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Le mal du siècle!

Jeudi dernier, comme une fois par une des douze divisions de l’année pour tenter de progresser, je suis allée m’installer sur le canapé de mon analyste, cet homme de génie, tant instruit et si pertinent, aussi scrupuleusement perfectionniste que résolument anti-dogmatiste :

« Monsieur, suis-je une emphatique compulsive? »
« Oui, irrésistiblement! » s’écria-t-il quasiment optimiste.
Face à ma moue épouvantée, il se fendit d’un ajout :
« Et alors? »
« Alors, me demandez-vous? Je suis donc non seulement répétitive, mais en plus systémique contre mon gré! Où a soudain disparu mon sex-appeal, le charme versatile du décousu, du méconnu, de l’imprévu? »
Il sourit…
« Savez-vous ce qu’est l’empathie Madame? »
« L’identification, l’intellection, l’intuition des sensations et émotions de son prochain, un phénomène souvent rendu par l’expression ‘se mettre dans la peau d’autrui’, un décentrement qui mène à l’action dans l’intérêt du sujet visé par la marque d’empathie, parfois même au détriment de ses propres intérêts. » lui répondis-je.
« Vous pensez réalité psychique, alors qu’il s’agit davantage de réalisme psychique, vous parlez d’intuition alors qu’il est question de représentation ou mieux encore d’application, vous concevez hyper-sens alors que vous êtes hyper-conscience.
L’hypersensibilité est l’antinomie de ce que vous nommez l’empathie : le sentiment brouille la cohérence et embrouille les conséquences.
Etre humain, c’est aimer les hommes ça va de soi, être sage comme vous aspirez à le devenir c’est les découvrir, les subir…
Songez-y! A dans un mois! »

Dans ma voiture, sur le trajet retour vers mon bureau de l’avenue d’Eylau, je réfléchissais à cette super structure : ma propre réalité, le rationnel, la réalité de mon prochain… ma réalité, le monde, ta réalité!
Ce serait donc l’objectivation par la conscience de soi, du réel, de son environnement, de et pour l’humanité?
N’est-ce pas là la forme la plus fertile, la plus charitable, la plus intelligible de l’intelligence!
Quelle consolation m’avait-t-il apportée!,)

Quant à mon T.O.C. de transposition, suis-je la victime d’une résonance sensor-somatique d’ordre neurophysiologique ou suis-je encore capable d’éviter toutes formes de contagion-émotionnelle automatique à l’effort d’un processus motivationnel et attentionnel, d’une volonté d’être affable tout en opérant sciemment une dissociation mentale entre mes relations et moi?
Je m’applique en tout cas à ressentir de l’intérieur les affects de l’extérieur, je m’implique dans l’élaboration d’une analyse logique, je m’évertue à avancer dans la captation, a minima la perception des us, des vertus et collapsus de mon voisin, sans systématiser, en nourrissant seulement mon instinct.

« Narcissique! » allez-vous me lancer!
Et si ce trait de personnalité était un maillon fort de cette sur-compassion, forme d’exaltation par la négative, habitant son corps et son coeur autant que ceux du malheureux dont on est l’observateur clairvoyant, dont on veut le bonheur, que parfois même l’on apostrophe par invectives dans cette juste intention?
Le soi n’est autre que le transport servant à l’entendement; l’identité est valorisée non à l’effet de se flatter en aidant, en consolant ou simplement en rencontrant autrui comme il en est fait état en pure sympathie, mais à l’effet d’autant de mansuétude que d’exactitude, seuls véritables instruments de communion serviable et agréable!

La capacité d’appréhender les émotions d’autrui sans confusion entre soi et autrui, en voici un outil de communication sophistiqué!
Et si par ce biais, il était possible voire loisible à premier souhait d’inhiber tristesse, colère, agressivité ou toute autre forme d’hostilité?…

Alors qu’a-t-il voulu signifier par souffrir l’homme?
A première lecture, ça je vous l’assure, je connais!,)

Au fond, la souffrance n’est autre que le contraire de l’indifférence!
Pour ressentir l’affliction, encore faut-il qu’il y ait eu passion, comment peut-il y avoir tourment autrement qu’en ayant pris le pari de s’ouvrir?

