Archives mensuelles : octobre 2013

Poule qui caquette, député sur la selette

J’ai mis du temps à le pondre cet article, mais j’attendais que l’on déblaie les fientes de l’hémicycle avant de tondre les protagonistes à mon tour, parce que je dénonce pour l’un son imprudente impertinence, pour l’autre son outrecuidante suffisance en réponse.

Je ne vais au pire que répéter ce qui a déjà été rapporté mais il faut dire que par manque d’humour, Véronique Massonneau qui n’aurait pu être oiseau que le temps d’une intervention, voit sa réaction délivrée, mélangée, assaisonnée dans un bon bouillon de poulet! Ah, elle peut le remercier Philippe Le Ray, depuis qu’il a fait « cot, cot » elle a la cotte Madame la députée!

Et pauvre Monsieur Le Ray, je ne suis pas certaine que ce soit ce qu’il souhaitait : pour s’être un peu amusé, voilà qu’il a offert une jolie publicité à son amie la poule qu’il n’a finalement mangée qu’une fois, pour qu’on lui casse les œufs cent fois.

J’en entends déjà hurler que je ne défends pas assez les intérêts de ma « catégoriette ». Je l’admets… je ne suis pas une suffragette! Non pas que je sois égoïste, je pense simplement, à l’instar de Sacha Guitry, qu’une femme, une vraie femme, ne peut et ne doit être féministe parce qu’elle serait bêtement idéaliste mais plutôt faire preuve de réalisme et d’un esprit critique aussi avisé qu’aiguisé sans que le mot « sexisme » ne soit lâché avant qu’il n’ait été invité, sans qu’on ne crie au drame dès qu’une dame est concernée.

Bon d’accord, mimer la poule ce n’est pas insignifiant… mais faites un effort, imaginez que peut-être il chantait pour l’aider à pondre un projet, eh? Et puis c’est bien Monsieur Thiers qui clamait dans la même Assemblée, il y a exactement cent cinquante années, que s’il faut tout prendre au sérieux, rien n’est à prendre au tragique; alors aujourd’hui voyons… considérons que ce n’était jamais qu’un petit pique!

Toujours est-il que Monsieur Le Ray aurait dû lire Lao She, il aurait ainsi pu prédire que même les poules les plus dociles, quand elles sont attaquées se débattent. Quand court le renard, la poule a des ailes… Et suite à leur querelle, Madame la députée n’a pas hésité à les déployer pour éviter que l’on écrase ses œufs et réserver au goguenard malheureux le sort d’un cafard dans un lieu parfaitement nettoyé.

Tête baissée, comme une poule au petit bec qui picore grain à grain, elle s’est bien gardée de riposter, armée d’un certain vice et d’un soupçon de malice, faisant alors passer le chapon pour un fumier aux yeux de tous les français.

La poule a même fini par plumer le coq, puisque suite au choc, Monsieur s’est vu sucrer un quart de ses indemnités, prix de sa mauvaise plaisanterie. Pas la peine d’avaler un comprimé de cyanure, qu’on le rassure, il ne s’agit que d’une sanction provisoire, ses déboires n’entacheront a priori pas son futur! Mais le député, dépité, retiendra désormais ce merveilleux proverbe martiniquais : « celui qui mange des œufs, ne sait pas si la poule a mal au derrière ».

En tout cas, Claude Bartolone a sévi -c’est presque une première- et a ouvert la porte du grenier à orge à celle qu’avant l’on pensait pigeonne!

Reste à savoir si chassant la mauvaise poule, Philippe Le Ray n’a pas également laissé la sienne s’envoler.

On retiendra enfin qu’on ne peut mettre sans pagaille, toute cette volaille dans une même basse-cour, pour finir par rappeler, que ce sont ces personnes qui font le jour sur notre devenir, en débattant, amendant et votant les lois qu’il sera, de notre côté, de bon aloi de respecter! On est mal barrés!

Au revoir

C’est l’histoire de deux personnes que l’existence et les espérances, le passé et les souhaits, les désirs et le devenir opposaient diamétralement, formellement, insolemment… Pourtant -en dépit des apparences- ces deux personnes prédisposées à se détester allaient passer, dans le secret, leur vie à s’aimer… Elles s’aimeraient tant, que dans le miroir, c’est l’autre que chacune finirait par deviner, c’est l’autre qu’elle regarderait, c’est l’autre qu’il corrigerait.

Une symbiose, une parfaite osmose, voilà comment caractériser leur pérenne attachement et bien que le bruit de leurs chaînes résonnent à la manière d’une rengaine, jamais aucun n’ose.

Est-ce triste? Oui, un peu… Oui mais à la fois pragmatique, puis unique et en même temps savoureux, comme pour tous amoureux qui se résistent. Ils savent bien eux, qu’une vie à deux briserait leurs bracelets… et c’est loin… c’était loin d’être ce qu’ils voulaient.

