tu aimes, tu récoltes ce que tu sèmes. Mais si tu invoques D’ieu, non tu convoques D’ieu, par pur égocentrisme, pour accéder à une forme d’éternité dans le temps et dans l’espace par le prisme de celui qui tu ne cesses de déranger, alors sous couvert d’immortalité, tu te bornes à vivre ta morne individualité, pris au piège dans un uniforme étriqué, tel un oiseau en cage banni de l’horizon. Pourtant, comme les plus beaux voyages sont intérieurs, les plus beaux visages sont honneur et valeur, grâce et audace, affranchis de cette contrainte du temps et de l’espace.

C’est notamment pour cette raison que j’ai accordé au théâtre une place au sein de mes passions, puisqu’il s’y trouve que mes pensées y font briller mes yeux, y habillent mon regard d’or et qu’encore elles animent mon corps lui offrant tout un boulevard pour espace de jeu. Oh combien est-il irrésistible et plein de saveur de pénétrer l’espace intérieur d’un être, son écorce, cette force invisible qu’est son esprit!
Ce n’est donc pas un hasard si cette année, les films qui m’ont le plus touchée, emportée voir ébranlée sont : Le fils de Saul et Nous trois ou rien. Il y est question d’espace: le premier en s’autorisant la création de cet espace intérieur que nous référencions, par la projection de ses derniers élans d’amour sur un enfant décédé, qu’il eut été réellement de son sang ou non; le second en élargissant son espace extérieur lorsqu’il en fut l’heure, un bout de l’histoire au service d’une reconstruction, des joies, des indignations, les larmes d’une juste révolte, le courage d’une digne colère, une main à présent tendue vers ceux qui -de près ou de loin- leur ont tant ressemblé, l’audace d’une nouvelle vie gagnée à la force du cœur dont le fil se déroulera désormais avec eux, eux qu’il est si bon d’aimer.

Alors c’est vrai nous sommes menacés et ballotés entre méfiance et alliance, entre prévoyance et défiance.
Oui c’est vrai l’état d’urgence a été décrété mais il a bien été retardé, n’aurait-il pas dû l’être à l’époque de l’affaire de cette tarlouze que l’on cite encore trop, en mars 2012, qui avait lâchement assassiné un papa, trois enfants et trois soldats? Rien n’a été fait! Pourtant, par delà l’effroi que représentent ces meurtres de sang froid, il y avait bien là un affront catégorique à la République, puisqu’il s’agissait de militaires.
Oui c’est vrai, il faut penser à « déradicaliser » comme on l’entend communément, et il faut donc éduquer, mais n’est-ce pas un peu tard? On a beau être bavards à ce sujet, ne reste-t-il plus qu’à ramasser les « peaux » cassés et encaisser? J’ai longtemps pensé détenir la solution en suggérant d’envoyer des émissaires tous les mercredi après-midi dans les lycées en difficulté et autres foyers afin de permettre aux jeunes en mal de devenir de rêver à une autre réalité, leur offrir de se construire un avenir, mais est-ce suffisant? De Gaulle, qui ne porte pas que des trophées sur son épaule, avait judicieusement proposé la création d’un « Ministère de la Politique et de la Jeunesse » afin que plus jamais ne se produise ce qui venait juste d’arriver; les communistes, pourtant parmi les cibles du démon vichyste et autres nazis, ont rendu cet intitulé inéligible pour lui préférer l’appellation de « Ministère de la Jeunesse et des Sports », les pieds dans la tête ou le cerveau dans les mollets, on était mal barrés!
Oui c’est vrai qu’on étiquette au risque de causer le tracas de ceux qui vont perdre leurs emplois: qu’il s’agisse du marquage sur les fruits qui feront perdre leurs profits à tous les palestiniens et arabes israéliens qui travaillent pour lesdites entreprises, ou l’étiquetage de la tronche de nos concitoyens, qui sont désormais traités comme des chiens et placés en marge de la société pour porter la charge d’un teint un peu trop hâlé.

Alors oui c’est vrai qu’on a peur, qu’on est de mauvaise humeur, mais si nous savons que nous n’échappons pas à la règle, si nous devinons qu’ils recommenceront, alors opérons comme tous nos jeunes voisins du monde, qui recèlent le mérite de l’intelligence et de la juste insouciance, qui se rebellent en dominant l’espace, un espace de liberté et de bonté.

C’est mon voeu, soyons comme eux, faisons de tout un régal car ce tout c’est notre espace vital!

J’en profite pour féliciter Abou Lbarae Kahtani, cinquante et un ans il y a peu, qui vient de prendre la main (euh non il ne lui a pas coupé pour l’instant) je veux dire d’épouser la belle Hind Nawaf, six ans. Pour Rappel, l’Arabie Saoudite siège à la Présidence de la digne Commission des droits de l’homme de l’ONU. Ben oui, pourquoi pas?
« Si j’avais su, j’aurais pas venu ».
Bonne soirée.

Le monde change, les choses changent, les gens changent…

Faut-il réellement attendre d’être blessé pour changer?

Lors d’une récente conférence à laquelle j’eus la chance d’assister, l’un des participants, invité à se positionner quant à l’accueil des migrants, déclara ce qui suit avec une simplicité épatante et un réalisme sans écueil.
En substance, il disait que l’arrivée des réfugiés -qu’ils bénéficient d’un statut protecteur ou qu’ils forcent la porte d’entrée- est une fatalité, un événement acté et jamais qu’une amorce à un mouvement inévitable et destiné à s’amplifier. Les tracas, le climat, les guérillas et puis mince le sens même de la globalisation des compétences en nourrissent l’appétence!
Face à cela, deux réactions sont envisageables : préférer le rejet, le repli et la peur, espérer qu’on les évince ou au contraire souhaiter que tout cela réussisse, faire preuve de solidarité, leur offrir un peu de bonheur, leur servir à manger et leur ouvrir notre cœur. Il s’agit de faire honneur à l’humanisme, courant dont nous nous revendiquons les instigateurs, de Voltaire aux Lumières, de la Renaissance à la tolérance avec un soupçon de confiance.
Vous ne serez pas étonné de lire que le dit intervenant était médecin sans frontières, mais doit-on vraiment être un individu remarquable pour sourire aux nouveaux venus?
Je n’en jetterai pas plus, vous m’avez entendue.

Ou alors, peut-être craignez-vous de vous faire manger tout cru?