Il y a dans la peine une certaine transcendance, tant en sa réception qu’en son extraction; il y a dans le supplice, une puissance vivificatrice!
Le chagrin a soudain un sens lorsqu’il nous porte plus loin ou encore qu’il nous ramène à l’essentiel et nous permet alors de passer une étape nouvelle, croissance intellectuelle, physique, psychique, affective, spirituelle ou développement personnel, à notre propre profit ou celui d’autrui.

La souffrance, le mal, la désolation, la dépression sont des symptômes banals et pourtant ils n’ont aucune existence. Ce sont des abstractions, des fictions forgées à partir de vues théoriques… un peu comme le sentiment amoureux…!
Ce qui est digne d’intérêt, en revanche, ce sont les personnes qui souffrent, ces âmes qui aiment…

C’est là que se loge le drame! Face à un individu dont la souffrance est difficilement conçue, parce que plurielle, pluri originelle, il est fort accomodant de glisser du non entendu au malentendu, d’un pudique « je ne te comprends pas, je suis désolée » à un « j’abdique, tu es complètement cinglé! ».
Ce qui échappe à notre propre entendement, ce qui ne peut être mesuré à l’aune de notre propre sagacité, serait simulé, voire erroné.
C’est ainsi que se sont développées les diverses qualifications de « maladies psy » arbitrairement appliquées à tous ceux dont les lamentations sont soustraites à la compréhension de la famille et desdits professionnels de santé.
C’est ainsi aussi qu’une souffrance peut en engendrer une autre : celle de ne pas être reconnu ni cru.
Serait-ce pur hasard si mes amis bipolaires sont d’ordinaire de jeunes génies?
Bande de flemmards, au lieu de développer vos acuités, de cheminer vers davantage de substance et de tolérance, il vous aura été plus aisé de les enfermer… Quelle drôle d’idée? Par qui vont-t-ils pouvoir être devinés, appréciés, lus ou parcourus désormais?

Se mettre à la place d’un autre…
Voici donc un savoir substantiel, un facteur de survie essentiel dans un monde où l’homme est sans cesse en rivalité avec l’homme.
L’évolution darwinienne -son procédé- n’a pu que renforcer l’empathie et au fil du temps s’est dégagée l’espèce humaine qui fournit une personnalité à peu près tout ce qu’il habite ou habilite : « voici l’origine de l’animisme (transcendance), plus tard du panthéisme (immanence) des premières religions ».
Pourtant, selon nombre d’études psychiatriques et psychanalytiques, des déficits dans l’intelligence sociale peuvent survenir indépendamment des déficits dans les autres secteurs de la cognition. La théorie de l’esprit voit la capacité de partager et ressentir les états mentaux et moraux de son prochain amoindrie par la systématisation imposée par le groupe culturel ou cultuel, on appelle cela « le serpent qui se mord la queue »…

Dans les milieux religieux, les hommes aiment D’ieu! Pourtant…sont-ils capables de s’aimer entre eux?
Francis Bacon affirmait « les troubles et l’adversité ramènent à la religion ». J’oserais le corriger en prétendant que les troubles DE l’adversité précipitent vers la forme la plus pesante de la religion, vers son cousin maléfique, la superstition, forme d’oisiveté pensante ‘spéciale désoeuvrés’, fatigante solution de paresse.
Bien pis encore -car il n’y a pas trop à reprocher aux simples béni-oui-oui- pire encore je disais, est cette détestation de l’autre justifiée par l’adoration, la dévotion à un D’ieu que l’on n’aurait encore jamais rencontré!
Vous en conviendrez : « une religion qui offrirait des récompenses certaines dans ‘l’autre vie’ verrait disparaître ses dévots à milliers! »