Lui, avait grandi seul et sa vie ne lui avait tendu qu’un linceul pour faire office de couverture. Alors, il lui fallut cogner dur pour exister; sans amour –tant pis- au moins il respirait.

Elle, petite fille choyée et encouragée, aujourd’hui a priori femme accomplie, était en fait un guerrier de l’ombre, tant elle résistait à tomber dans la conformité, tant elle se battait pour ne dépendre de quiconque ni ne se rendre quelconque; comme si elle avait vécu l’expérience… ou non, comme si elle était habitée par la conscience de son bien-aimé, comme si elle essayait de rassembler les décombres de ce dernier.

Elle embourgeoisée, lui inapprivoisé; elle éloquence, lui silence; lui encaissant, elle touchante; lui poignant, elle bouleversante; mais ensemble les voici aussi irascibles qu’invincibles si bien que tout le monde en tremble.

Ils s’étaient rencontrés un soir de février et à cet instant, leur destin commun venait d’être scellé. Il se souvient encore de ce qu’elle portait, de son regard puissant…transperçant! Immédiatement, il essaya de souffler sur la flamme, trop inquiet qu’il était d’y laisser sa liberté. Mais il était trop tard, elle avait déjà pénétré en son âme et il était plus épris de son élégance que de sa propre indépendance!

Ils décidèrent de se voir trois fois par semaine et c’est ce qu’ils firent, sans faillir, pendant deux années entières. Ils se connaissaient par cœur, se décryptaient sans peur, s’entraidaient à toute heure!

Jusqu’au jour où, au détour d’une promenade nocturne dans des sentiers malfamés, ils s’embrassèrent… C’était comme si leurs lèvres venaient de tenir une interminable grève; ils ressemblaient à deux soldats, en trêve, au crépuscule d’une effroyable guerre. D’habitude taciturne, il achevait la ballade en lui susurrant « Pour toi, je brûle, alors ne réfléchis pas, vis ce rêve avec moi! »

A cette seconde, aussi profonde qu’eut été sa quiétude, il venait de renoncer!

Pourquoi, me demanderez-vous? La réponse est quelque peu absconse.

D’abord, en raison de son vécu, du temps qui s’était écoulé, sans que jamais on ne lui donne ce qu’il attendait : juste une caresse, juste un peu de tendresse! Il s’était résolu à enterrer sa rancœur au fond d’un trou, mais son cœur avait glissé aussi et il avait choisi de l’y laisser, pour éviter qu’à nouveau il ne déguste. Après tout, pour lui, aimer n’avait jamais été que synonyme de souffrance et ce depuis sa naissance, alors une romance, c’était du délire! Pourtant, elle, elle aurait bien abandonné un empire pour son sourire.

Encore, parce qu’il était plus aisé pour lui de se priver de cette divine emprise plutôt que de la maitrise. Son admiration était à la fois si passionnelle et si rebelle que ce qui l’effrayait c’est ce qu’il découvrirait s’il s’apprenait. Elle était son étoile et elle était si belle… qu’il voulait à tout prix l’arracher à une désillusion éventuelle. Il lui semblait alors plus facile de poser un voile sur son idylle plutôt que de renoncer à l’idée infertile qu’il se faisait de lui-même.

Mais enfin, ne vous méprenez pas, ils continuèrent à se voir, à s’émouvoir. Ils ne purent y surseoir car qu’y a-t-il de plus insoutenable que de rejeter ce que l’on connait, ce que l’on ne peut oublier, tant on a aimé? Oh, tantôt il feignait l’indifférence, tantôt il était mal aimable, tantôt il cultivait même le pessimisme voire le nihilisme à son égard, mais il n’y pouvait rien, c’était l’accoutumance qui tenait sa barre.

Elle était tout pour lui : sa chance, son enfance, sa réjouissance, même ses longs silences et son essence. Elle était tout, mais jamais il ne se désarma, ni ne se débarrassa de sa satanée prudence!

Un soir, alors qu’un vent frais faisait voler les feuilles d’automne, elle le pria de bien vouloir venir la voir et ils se retrouvèrent sur les sentiers où pour la première fois ils s’étaient embrassés. Elle lui apprit en larmes qu’elle devait s’en aller… Oui, elle était soldat de l’armée française et était appelée à prendre les armes en Syrie, où la guerre venait d’éclater. Il sécha ses larmes en lui jurant qu’ils se reverraient et ils s’étreignirent comme la première fois.

A cet instant, tout paraissait s’être figé, tout avait disparu autour d’eux, toute la misère du monde s’était effacée, il ne restait qu’eux deux et leurs adieux.

A cet instant, il sut que jamais plus personne ne le ferait pleurer; à cet instant, il sut que désormais il se mourrait d’ennui et qu’il s’était exposé à la désirer ardemment pour la vie.

Elle était à jamais son éternité!