Les chauffeurs de taxi crient au scandale lorsqu’Uber crée du progrès, les commerçants hurlent au vandale lorsque la toile les met à poil, même les éditeurs se font défroquer par ce sale con de 2.0.
Le livre audio, le podcast, la bouteille d’eau sur l’accoudoir, le prestataire enthousiaste, Amazone, même l’effet abrogatoire, tout y est pour que l’on te détrône en moins de temps qu’il ne t’en faudra pour être jugé, pour rembourser ta licence, rembourser ton brevet ou ton prêt, tout y est pour que tu deviennes si vite obsolète qu’il ne te reste plus qu’à faire l’aumône, des claquettes ou la queue aux Assedic!
Eh, ne soupire pas hein, c’est ça la modernité, il faut souffrir pour y avoir accès! Ca aurait pu être pire, alors sois sage tu veux? Arrête de râler et mets-toi à la page si tu ne tiens pas à faire partie du prochain abattage médiatique!
C’est vrai, elle est compliquée cette époque, davantage encore pour les anciens. N’allez pas croire que je me moque, pour moi aussi parfois c’est dur, je vous l’assure! Moi aussi d’aventure je me sens cagneuse et poussiéreuse!
C’est une révolution que nous vivons et -telle est sa fonction- les choses se modifient toujours à vive allure et les privilèges s’enfuient ou changent de mains du jour au lendemain.

Pourtant, vois-tu, à moi -jeune femme en devenir- ce constat ne m’inspire ni affolement ni tourment! Non… Il faut simplement savoir changer de nature quand change la conjoncture, bouleverser ses habitudes et même ses certitudes, explorer et en somme s’adapter, courir au-delà des continents et s’y construire un empire, sans pour autant qu’il ne s’agisse de prouesses mais bien de la jeunesse.
Tsipras le sait : un coup de poker et -l’audace à son service- il a bien titillé notre Chère Mère, l’Union Européenne (qui elle non plus n’est plus celle de ses Pères) et à défaut d’être prospère, il a « a minima » battu le fer.
Non… Moi, ce qui m’effraie ce n’est ni déménager, ni réformer, ni même altérer l’ordre existant!
Moi ce qui me met en émoi, c’est de contempler l’humanité, d’être le témoin de sa destinée et de ne distinguer plus au loin qu’une noyée.

Partout autour de moi, l’amour a laissé la place au fanatisme et l’altruisme au mutisme. Je parcours les réseaux sociaux à la recherche d’un peu de bonté et je n’y pêche que des supputations nauséabondes, d’immondes inductions en provenance de confortables et malaimables réactionnaires. Mais pour ce qui est de l’action, je repasserai…

On ne se lasse pas de remuer nos institutions, mais à quoi bon? Honoré de Balzac disait déjà de la France, qu’elle est un pays qui se plait à changer de gouvernement à condition de lui substituer son équivalent. C’est peut-être pour cela qu’elle sent le rance…
La clef est pourtant à nos pieds, il nous suffirait de nous pencher et de la ramasser, l’amour est là, derrière la porte de secours! Le contre-pied heureux aux instincts voraces et belliqueux qui secouent les ânes et contaminent les âmes, ce contre-pied se trouve dans la masse. La solution c’est l’éducation!
Changeons de maître! C’est nécessaire si nous ne voulons pas risquer de nous retrouver dans la DAECH (si elle est bien)!
A moins que cela soit ce que nous désirions pour nous-même : une vie de chien, à la botte de ceux qui répandent de fausses prêches et agitent une mascotte, pour que s’exhaussent leurs propres volontés, cupidité et souveraineté.
Changeons de maître! Apprenons à apprendre, à lire et à s’ouvrir! Soyons tolérants, humbles et indulgents. Critiquons le monde pour le faire avancer et non parce que nous le jalousons.
Changeons de maître! Changeons en nous ce que nous voulons changer autour de nous, même s’il nous faudra alors plus de courage que d’attendre que passe l’orage.

Je ne prétends pas que c’est facile! C’est difficile! Tempérer son caractère, ce n’est pas une mince affaire, c’est vrai, mais cela pourrait être si salutaire! Une sorte de conscience vive, d’expérience collective.
Oh ne va pas te cacher derrière tes déguisements ou un faux-semblant, ne masque pas tes traits ni ne grossis tes attraits à l’aide d’un bistouri, ne soustrais pas ton venin de l’oreille de ton prochain en enveloppant tes mots dans les ailes d’un oiseau, car quand le cœur est mauvais, rien ne peut le changer!
Si tu te décides à être bon, alors change de perception et emporte avec toi les gens de bonne foi! Et à défaut de pouvoir changer le passé, pardonnons à ceux qui nous ont offensé, vieillissons dans la dignité et apprenons à aimer, avant que quelqu’un d’autre ne soit blessé.

Avec l’espoir de changer le monde…
Un crieur des mots du coeur

Mensonges et séduction

Ca ne fait pas de doute, cette locution que l’on redoute tant, on y goûte pourtant quotidiennement.
Et on en redemande!

C’est vrai, mais qui peut prétendre ne pas en être friand, quand notre tendre société trouve ses racines dans les querelles et la félonie, les légendes et la calomnie, l’épine à partir desquels nous nous sommes construits.
Dès l’origine… Au sein du corpus que compose la Bible, est consigné en simple prose : « l’homme n’est que mensonge ». Ca calme, n’est-ce pas?
En sus, la Bible mérite la palme de la franchise, car si j’ose l’indicible, je dis alors que ceux des textes sacrés rédigés de la main de l’homme, sources de toutes les philosophies, sont peut-être un vaste canular. Je me demande encore comment une variété de communautés a pu se conformer à foule d’axiomes sans s’arrêter sur cet énoncé? Et croyez-moi, je ne déclare pas tout cela sans émoi, car croyante que j’essaie de rester, eh bien cela me fout les boules!
Mais ce n’est pas le sujet. Revenons à nos moutons.

L’histoire est la mémoire de prise d’armes, de nombreux vacarmes, et de malheureux sous l’emprise d’inventions et de trahisons.
Ce n’est pas l’apanage du passé, nous n’allons pas mieux et Monsieur Perfide a pris de l’âge et un soupçon de modernité, mais il continue de nous coudoyer.
Au rang des exemples les plus fameux : la politique bien sûr, temple d’utilisation de la rhétorique, de manipulation des statistiques, de l’auto-contemplation aux fins d’élections, des promesses sans prouesses… Une savane habitée par des imberbes narcissiques, où les mauvaises herbes poussent aussi vite que leurs névroses, où le mensonge fane plus rapidement que la rose puisqu’un nouveau bateau l’éponge, une savane où la vérité ne voit le jour que pour éclabousser. Voici un monde où même le plus joli des idéaux sert de parure à l’imposture : j’ai nommé le socialisme…
Mais est-ce monopole d’Etat? Sûrement pas…

Par exemple, les médias relaient l’information sans vérification et nos réseaux sociaux ne sont pas un facilitateur d’authenticité, ni un inspecteur de la vérité… Pis encore, ces deux cadors de la communication sont à la tête d’une entreprise de leurres organisés, une véritable discipline, des vendeurs de vitrines qui reflètent ceux qu’ils souhaitent ou plus rarement ceux que nous désirons.