Ainsi c’est cela qu’évoquait mon ami du dernier jeudi : l’hypersensibilité comme offrant matière à une déréalisation, une dépersonnalisation (de soi et des autres) du fétichisme au fanatisme, des déviances sectaires aux violences arbitraires, de l’orthodoxie à la décapitation…

Non, je ne suis pas anti religion!
Il y a au rang du sacré, d’innombrables richesses, des prouesses philosophiques uniques et un code moral indispensable.
J’ai moi-même un professeur de Torah… à la bonne heure! Mais sa lecture est pétrie de conscience et de tolérance, bien que jamais il ne se parjure!
Lisez les dix commandements, D’ieu est au premier rang et pourtant…
Avner lui, qui réalisa l’importance de l’affaire, proposa de remonter plutôt que de se laisser attirer vers le bas… Ainsi, en se hissant de 10 à 1, l’homme passa instantanément au premier rang de l’équation, de nos attentions! Futé non?

« Honore ton père et honore ta mère! » même s’ils t’abominent…
François Rachline propose d’en changer la vitrine à la lumière d’une lecture étymologique:
« Mesure le poids de tes parents, sois conscient de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font, de leurs plus grands accomplissements à leurs manquements les plus iniques, non plus pour les copier ni même pour les rejeter, simplement pour les connaitre et devenir ton maître unique! »
« Lourd ton père et lourde ta mère! »
Il ne s’agit plus d’une validation ni même d’une invalidation, mais d’une dissociation, depuis l’ébat dont tu es le résultat à leurs états!
Si là il ne s’agit pas d’empathie!

Ah si seulement les Merah avaient théorisé tout cela…

De mon côté, est-ce que l’absence d’hypersensibilité compulsive au profit d’une empathie constructive doit me forcer dans l’affaire susnommée à adopter un positionnement non émotionnel au profit d’un parfait raisonnement juridique stratégique et politique?
Malheureusement, je crains qu’il ne me faille -sans polémiquer- rétorquer que… oui!
Il n’en va pas autrement pour Tariq Ramadan, prédicateur d’horreurs, prêcheur d’alibis à la terreur, accusé pour l’heure d’avoir sexuellement abusé de ses admiratrices, ce qui est sûrement vrai…Finalement un homme n’aura jamais vénéré personne d’autre que lui!
Pour autant, pour le prouver, la partie civile devra annihiler la matrice ci-dessus énoncée -chose mal aisée- et s’extirper de toute dérive punitive, tout en cherchant à entrer dans le fonctionnement de Ramadan et faire en sorte que sa vraie personnalité soit inexorablement et impulsivement révélée.
En somme, c’est encore d’empathie dont il s’agit…

L’emphatique n’est donc pas le mou compatissant ou le benêt bienveillant, mais simplement l’intelligent systématique, le libre comprenant!
Tout ceci est biaisé par notre sensibilité… Doit-on se le reprocher? Empêcher ou s’empêcher d’aimer? Le voudrions-nous que nous ne le pourrions pas…
Si douce est-elle cette effraction en son coeur de quelqu’un que l’on n’aurait pas invité!

Martin Luther King disait « ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence -télécommandée- des vivants! »

Et si c’était cela, le mal des prochaines années…

Dans la peau d’une femme

Je crois que je n’ai jamais été aussi femme!
Ainsi, je n’ai jamais été aussi inébranlable, invincible ou a minima résolument convaincue; je n’ai jamais été aussi vulnérable, sensible, si facilement vaincue…

Fragilité ton nom est femme, Shakespeare n’alléguait-il pas?
Pourtant Dieu tout puissant lui-même chancelle face à elle.

C’est habité par cette ambiguïté que mon coeur a voyagé ces dernières années, c’est assiégé par cette ambivalence que mon honneur s’est débarrassé de sa suffisance pour rencontrer Romance.