Même nos sens nous bercent d’illusions : qui n’a pas une fois été horrifié en entendant sa voix sur un répondeur la pensant sensuelle à libre oreille, qui n’a jamais été alléché par un diffuseur d’odeur et a trouvé une insipide saveur, qui n’a pas adulé une image et intrépide a voulu la rencontrer pour estimer son plumage mais s’était fourvoyé? Et que dire encore du chanteur qui meugle et peut bénir son ordinateur…

C’est vrai, nous sommes d’aventure trompés, mais c’est bien alors parce que nous sommes par nature de sacrés enjôleurs. L’humain ment aux fins d’envoûtement, il manœuvre pour se rendre plus aimant au moyen de boniments, il imagine, il fascine, il porte en lui l’obsession de la séduction et son œuvre de manipulation en est l’outil récurrent.

Quant à moi, jeune femme désillusionnée, dont le cœur a souvent été atteint par ces tricheurs, mauvais prestidigitateurs, magiciens d’un quart d’heure, me voilà réparée et je veux bien vous raconter…

J’en ai connu des flagorneurs, le parfait lécheur pour être crue, qui flatte et commet des abus à l’aide de tirades plates -pensant à tort qu’il t’endort- dans le seul et unique but d’être reconnu.
Mais plus encore, j’en ai pratiqué des fabulateurs de la première heure, à tendance schizophrénique et à déviance quasi autistique.
La meilleure que l’on m’ait contée est l’histoire de cette jeune fille -la malheureuse- amoureuse d’un grand gaillard, massif tel un jaguar, vif tel un renard, qui souhaitait simplement passer le weekend avec son bien-aimé. Mais celui-ci dut décliner, soumis à la violente contrainte de se rendre Outre-Manche pour affaires. Il rentrerait dimanche, il atterrirait à six heures et demie et ils se rejoindraient chez lui aux alentours de sept heures et demie. Il avait « hâte de retrouver son amour! ». Avouez qu’il faudrait vraiment être suspicieuse pour soupçonner une feinte et elle était si confiante. Elle arriva donc chez lui à sept heures et demie, Monsieur était bien là, mais habillé d’une simple robe de chambre, recouvert d’un parfum à l’ambre et accompagné de trois ou quatre pompiers. Il avait passé la journée là, avec une demie-catin (ne me demandez pas ce que c’est, je n’ai pas le temps de vous expliquer) ils s’étaient préparés un bon bain qui avait inondé les voisins d’en bas. Désagréable coup du sort, beaucoup de remords pour notre Dédale et une jolie fable pour les petits porcs et autres roulures : « même dans le mensonge, mesure il faut garder! ».
Bon d’accord, cette jeune fille pleine d’innocence, qui soudain entendait sonner la fin de son adolescence : c’était moi…

Ne vous apitoyez pas, la vie endurcit, elle m’a appris à devenir radar : rien n’échappe plus à mon regard! Seule mon humilité m’encourage parfois à transiger, à condition toutefois que le kefteji me soit servi avec habileté; car si j’accepte d’écouter des conneries, je déteste l’approximation! Apprenez : si vous voulez être de bons conteurs d’histoires, évitez les moues à effet accusateur et assurez-vous de posséder une sacrée mémoire, car le bobard attache, il entraine un autre bobard, puis encore un autre bobard et ce à l’infini; et si vous perdez le fil, alors il ne vous restera plus que l’exil pour parer l’infamie!

Pour ma part, je ne crains plus que le mensonge dont je crains la vérité en retrait et je dois bien concéder qu’il arrive qu’ignorer soit tranquillité, un foulard posé -délicatement mais efficacement- sur une vérité qui me ronge.

C’est cette éponge que passent sur leur conscience ceux que l’obédience, l’âge ou le vrai visage tracassent et qui finissent par se mentir et croire à leurs propres délires. J’ai beaucoup aimé une femme dont l’âge approche plus de celui d’une dame et qui n’accepte pas de vieillir. Elle m’a séduite…oh si, les femmes savent adopter une telle conduite, même entre elles : à coup de « ma belle » et confidences malheureuses allouées à une âme généreuse, c’est gagné d’avance! Elle m’a séduite pensant, à mes côtés, s’approcher du prince charmant, un prince charmant de vingt ans son cadet, un prince pas si charmant qui a fini par lui fixer rencard un soir à une heure du matin pour la laisser poiroter sur son canapé, manteau sur le dos, sac à main sur les cuisses, un prince pas si charmant qui n’est jamais venu la chercher, me forçant à assurer en coulisses… Combien de chagrin ai-je eu ce soir-là, mais combien plus encore quand j’ai réalisé que plus jamais elle ne me rappellerait, puisque je ne lui servais plus…à rien!

Oui… même nos amis nous mentent. Rarement par détournement d’informations, plus souvent par des faux-semblants dans le prisme d’un certain égocentrisme : la volonté égoïste de prendre ce qu’il y a prendre, ton avis et ta bonhomie, en évitant soigneusement de te le rendre par une tendance absentéiste. Et puis finalement, font-ils réellement allégeance en mon absence comme ils m’encensent en ma présence?

Enfin… moi non plus je ne suis pas toute blanche et il est arrivé que je flanche.
Ah oui parce que j’ai su que vous, les garçons, êtes convaincus que nous, les femelles, ne sommes pas des professionnelles de la trahison, tout du moins pas à votre niveau! Eh bien, vous me voyez désolée de balayer vos superstitions rassurantes, objet d’une commune adhésion arrangeante, mais c’est faux!
Il faut vous réveiller, les temps ont changé! Tout comme la damnation, l’excommunication n’est pas un frein à la commission de vos vilaines actions et ce même quand vous vous recommandez fréquemment de Dieu Messieurs, la morale n’est plus la malle enfermant la vilaine part d’âme de vos dames! Je dirais même que vous semblez oublier que le stade ultime de séduction -celui qui vous plonge dans les abîmes de la fascination et vous pousse à accepter leurs mensonges sans les remettre en question- que l’alliance de la suggestion, forme d’intelligence-prouesse et d’un visage tout en délicatesse ne peuvent être que l’apanage de vos douces. Alors si a fortiori, elles s’affranchissent des idéologies moralisatrices, comment avaler que jamais elles ne vous trahissent?

Alors oui, moi aussi j’ai menti, mais quand je l’ai fait c’est parce que j’aimais, j’aimais sincèrement, tellement que je ne pouvais imaginer blesser sur le fondement d’une entière vérité, d’une intégrité atteinte de cécité, agitée sans sagacité, sans subtilité…
J’ai menti par espoir, celui qu’un soir l’on vienne me délivrer de tous ces rêves noirs, de mon entonnoir.
J’ai menti parce que la vérité sonnait faux, elle n’aurait pu trouver les mots pour exprimer ce que je ressentais.
J’ai menti en disant que j’avais pardonné alors qu’il m’est impossible d’oublier.

Et puis un jour, j’ai rencontré un ange, un ange qui jamais ne triche même si cela dérange, un être pur qui conçoit l’amour et la joie avec simplicité et honnêteté sans attendre un retour, une créature riche, riche de ses valeurs et de son ardeur, une personne d’exception qui a fait exception.
Sans même approcher mon corps, il m’a apporté tout le réconfort dont mon cœur avait besoin. De loin, il a rendu mon esprit plus fort et m’a réappris le bonheur.
Alors petite feuille, comment veux-tu que je t’en veuille? Et même si la vérité nous éloigne, que notre lien témoigne que nous avons construit la plus jolie des amitiés! Et ça, rien ne nous l’enlèvera.
Vole de tes propres ailes mon hirondelle!
Je ne te remercierai jamais assez, si ce n’est qu’en étant là pour toi pour l’éternité, en te souhaitant ce que tu sais mais que tu détestes discerner, car nous, les tiens, ne sommes pas sensibles à ta sensibilité, certes, mais nous sommes tes gardiens imprescriptibles.
Quant à moi, je te promets de m’assurer que jamais ma vulnérabilité, mes peurs, mes chagrins, mes appels au secours n’encombrent mon chemin vers le bonheur et d’avancer toujours avec ton ombre dans mon cœur.

Dieu est Charlie

Après David Bowie, voilà que c’est la Rock Star de l’économie, Thomas Piketty, qui refuse la légion d’honneur, pour lui préférer un bras de même qualité à destination du gouvernement, chatouillant par conséquent rancœurs et frustrations de ses ennemis, le qualifiant hâtivement de vantard.

C’est ainsi que démarrait le texte -ladite distinction comme prétexte au traitement de la large question du mérite- source d’induction, que je m’apprêtais à achever en cette matinée du 7 janvier dernier.
Il va sans dire que le récit du carnage m’interrompit prestement dans mon entreprise, paralysant l’aboutissement de mon projet ainsi que toute autre activité et ce pour les quelques jours qui suivirent…

On me l’a demandé à plusieurs reprises, mais je m’étais refusée à m’exprimer sur le sujet, ne me sentant pas la légitimité de me déclarer porte-voix d’une société aux prises avec un profond désarroi.
Puis, j’ai réfléchi… Je me suis reprise : pourquoi ne pas l’aborder à ma façon? Après tout, je suis juive, journaliste à mes heures et surtout incisive, artiste dans mes mœurs et flic dans un bout de mon cœur, fille d’un fan de Georges Wolinski de premier rang, auteur de « la plume au fusil » et j’en passe et des meilleures. C’est dire combien j’ai toujours pensé que le trait de crayon, le verbe même acerbe, la caricature, le sens de la tournure, la protestation et les représentations, en bref l’expression est la plus efficace des armes; c’est dire combien je me sens directement concernée par tout ce vacarme…

Bien sûr comme vous tous, j’ai mal!
J’ai mal à ma France et mal à mes espérances.
J’ai mal pour les familles des personnes disparues.
J’ai mal pour mon pays à moitié dissolu, avide d’intolérance et de vengeance détournée du sujet, qui beugle et frappe à l’aveugle, qui se fait de la peine et se dirige vers Marine Le Pen.
J’ai mal d’entendre les théories complotistes et révisionnistes se répandre comme un virus sans un soupçon de distinction et sans une profonde vérification de l’information.
J’ai mal de surprendre les légitimations nauséabondes de telles actions, même si comme vous je sais que face à une telle réalité, vivant dans un sept mètres carrés entourée d’ânes bâtés, je cèderais sans doute à la tentation d’un Djihad détourné de ses premières revendications, de sa première acception, dont les propagandes mensongères me vendent villas de rêves, entraînements militaires et à la clef le paradis, répondant -et c’est là toute l’ironie- à mes prières et à mon instinct de survie.
J’ai mal enfin de me dire que nous sommes en guerre et plus mal encore de vous lire le nier, car se souvenir des otages, c’est arrêter de se cacher le visage.

Et puis bien sûr comme vous tous, j’ai la frousse!
Je les vois les héritiers des Kouachi et autres Coulibaly, de leur folie et peu importe qu’ils se revendiquent d’Al Qaida ou de leurs propres tracas.
Je les perçois les prochains Mohammed Merah qui feront d’Allah ce qu’il n’est pas, qui tenteront de salir ses mains du sang des peuples qui ne sont pas le sien.
Je le prévois le futur Medhi Nemmouche qui s’en prendra à nos infrastructures avec sa haine du juif pour couverture, à l’instar de Dieudonné.
Alors tant que je respire, je vais continuer à l’ouvrir, ma bouche… Fatwa ou pas!

Je ne vais pas m’improviser analyste -d’autres l’ont fait avant moi et sans doute bien mieux que moi- ni spécialiste des actes terroristes ou par extrapolation (maladroite mais toutefois intentionnelle) des religions.
Quoique… Permettez-moi de vous rappeler que nos textes spirituels sont tributaires de l’histoire : ainsi, les dispositions guerrières et non sanguinaires auxquelles se réfèrent nos pépères sont étroitement liées aux croisades de la fin du onzième siècle et encore que ceux-ci oublient que le Coran, à l’instar de la Torah et du nouveau Testament sont des codes de vie en or à condition de les étudier à l’aulne de la raison.

J’en profite pour faire un petit coucou à la journaliste Léa Salamé qui ose déclarer que le Talmud -compilation des discussions rabbiniques à propos des lois judaiques, destinées à trouver une fragilité dans le texte à l’opposé de toute forme de rigidité dans la compréhension desdits écrits- enjoint de tuer les musulmans, quand l’Islam n’est apparu que pas moins de quatre siècles après son achèvement… (Le Talmud est complet en 200, l’Islam apparaît après 600 : Mahomet naît en 570, l’ange de Dieu lui apparaît en 610.)
Coucou…
J’ose mentionner également deux versets de la Torah (parmi de nombreux) -sans la numérotation, les yechivistes y pourvoieront- qui, pour l’un interdit formellement de tuer, venant confirmer le sixième commandement et mieux encore, par extrapolation, de toucher au corps que D’ieu nous a livré à nous et à nos co-vivants, pour l’autre astreint fermement au respect de l’être humain et de ses croyances, quelque soit son obédience.
Enfin, j’évoque la « loi du Talion » car pour ceux qui l’ignoreraient, l’adage « œil pour œil, dent pour dent » fait référence à une compensation en finance qui à l‘époque était sans équivoque…