La liberté n’est pas l’antagonisme de la pudeur, de la dignité, encore moins de la vertu.
Ce n’est pas parce que je suis réservée que je me dois d’être contenue ou pire retenue.
L’épicurisme conscient n’est pas l’anarchisme ni même un hédonisme dément. Non!
Ma liberté? Ce n’est que le féminin de mon destin…
Il m’aura donc fallu non moins de trente années pour parvenir à le théoriser!

Seulement voilà…
De la pensée pérenne à la sagesse -de la sirène à la déesse- il y a là une traversée rude, abrupte et sans concession à réaliser. L’auto confession n’en est que le prélude!
Combien de larmes doivent avoir coulé, combien de tourments, d’instants de solitudes et de chagrins faut-il avoir éprouvés pour décider enfin de prendre les armes contre ses servitudes?
Et encore…faut-il le vouloir!

Car à cela deux résistances qui somme toute relèvent toutes deux de l’apparence, une représentation fantasmagorique, quasi iconique de la muse -dont il faut bien avouer que d’opportunité je m’amuse-:
– la pondération, la modération et la raison nécessaires pour contre-balancer la tentation, le danger, le pêché que nous représentons pour le sain sexe opposé,
– la confusion d’être nées femelles et son corollaire de rigueur, le mystère!
Il est déjà bien assez que l’homme nous sache demoiselles, sans qu’en plus nous ne le forcions à croquer la pomme et ne le précipitions aux portes de l’enfer.

Je suis ironique, un brin caustique, mais loin d’être féministe, une femme, une authentique, n’est pas admise à l’être, ce serait simpliste, n’est-ce pas?

Etre mesurée c’est être beauté -donc- prétendait Voltaire.
D’aucuns contesteront que plus on est instruit, plus on désobéit! Plus gente dame est avertie moins elle ne réfléchit avant de sacrifier son âme …pour aimer.

Je suis de ces femmes, une de celles…
Je suis une femme qui apparait convenable et responsable, mais qui ne sait qu’aimer à en réformer l’humanité, aimer à en crever, lentement, doucement, discrètement mais sûrement.
Je suis une femme qui ne se vend, ni ne se donne, mais qui s’abandonne d’aventure.
Je suis une femme qui jamais ne se parjure, mais qui retient ses secrets, car oh combien elle sait ce que c’est que de faire les frais de ce qui est révélé!
Je suis une femme qui sait se glisser dans la peau de son bien-aimé, pour compenser que jamais l’on ne s’y soit employé à son sujet.
Je suis une femme qui se parfume pour ne pas qu’on la résume.
Je suis une femme qui marche sans béquilles, mais qui tantôt vacille.
Je suis une femme… l’ange déçu mais jamais l’ange déchu.

Je suis une forteresse, je suis impassible et inflexible telle une suissesse! Ma tendresse? Nul ne la consomme! Je sais que l’homme fera toujours dithyrambe de ce qui est entre mes jambes.
Je reconnais que je ne lui plairai qu’autant que je serai l’épouse d’un barbouze. Coeur présidé, leurre désiré! « Hope is a lie », Fitz Grant et Olivia Pope l’ont expérimenté.
SI je n’attends plus la sérénité, si elle n’existe plus au rang de mes batailles, c’est parce que désormais -je l’ai intégré- jamais je ne cesserai plus d’espérer, encore moins d’aspirer.

Je m’éprends, j’apprends…
Je peux vous livrer mon sentiment? Etre femme c’est bien là le plus violent des châtiments!
Chaque rencontre -qu’elle recèle un objet personnel ou professionnel- est un combat. Et celui-là se joue au premier round! Donne le La en moins de trois minutes! Démontre que tu n’es ni vide, ni candide, ni davantage cupide, pour que jamais tes aménités ne t’amputent de tes facultés, que jamais tes capacités n’imputent tes facilités.