Je ne serai donc ni analyste, ni spécialiste, ni encore juge arbitre, mais procureur de la République, défenseur d’un monde civique et au risque de vous choquer, j’appelle Dieu à la barre! Cela vous semble bizarre? Vous pensez qu’il faille que je tremble pour oser porter D’ieu sur le banc des accusés? Ou simplement faudrait-il que je me fasse soigner pour l’humaniser et l’inviter à témoigner? Bon, d’accord, vous n’avez peut-être pas tort, mais accordez-moi de m’expliquer!
Bien, de toute évidence, Dieu n’a jamais pu concourir à l’obtention du Prix Nobel de la Paix. Voilà qui fréquemment me taraude : comment se fait-il que Dieu ait laissé ses enfants s’entretuer sans jamais appuyer sur le bouton arrêt, ni même présenter ses condoléances? Nous qui pensions qu’il n’était que bonté, nous aurions-nous trompé? S’agissait-il d’une idée reçue? Non, je ne peux pas l’accepter! Dieu aurait donc des défauts? Nous l’aurions donc idéalisé? Oh et puis dommage, nous n’allons même pas pouvoir nous inscrire en faux car Moïse nous avait prévenus « Et il créa l’homme à son image »… Quel cauchemar!
Blague à part, c’est vrai que cela me tourmente, pourquoi laisse-t-il s’appauvrir, souffrir ou partir des âmes intelligentes, bienveillantes ou innocentes? Pourquoi se laisse-t-il prier, adorer ou encenser par des assistés, des arriérés ou des meurtriers?
N’est-il pas animé par la même morale que nous autres? Préfère-t-il les codes du règne animal à notre humilité, notre sagacité? Est-ce que Dieu jette sur terre des âmes comme des idées au service de tout un programme sans se soucier de leur sérénité ici-bas? Quelle foi faut-il alors avoir en l’au-delà pour accepter d’être ainsi un pion de son jeu de l’oie, quelle conviction que le paradis vaudra bien notre vie de chien ou notre triste fin faut-il nourrir!

A tous ces flottements, à tous ces énervements, tous ces échauffements, ma meilleure amie me répond souvent par une phrase qui pourrait faire le titre d’un film « il nous a laissé le libre arbitre ». Et -oh mon Dieu- ce qu’elle a raison! Pour y objecter, c’est la seule et unique façon. « Aide-toi et le Ciel t’aidera » affirme le Nouveau Testament. « Dieu aime ceux qui persévèrent » confirme Mahomet. « Allez, sème, sème et Dieu fera pousser » homologue Léon Tolstoï. Voilà le prologue : Dieu propose, l’homme dispose. Dieu compte sur nous et qu’est-ce qu’il doit avoir peur de nous… De moi avant tout, regardez, je ne le convoque jamais que face à l’effroi!
Et pour ceux qui ne croient pas en lui, est-ce à dire que tout est permis? Mais non, ceux-ci seront mus par leur « moi » à la lumière de leurs expériences, leurs émois à celle de leur conscience. Il est là Dieu dans la vision philopsychanalytique et nous autres croyants devrions avoir une vision identique : trouver Dieu en soi et arrêter de l’invoquer, de le déranger, car son nom a déjà trop servi et pour reprendre un Grafitti de Mai 68 « Si Dieu existe, c’est son problème! »
Laissons le champ libre au mérite.

A ce sujet, j’ai bien compris le jeu et je me prends assez souvent pour Dieu.
Au lendemain des terribles attentats, je me promenais à Saint Germain et assise au sol, une petite fille dans les bras, une dame à la fleur de l’âge me tend la main pour une pièce de monnaie. Me prenant pour Dieu donc, j’ai édicté une règle : je donne à tous ceux qui ne seraient plus en âge de travailler ou qui semble-t-il ne pourraient pas obtenir leurs papiers, a contrario, j’ignore tous ceux qui me semblent instrumentalisés puis spoliés par un réseau et il va sans dire que je classifie chacun de façon tout à fait arbitraire… Je passe donc avec mes talons et mon regard profond comme carapace à mon évidente culpabilité et arrivée à son niveau -coup du sort- je me tords la cheville. Par mysticisme ou par embarras, je décide de lui donner cinq euros et la réaction de la petite fille a provoqué un séisme en moi : soudain, elle a souri, les yeux lumineux de bonheur puis a serré sa maman contre son cœur en lui glissant à voix basse « tu as vu maman? Un billet! » « Oui, j’ai vu ma chérie » -a répondu sa maman- « Merci Madame »…
Voilà… « Le Monde -malheureusement- récompense bien plus souvent les apparences du mérite que le mérite lui-même ». Mais ne vous découragez pas, continuez à travailler pour mériter les honneurs, car le sentiment de les valoir ajoute tant au bonheur de les recevoir! La considération, les distinctions et la gloire ne nous sont dignement advenues que pour faire écho à notre vertu.
Vous vous demandiez pourquoi je vous citais au début de ce thème, les premières lignes de mon article éconduit? Eh bien voici que la modestie de Piketty est a posteriori encore plus révérencieuse et preuse que la légion a été allouée quelques jours plus tard, post-mortem, aux héros de la nation. En espérant que la postérité rendra autant d’honneurs à ceux qui sont vénérables que de déshonneur aux abominables égorgeurs, aux inqualifiables tueurs.
Et si Dieu est assis sur le trône de la Miséricorde, à défaut que la justice -sur terre bien sûr- ne soit dans ses cordes, je suis sûre que Dieu est Charlie, que Dieu est Hyper Cacher ou encore caissier et policier et qu’aujourd’hui, il n’est plus que la moitié de lui tant il pleure pour ses enfants et attend d’eux qu’ils redeviennent méritants.

Et si Dieu c’est toi, alors crois-moi, être grand, c’est encore plus important.