C’est si périlleux, parfois si douloureux d’être une femme!
Comprenez que je réprouve de façon invariable que l’on soit louve pour sa semblable!
Moi, les femmes -les véritables- je les chérie!

Petite fille de deux grandes résistantes -Michèle Tykoczinsky et Trude Bierig-Borg- (et d’une maman qui ne l’est pas moins en son temps) il va de soi que jamais alors il ne m’eut été possible de m’identifier aux fades Wonder Woman, Cendrillon et autres Belles dormantes!
C’est pour cela que je m’étais choisie comme repère un autre personnage imaginaire, petit garçon, petite souris -ce qui n’étonnera pas nombre de mes amis- l’anthropomorphe, audacieux et généreux Fievel Souriskewitz, qui décidait de fuir les pogroms et la famine pour rejoindre le Nouveau Monde et le rendre apte (lui non plus ne doutait de rien) à accueillir sa famille et leur violon, son plus cher héritage, celui qui s’accrochait à son coeur!
Être une femme libre c’est aussi cela, avoir le choix d’être qui l’on souhaite être, au-delà de tous les contretemps, de tous les empêchements, de toutes les pierres d’achoppement sournoisement lancées sur notre chemin, au-delà de tous les freins et du genre humain!
Ce tempérament-là c’est à mes mamies que je le dois!
« Rien ni personne ne nous empêchera de faire ce que nous croyons juste ».
L’essence est ici dans la justesse de dignes convictions et de nobles valeurs que ces femmes firent triompher au péril de leur existence.
Alors à leur courage et à mon amour qui traverseront les âges… et à Fievel, cette petite chose bravoure. Pour la vie!

Simone de Beauvoir, Simone Veil, Simone Signoret, Simone Segouin, femmes tactiques et de lettres, femmes politiques sans se soumettre, femmes allures et de culture, femmes combattantes et résistantes, toutes ont été les conductrices de ma voiture émotionnelle, mes inspiratrices.
Ce sont elles qui m’ont appris à observer, à raisonner, à critiquer, à faire avancer, à laisser rêver et à donner.

La chenille et Alice se regardèrent pendant quelques temps en silence.
A la fin, la chenille ôta son narguilé de la bouche :
« Qui êtes-vous » demanda-t-elle

Alice répondit assez timidement : 
 »Je ne sais pas très bien Madame, du moins à présent. Je sais qui j’étais en me levant ce matin, mais j’ai changé tant de fois depuis. »
Voilà qui je suis au petit matin de mes trente ans : une petite fille à bout de sentiments, qui flotte et qui ne trouve le soleil qu’au fond de sa grotte, au pays des merveilles…

Au milieu de tout cela, joli coeur, je ne sais pas moi, ce qui t’a donné envie de moi? Pourquoi donc t’ai-je mis en émoi?

Une femme choisit de qui s’enamourer, qui désirer et personne ni aucun élément de fait n’y peut jamais rien changer. Tout cela n’a d’ailleurs rien à voir avec le point de savoir si elle put ou non deviner qu’elle fut espérée ni même adorée!
Mais toi? Pourquoi tu m’aimes toi? Tu te satisfais d’un mal agréable lorsque tu pourrais abriter un bonheur irrécusable…

Il parait qu’il est des amours qui résistent au temps et aux éléments et qui -pour toujours- persistent…

C’est dur d’être une femme sincère, bien davantage que d’être infâme, mais puisque je t’ai aimé, alors il n’est pas de regrets et je veux bien même être réinventée.

Ode aux femmes singulières…

Le premier jour du reste de sa vie…

Ce jour-là, je ne me doutais pas que mon appétit pour la vie changerait à l’effet d’autant de brutalité.
L’heure n’est donc pas à la réthorique, ni à la figure stylistique, vous me pardonnerez.