A travers nos yeux d’enfants

Un soir de pluie, après une journée mortelle où l’on s’était attaché à récolter jusqu’aux dernières gouttes de ma cervelle au pressoir, me laissant comme ivre et alors que je m’apprêtais à me jeter dans mon lit avec un bon livre -mon délassement favori- voilà que retentit la sonnerie de mon vieux Blackberry.
Au bout du fil -comme on continue à le dire quoique le fil ait usuellement partout disparu, permettez-moi de m’en amuser- Yacine Yousfi, l’un de mes fascinants amis : âgé d’à peine vingt trois ans et déjà tellement de couleurs sur sa palette, il donne entre autre de son temps au profit du bonheur et de sa conquête.
Parmi ses projets divers et variés, en voilà un qui selon lui pouvait bien m’intéresser : de concours avec le porte parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, un savant partisan de l’humanisme qui ne supporte pas la muserolle et de surcroit un type peu banal, Yacine avait eu cette idée folle de pousser la porte des écoles pour tâcher de mettre un petit coup de pied dans la fourmilière, obstruée par de grossières toiles d’araignée.
Partant de l’honnête constat que les professeurs ne quittent jamais l’université que pour intégrer directement les rangs de l’enseignement, leur mission d’orientation des enfants en quête de devenir et pour l’heure contraint de choisir à la hâte est dès lors une délicate délégation aussi précieuse qu’épineuse, compliquée et tout à fait inadaptée à défaut que ces professeurs ne possèdent une quelconque expertise en matière d’entreprise.
Alors, afin de leur offrir de quoi se prononcer et par suite renoncer à tant de métiers au profit d’un seul, celui qui sera coopté, nous convenions du fait qu’il faille que les étudiants -hésitants puisqu’ignorant l’existence et de surcroit la cadence de nombre de professions et parfois donc en mal d’avenir (vous savez, ceux que l’on nomme les racailles!)- soient éclairés et en somme réellement en position de déterminer ce qu’ils veulent.
Le fameux « stage en entreprise » est une première enjambée vers l’accomplissement de ce joli vœu. Mais pour la majorité, ce n’est jamais qu’un mirage laissant un arrière-goût amer au fond du palais. Combien peu seront admis chez un baveux et combien nombreux devront balayer les cheveux?
Alors, pour pallier cette injustice, oeuvre démoralisatrice, Yacine, tel un guerrier-justicier, se proposait de se rendre dans les lycées de banlieues, dans des quartiers dits défavorisés en période de vacances scolaires, épaulés de partenaires et de tenter d’écarquiller les yeux des quelques bien heureux qui suivraient le programme d’initiation qu’il s’apprêtait à leur concocter. Quelle belle âme! Pour l’heure, il s’agissait majoritairement de gamins placés en foyer sous le commandement d’éducateurs bien souvent peu volontaires voire quasiment démissionnaires. Alors évidemment, j’ai accepté sans tergiversation d’apporter ma contribution à ce projet plein de cœur et porteur des valeurs que devrait prôner tout républicain.
Menu de la semaine : Lundi exposé des réjouissances et faire connaissance. Mardi visite dans Paris des Invalides, du Ministère de la défense, du Ministère des affaires étrangères, d’une exposition photo, puis déjeuner avec le porte parole de ce dernier ministère, enfin assister à une conférence tenue par Monsieur Laurent Fabius à propos de la maladie d’Ebola et de ses conséquences. Mercredi ma partie, un cours, comment rédiger un article, puis composition à leur tour « regarder l’actualité à leur âge c’est…? », qu’est-ce qu’être notaire, droite ou de travers, bloggeuse, heureuse, malheureuse, dans un bureau ou en déplacement pour le boulot. Jeudi reportage photos. Vendredi une journée pour débriefer et se quitter sans frustrations.
Mercredi donc, démarrage sept heures…la tête dans le cirage… Huit heures, première pression du pied sur l’embrayage. Puis, un peu plus loin sur le chemin, briefe… se voulant préventif ou peut-être même prévenant mais légèrement apeurant « attention, ces enfants peuvent être turbulents! » m’apprend-on.
Neuf heures, accostage et à ma grande stupéfaction, me voilà arrivée face à des jeunes gens totalement effarouchés, non loin d’être paralysés. A mon tour décontenancée par leur timidité inattendue, je dus me recentrer rapidement et tenter de réaliser au préalable et en un temps court un pari difficile mais qui -lorsqu’il est gagné- établit un lien formidable : celui d’anéantir la méfiance de ces enfants, conquérir leur confiance et la plus belle des victoires, nous sourire.
J’avançais dans le noir, d’accord, mais il était hors de question d’y surseoir.
Après avoir tenté tout un tas de questions à la con à propos de leurs activités extra scolaires, de leur épopée « d’hier », c’est tout bonnement l’un des enfants qui eut pitié de moi et vint à ma rescousse, avec une interrogation aigre-douce : « Madame, j’ai lu dans votre biographie que quand vous aviez notre âge, vous projetiez d’être tueuse à gage, expliquez-nous! ». Aïe… quel carnage! Merci pour le coup de pouce! Mon sang ne fit qu’un tour, mais il fallait bien que j’évite pagaille et surtout contagion de mon déraisonnable humour : « Milène, tu vas comprendre, quand j’étais une enfant, l ‘injustice est un péché que je ne pouvais tolérer et je tenais plus que tout à le faire entendre, j’imaginais qu’il était concevable d’éliminer les minables pour ne laisser exister que les personnes affables, un peu à l’image de Robin des Bois, tu vois? Mais en grandissant, j’ai appris heureusement que tout un chacun recèle du bien et qu’il est toujours envisageable d’attirer vers le bien! Voilà quelle était mon ambition, je la réalise en écrivant. » Ouf!
A son tour, une bien jolie demoiselle que ses jeunes amis appelaient « la rebelle » me demanda : « Et vous, Madame, quand vous ne travaillez pas, vous faites quoi? ». Les enfants furent tous étonnés et encore plus fascinés de m’entendre citer le théâtre et davantage alors, la boxe. Une occasion rêvée de leur expliquer que lorsque notre ramage ne se rapporte pas à notre plumage, nous devenons des êtres positivement intriguant et peut-être même de qualité. En avançant cet argument, vous pensez bien, j’ai gagné l’intérêt de ces enfants en quête de non-conformité, légitimement puisque voilà qu’ils vivent dans une société dont ils sont si facilement et sans cesse rejetés, si ce n’est du « process » déroulé pour les prises de décisions qui les concernent, a minima du cycle de consommation, faute d’y avoir accès pour des questions tout à la fois de proximité que de porte-monnaie.
Alors oui, j’ai souhaité piquer le bout de leur nez, de telle sorte à ouvrir la porte, celle de la communication sur le fondement d’une communauté d’originalité et de gaieté, mais je ne les aurais jamais induit en erreur, simplement pour m’épargner une journée de malheur; je pensais plus que profondément ce qu’à cet instant je leur proposais! Car, discipliner un enfant ce n’est pas le rendre conforme, non, la conventionalité n’a jamais payé, chacun doit déterminer son orientation en considération de son passé, de son propre sens et de ses sens, de son histoire, de ses mémoires, et s’il a chance d’en porter, de ses espoirs. L’éducation devrait consister à comprendre l’enfant tel qu’il est, sans lui imposer notre propre acception de ce que nous considérons comme bon, notre propre vision de ce que nous souhaiterions qu’il soit, parce que nous-même nous l’avons été ou –pas moins névrosé- de ce que nous n’avons obtenu pour nous et voudrions projeter sur nos bébés, à l’aulne de nos regrets.
Et puis un enfant –retenez-le bien, vous, les grands- un enfant doit être un insurgé, un enfant doit se révolter, doit se brûler, il ne doit pas avoir une vie rangée. Vous pensez que votre avis l’instruit? Voyons…soyez raisonnés! Nos enfants n’apprendront jamais mieux que de ce qu’ils auront expérimenté, eux, ou contemplé chez les plus vieux. Bien évidemment, cela vaut encore plus fort pour ces enfants esseulés, souvent abandonnés par leurs parents et traînés dehors, sous l’emprise de leurs aînés pour être spectateurs de sottises et s’imaginer que c’est à cela qu’ils sont prédestinés. A défaut d’avoir les bras de maman ou papa pour se reposer, à défaut de trouver des rêves dans leurs draps, à défaut même de posséder une chambre à ordonner, il faut leur offrir des sourires et un avenir à construire. Napoléon Bonaparte affirmait qu’un enfant « est l’œuvre de sa mère » eh bien moi je pense qu’il est l’œuvre de ses paires.
Bon, je vais tenter de calmer le ton. Tempérons, tempérons! En effet, c’est à ce moment précis que j’ai saisi toute la difficulté d’enseigner. Comment un professeur peut-il s’adapter à la spécificité de chacun de ses petits auditeurs? A fortiori, dans des classes de trente parfois quarante… Comment lui reprocher d’oublier un ou deux cas particuliers, de les laisser se fondre dans la masse?
Revenons à nos moutons, je me suis donc efforcée de leur expliquer comment rédiger un papier, puis ai terminé par : « en guise de conclusion, mes enfants, vous êtes autorisés à livrer votre propre idée sur le sujet que vous choisirez de traiter ». « C’est vrai Madame, on peut écrire tout ce qu’on désire? ». Mais pourquoi était-il si surpris?…
Ils se sont livrés volontiers à l’exercice. Certains ont un peu rechignés à commencer mais une fois concentrés sur leur billet, ils s’appliquaient avec délice et un soupçon de malice qui me comblait. Je leur ai prêté main forte, je suis allée m’accroupir aux côtés des cadets ou de ceux qui semblaient avoir besoin qu’on les supporte. Puis, lorsqu’ils eurent fini, j’ai pris le soin de les faire lire, un par un, leur récit et je les admirais, fiers de leurs écrits… On aurait pu me faire boire un élixir que je n’aurais pu ressentir une telle émotion! Leur satisfaction était si belle à mirer, leur énergie, leurs avis étaient plus justement éclairés que je n’eus pu même le concevoir. Et là j’ai compris… J’ai compris qu’il n’y a pas de plus noble intelligence que dans l’enfance : cette faculté de résolution des équations pourtant nouvelles, cette capacité d’assimilation, ce bouillonnement vigoureux et cette vitalité, si belle, n’appartiennent qu’à eux.
Mais en sus, je me suis souvenue, si tant et que je l’eusse perdu de vue, qu’il n’y a qu’un petit qui sache si joliment et avec autant de panache aller simplement à l’essentiel. Comment s’y prend-il, me sonderez-vous? Eh bien de façon naturelle, saisi d’une bonté innée, il suit la forme de son cœur et il transforme l’humanité en un monde meilleur. Pour ces enfants, il n’y a donc ni noir, ni blanc mais le rouge sang et leurs sentiments. Il est donc de notre responsabilité de leur livrer des rêves et non des tourments et comme l’a émis James Barrie, à travers la voix de Peter Pan : « Chaque fois qu’un enfant dit « je ne crois pas aux fées » il y a quelque part une petite fée qui meurt »… Oh combien est-il à cette heure déterminant de leur tracer la voie vers les rêves éveillés, afin qu’ils puissent devenir jolie réalité, empire de bonheur!
Lectures achevées, je les invitai à transposer leurs aventures sur ordinateurs et à ce moment, le photographe qui nous suivait les mitraillerait. Miss Rebelle refusa catégoriquement de se laisser shooter. Je l’ai alors amenée discrètement à l’écart pour la questionner à l’abri des regards, car je sais combien un enfant est secret. « Tu ne te plais pas ma puce? » « Je suis normale, ce n’est pas ça, mais je n’aime pas les souvenirs ». J’ai tenté un « quand tu seras maman, tu seras ravie de retrouver ton joli visage à tous les âges et de le montrer à tes propres enfants » sans succès… J’ai même reçu un « si je souhaite emporter un souvenir, je n’ai cas en piquer un ». Bien envoyé! Alors, astuce, pour comprendre un enfant, le redevenir! Je me suis décidée à m’amuser, à jouer avec cette poupée au cœur arraché, on s’est mises à rire et d’un coup, quand elle l’eut décidé, elle reprit « je n’aime pas les souvenirs parce que mon père s’est barré, sans émotion, sans explication, en brisant nos souvenirs, sans nous prévenir. »
Cet homme, jamais je ne le connaitrai, mais à cet instant je l’ai détesté si fort, si fort… J’ai serré cette môme contre mon corps, comme si elle était ma propre petite fille. Je sais que rien ne peut compenser « une seule larme d’un seul enfant » comme l’a propagé Flodor Dostoïevski, mais j’en avais besoin autant qu’elle d’un tel soin. On s’est lâchées puis un instant regardées, elle m’a souri puis m’a lancé « vous me prenez en photo? »… J’y ai perçu le plus beau des cadeaux.
La journée s’est achevée et je me suis consolée en me figurant que si l’on ne se doit qu’à l’enfant qu’on a été alors ces derniers sont promis à une digne destinée.
Merci à Yacine Yousfi de m’avoir appelée à participer à cette superbe initiative : celle de faire briller les yeux des enfants étudiant dans des conditions moins favorisées que je n’ai eu la chance de le faire et de les emmener à porter leur propre regard sur le monde, un regard si doux et pur, car un enfant est un enfant et les intéresser c’est changer leur être et à sa suite notre société dont il est le baromètre! Bravo à toi Yacine pour tout le temps et le coeur que tu mets à leur service et également à Romain Nadal qui humanise nos institutions en leur ouvrant ses portes. Je suis vraiment fière de me joindre à vous dès que nos emplois du temps nous le permettent pour faire avancer les choses. Chaque petit pas, chaque parole est une arme de plus pour offrir un meilleur avenir à nos jeunes.
A nos yeux d’enfants…

« La parole est une arme dangereuse qu’il faut savoir maîtriser pour ne pas se laisser maîtriser » Un élève de l’école.

Jolie Nouvelle-Zélande

Pourquoi devrait-elle rejoindre le Conseil de Sécurité de l’ONU?
De Jose Ramos-Horta
Président antérieur du Timor Oriental
Lauréat au Prix Nobel de la Paix (1996)

A l’exception de mon pays natal où beaucoup de mes proches ont été enterrés au nom de notre long combat pour la liberté, sans aucune hésitation, la Nouvelle-Zélande fait partie des dix endroits au monde dans lesquels j’aimerais le plus m’établir.

D’une superficie de 268.000 Kilomètres carrés, comptant 4,5 millions de merveilleux habitants et un revenu per capita de $46,000 US, la Nouvelle-Zélande est un pays riche en tout point de vue, prospère et égalitaire, sans prétention et fier d’être indépendant.

Les Pakehas (les néo-zélandais de descendance européenne) représentent 70% de la population; à peu près 13% sont d’origine Maori et habitant des Iles du Pacifique; les populations asiatiques représentent 7%, et les populations métis 8%. Il n’y a aucune religion dominante: plus de 20% se disent athées, 15% se disent anglicans, 12% catholiques, 11% presbytériens et d’autres variantes du protestantisme.

L’alphabétisation est de 100% et l’espérance de vie est de plus de 80 ans. Unique inquiétude: les néo-zélandais semblent avoir oublié les rapports sexuels puisque le taux de croissance de la population se trouve en dessous des 0,9%.

Contrairement à d’autres pays colonisés par les européens ayant annihilé l’identité, la culture et la langue indigène, la Nouvelle-Zélande reste exemplaire dans ses efforts pour renouer avec les origines de ces habitants des îles, le peuple Maori. Le Maori est donc la langue officielle avec l’anglais et le langage des signes néo-zélandais.