Il était à peu près quatorze heures quand mon collaborateur posa ses bagages dans ma modeste demeure, empruntée pour mes congés.
Nous ne manquions pas de travail, mais avec le soleil pour gouvernail, nous fumes guidés -contre notre volonté, c’est évident- au restaurant de la plage pour y déjeuner, avec la résolution d’ensuite échanger nos idées à propos des dossiers engagés.

Repus, il fallait encore digérer…
Les deux garçons qui nous accompagnaient, mon homme et son jeune camarade de gaité, consentirent à m’encadrer pour une promenade au bord de la Méditerranée.
Le vent soufflait avec autant de violence que celle que les vagues puisaient pour s’abattre sur nos pieds.
Pierre, téméraire, voulait absolument nous emmener braver le danger, « pour s’amuser » argumentait-il…
Deux sauveteurs des mers désamorcèrent notre vaillance.
Le drapeau rouge venait d’être hissé.
L’un était mat, l’autre était plus clair, mais leur stature était identique : rien qui bouge, envergure solide et athlétique, pectoraux moulés, posture assurée.

Je me rappelle avoir songé avec insolence que leur allure un peu potiche leur donnait l’air de deux braconniers en quête d’une biche.
Combien allais-je regretter, quelques courts instants plus tard, cette affiche que je venais de leur coller arbitrairement au coin du nez!

Notre fougueux camarade de jeu s’entêta.
Il nous proposa de nous éloigner un peu de ceux-ci et de défier l’interdit.
Face à notre résistance, il irait seul finalement!
Mais après quelques mouvements de bras face à la force d’inertie du courant, l’impertinent- éprouvé- se découragea.

C’est à ce moment-là que tout bascula…
Nos regards en direction des remous, nous distinguions des enfants en train de sauter les vagues!
« Ils sont fous! »

Les voici aliénés, pris au piège de cet élément étranger qui les assiège.
En une fraction de seconde, leur visage prit un virage : plus de sourires, une panique profonde et pragmatique qui paraissait les endolorir…

Je hèle le secouriste le plus proche!
Il est déjà harnaché,il entre en piste, prêt à en découdre, laissant sa vie en garantie, sans jamais se résoudre à abandonner.

Non moins de dix guerriers de la police nationale et municipale se joignent à la laborieuse et dangereuse mission!
Mieux qu’une vocation, une véritable abnégation…

Un premier petit garçon est ramené après cinq minutes de lutte acharnée.
Lui n’avait pas encore été tout à fait emporté…
J’identifie qu’il reste cinq autres échoués.

D’où vient ce bruit?
Les sanglots inoubliables d’une jeune fille sur le sable…

La jeune fille, telle une brindille, gracieuse et merveilleuse, doit être âgée de quinze années.
Elle est trempée, elle a froid, mais elle ne le sait pas. Non, à cet instant, elle ne le sent pas!
Son petit-frère ou sa petite-soeur doivent être parmi les enfants en difficulté…

Un deuxième garçon est repêché, non sans peine!
Il accoste aux bras d’un puissant policier! Et pourtant…
Tous deux s’effondrent sur le sol…de concert!
Il n’y a rien à répondre à la mer, elle est souveraine et elle est devenue complètement folle…

Le ballet des secouristes se poursuit, nos héros persistent! Ils sont désormais plus de vingt à se relayer dans l’eau.
Les hommes à quai se mettent à aider, ils tirent sur le fil déroulé…

Moi, je n’ai d’yeux que pour elle…
Sa douleur me transperce le coeur…
Il me suggère de ne pas la laisser, d’aller la réconforter.
Elle n’est pas seule, ses cousines sont avec elles.
J’hésite…
Il insiste…
Alors je cours vers elle et en un élan, je la serre fort, je la berce de tout mon corps, mes bras font deux fois le tour.

A cet instant, son âme affligée, déchirée, retentit en un cri : « Maman »…

J’enlace son épaule gauche de mon épaule gauche :
« C’est ta maman qui est là-bas? »
« Je ne voulais pas la perdre, j’ai déjà perdu un proche.. »
« Calme-toi, tu ne la perds pas! »
Alors, sans grimaces, avec tant de dignité, elle m’assura… :
« C’est ma maman, elle est morte. »
Elle le savait, elle le sentait, elle la sentait et je n’ai pas accepté de la croire.
Sans doute ai-je voulu y sursoir.
Je lui promettais encore ce que jamais je ne pus tenir…
« Elle ne va pas mourrir tu m’entends, elle va s’en sortir, ils vont la sauver je te le promets. »

J’ai vu qu’un instant elle me crut…
Combien je m’en suis voulue…
J’ignorais que je mentais…
Elle, elle le savait…
Elle, elle le savait…

Les héros de la mer, à terre, changent de stratégie.
Ils se décalent, tirent bientôt à quarante sur le fil et le relâchent quand la vague fait opposition.
Ils ne vont plus contre le courant, ils jouent avec lui.
Quelle sordide ironie!

Les silhouettes se dessinent enfin, il y avait bien une jeune femme pour accompagner les trois enfants restants, mais elle a perdu connaissance.
Le dernier héros l’a allongée sur une planche pour mieux la ramener.

Je considère sa fille qui tourne le dos à la débâcle.
Ne me demandez pas pourquoi, je lui tapote le bras comme on encouragerait un cheval sur le point de sauter un obstacle.
Ma gaucherie, mon impéritie, mon impotence n’ont d’égale que mon impuissance…
Je suis absolument désemparée…
Mais que dire alors de cette petite poupée!

Je dois refaire face, pour elle…

Les vagues les ensevelissent puis les libèrent par à-coups de cinq longues secondes; voici alors ce qu’ils subissent depuis trente minutes…
Un dernier effort et enfin les enfants s’écroulent à terre.

Anne Dufourmantelle, sur la planche, attendra d’être sauvée… à jamais!
Pendant plus d’une heure, sauveteurs, policiers et pompiers se relaieront tour à tour pour lui administrer les premiers secours, mais en vain…

Je me suis éloignée de sa fille, de son bébé, sans ne plus jamais oser retourner à ses côtés.
J’étais tellement désolée!
Je suis tellement désolée!

Si tu savais, petite poupée, combien j’aurais aimé avoir raison!
Comment tu vas vivre avec ça maintenant?
Si Dieu existe, alors il est o’dieux!
Aucun plan de Dieu ne mérite que l’on ôte la vie de ta maman qui a tant apporté à la société.

Je ne pense qu’à toi depuis ce 21 juillet dernier.
Je t’ai observée : tu es digne, intelligente, grande et courageuse!
Tu vas vivre, tu dois vivre!
Tu vas vivre dans la ligne de ce que ta maman était, une héroïne, une vraie…
Celle qui te recommanda de rentrer te sécher pendant qu’elle partait sauver de la noyade ces enfants qui n’étaient pas les siens.

Je ne serai pas là tout à l’heure, j’ai beaucoup tergiversé, mais je ne suis qu’une inconnue, aujourd’hui tu as besoin de ta famille et de tes amis.

Mais si un jour, petite poupée, aujourd’hui, demain ou dans quelques années, tu me lis et que tu as besoin de mes bras, je serai toujours là pour toi et cette promesse-ci, je la tiendrai au péril de ma vie.

L’inconnue du plus triste instant de ta vie.

« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait… »

« La critique, art aisé, se doit d’être constructive » enseignait Boris Vian

Voici une proposition pleine de bon sens, façonnée d’évidences, à vertu salutairement abrogatoire, qui saute à ma mémoire avant de vous livrer ces quelques pensées…

Notre nouveau Président de la République -à qui l’on prête d’opportunité de vives ressemblances physiques avec l’auteur de l’Arrache-coeur- est-il, à l’image de ce dernier, un insurgé solitaire et libertaire?

Telle est -selon mon entendement- la réelle polémique du moment!