Les Maoris, peuple extrêmement fier, ont combattu les colons européens lors de leur arrivée en Nouvelle-Zélande, mais, en 1840, les dirigeants Maoris et représentants de la Couronne Britannique signent le traité de Waitangi, créant ainsi la Nouvelle Zélande.

La beauté naturelle de la Nouvelle-Zélande est tout simplement stupéfiante et contrairement à l’Australie, qui abrite de nombreux animaux les plus laids et venimeux du monde, elle est épargnée de toutes ces créatures. Il n’y a ni scorpions ni cobras.

Pendant la Guerre Froide, être “au bout du monde” s’est avéré être une véritable chance. La Nouvelle-Zélande est tellement loin que même les “expansionnistes” de l’Union Soviétique ne s’y intéressaient pas. Cette distance et cette isolation ont toujours protégé le pays des superpuissances prédatrices.

Comme les australiens, qui ont connu des dizaines de milliers de morts sous l’emprise Britannique lors de guerres absurdes en Asie et en Afrique, les néo-zélandais eux aussi servirent de chair à canon pour la Couronne Britannique et l’impérialisme américain lors de nombreux combats en Asie, Afrique et Turquie.

Tout en profitant de liens forts avec les Etats-Unis et l’Europe, les néo-zélandais ont fait preuve d’indépendance et de beaucoup de dignité à plusieurs reprises. Au début des années 80, cette île, vision de carte postale, a tenue tête au géant américain en refusant d’abriter des armes Nucléaires. En réponse, les Etats-Unis suspendront la participation de la Nouvelle-Zélande au traité de sécurité ANZUS. Les Néo Zélandais s’opposaient également aux essais nucléaires français dans les îles du Pacifique. Cela leur coûtât le sabordage du Rainbow Warrior à Auckland par les services secrets Français. A ce jour, La Nouvelle-Zélande ne s’est toujours pas dotée de l’arme nucléaire.

En Octobre prochain, la Nouvelle-Zélande, l’Espagne et la Turquie se disputeront deux sièges vacants au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies : deux sièges sont disponibles pour trois prétendants.

Mon pays, le Timor Oriental soutient activement la Nouvelle Zélande dans l’obtention d’un des deux sièges. Faisant à-peu-près la taille de la Norvège et tout aussi indépendante dans les affaires internationales, la Nouvelle-Zélande est un de ces rares pays ne subissant aucun conflit, n’ayant jamais été envahi et n’ayant jamais envahi aucun voisin non plus.

Modeste et discret, ce pays ne se vante jamais de ses généreuses contributions financières à la région ainsi qu’au reste du monde, soit près d’un demi milliard de dollars au total. Bien que petite, la Nouvelle-Zélande a énormément contribué au développement, à la paix et la sécurité au sein de notre région, tout particulièrement auprès des îles Salomon, Bougainville et du Timor-Oriental. A la fois, les forces de défense et la police néo-zélandaise se sont impliquées dans les opérations des Nations Unies en Timor Oriental. Cela a contribué à la stabilité de mon pays lors de la phase post-indépendance relativement difficile.

La Nouvelle-Zélande a également déployé ses soldats de la paix loin de ses rives en Afghanistan, Bosnie, au Kosovo, au Sinaï ainsi que dans les zones démilitarisées du Nord et du Sud de la Corée. La Nouvelle-Zélande n’a pas envoyé ses troupes en Iraq puisque cette mission n’a pas été soutenue par les Nations Unies.

La Nouvelle-Zélande a également été fortement impliquée aux secours des victimes de catastrophes naturelles, tout particulièrement celles qui ont touchées les îles du Pacifique et l’Asie du Sud Est, des zones touchées par les cyclones, tremblements de terres et les éruptions volcaniques.

Pourquoi suis-je aussi passionné lorsqu’il s’agit de soutenir la candidature de la Nouvelle-Zélande au siège du Conseil de Sécurité des Nations Unies?

Au fil des quarante dernières années, j’ai été activiste des Droits de l’Homme, défenseur de l’indépendance, diplomate, ministre des Affaires Etrangères, Premier Ministre, Président, soit quarante ans d’observation, d’apprentissage et d’exercice des pouvoirs gouvernementaux tout en pratiquant la diplomatie internationale et en bénéficiant des programmes des Nations Unies, victime des indifférences du monde mais reconnaissant lorsqu’elles se sont transformées en compassion.

Le Conseil de Sécurité des Nation Unies est un organe que je ne connais que trop bien. J’ai vécu et vieilli en son sein, dès l’âge de 25 ans lorsque je me suis adressé pour la première fois devant cette assemblée mondiale en décembre 1975. Il est bien trop important et impactant pour rester exclusivement aux mains des plus puissants.

A une époque incroyablement compliquée avec le Moyen-Orient, certaines zones d’Afrique ou d’Asie, le monde a besoin de petits pays indépendants comme la Nouvelle-Zélande au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il est également très important que d’autres petites nations membres sachent que le Conseil de Sécurité leur est accessible en voyant la Nouvelle-Zélande y accéder.

Alors qu’une puissance mondiale comme les Etats-Unis est en effet indispensable, alors que des puissances régionales comme la Chine, la Russie, le Japon, l’Indonésie, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, le Brésil, le Niger, l’Afrique du Sud etc… sont toutes également indispensables, le monde a besoin de petites nations avec derrières elles des décennies d’engagements dans les affaires mondiales pour faciliter le dialogue, la médiation et amener les belligérants à la table des négociations.

La Nouvelle-Zélande fait parties de ces pays. J’ai tout à fait confiance en le fait qu’elle marquera profondément, calmera les agitations, apportera de la sérénité, proposera des compromis réalisables et des accords durables.

Le Timor Oriental votera pour la Nouvelle Zélande et je souhaite que tout autre dignitaire de l’ONU en fasse autant.

____
Jose Ramos-Horta était Secrétaire-Général-adjoint, représentant spécial du Secrétaire-Général des Nations Unies et Médiateur de la crise socio-politique bissau-guinéenne (2013-2014). Il a été universellement acclamé pour son succés dans son rôle de médiateur en Guinee Bissau. Avant cela, il était Président, Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangéres du Timor Oriental (2001-2012) et Lauréat du Prix Nobel de la paix en 1996

Non merci pour ce moment!

Sordide succès que celui du livre de Madame Valérie Trierweiler!

Qui d’entre nous s’imaginerait écrire tant de lignes avec la simple finalité d’atteindre davantage une bête blessée, occultant tout respect de soi et des nombreuses années passées aux côtés d’un homme, qui qu’il eut été?

Qui peut accorder un quelconque crédit, une quelconque essence aux paroles prononcées dans l’intimité d’un couple, pour se faire mutuellement -éventuellement- rire et relâcher la pression?

Je ne suis pas -loin de là- une amie de François, mais le pathétisme de la France supplante ma non-adhésion à la politique du Gouvernement.

Comme dirait mon père, il méritait que ce fût dit!