Emmanuel Macron est-il le nouveau Danton, s’apprête-t-il à conduire la plus ferme révolution de la Cinquième République?
Assistons-nous à un profond changement de paradigme politique?
Après avoir jeté les vieux croutons dans la soupe, Emmanuel Macron nomme à Matignon Edouard Philippe, Enarque, Maire du Havre, homme inconnu du Grand Public.
Une affectation qui navre…
Bernard Accoyer, le premier, regrette l’infidélité filiale opérée par le nouveau Premier Ministre.

Il est vrai qu’après avoir été soutien de Michel Rocard, puis membre du Cabinet d’Alain Juppé, puis député affilié aux nouveaux Républicains, il sentit le vent tourner et -dépité- quitta la piste avant qu’il ne soit trop tard.

A barque désespérée Dieu fait trouver le port…

Quant à Emmanuel Macron, avouons qu’il a fait fort!
Avec Monsieur Taciturne et les juppéistes à sa suite, il s’assure une majorité à l’Assemblée quoiqu’il sorte des urnes!
Malicieux oui… mais judicieux!

Cette désignation ne correspond donc ni à une déférence, ni à une complaisance mais répond d’un dessein coextensif, un dispositif d’ouverture, une nomenclature neuve et fleuve…
Tout le monde y est appelé puis agréé, sans distinction de préalable adhésion.

Est-ce affable?
Pas seulement!

L’absence d’exclusion par principe anticipe toute forme de protestation, de sédition, d’insurrection et d’agitation.
Le plus aimable des systèmes n’est-ce pas celui qui n’en présente aucun? ,)

Avec modération et circonspection, voici la fiction mise en place par notre nouveau Chef de file, passionné de philosophie à toutes fins utiles…

Il retint fort bien ce que lui soumettaient les républicains alors qu’il proposait à l’Assemblée sa Loi sur la Croissance et l’Egalité des Chances.
« Nous voudrions te donner raison, mais nous devons nous ménager! L’intelligence n’est autre que la révolte contre les conséquences»

L’expérience, au service de sa prévoyance et de l’espérée omniscience, il en tira les leçons, désintégra pour intégrer.

Alors, toujours trop jeune pour gouverner?

Le temps ne fait rien à l’affaire, mais si l’âge n’est pas une barrière, ses ennemis l’attendront en lisière.
Lui et son subordonné, au premier impair, seront sûrement lynchés.

Pour l’heure et puisque la société ne vit pas d’idées négatives mais d’idées positives, nourrissons ses ambitions à notre propre faveur.

Georges Sand disait : vieillesse de l’esprit que tu es difficile à concilier avec jeunesse du coeur.

Que sa verdeur et sa vigueur emportent sa générosité,

Liberté, Egalité, Fraternité!

Dictateurs!

Pourtant ce matin avait bien commencé, le soleil brillait, un matin de printemps tout ce qu’il y a de plus charmant, vous voyez?
C’était évidemment sans compter sur le quotidien tenant rituellement compagnie à mon thé…

A la Une :

– Après l’éviction -de son volition- de plus de 4000 magistrats soupçonnés d’appartenir à l’opposition, après aussi la destitution forcée -de son fait- de non moins de 9000 policiers suspectés de sustenter quelques objections, voici qu’Erdogan s’applique -entre deux ordres d’incarcération- à tordre la Constitution jusqu’alors en vigueur, aux fins de concentrer l’ensemble des pouvoirs entre ses seuls mains.
Oh, il ne souffrira pas la critique, puisque cette mesure a été ratifiée lors d’un référendum du 16 avril dernier… Je vous l’assure…
A croire que l’homme court à l’abattoir sans y être contraint! A moins encore qu’il n’y ait été astreint…

– Syrie, il est à nouveau subodoré que Bachar Al Assad puisse être l’instigateur -pour ne pas affirmer qu’il en est le promoteur- d’une attaque chimique menée par avion, au Nord des positions rebelles, à Khan Cheikhoun.
Une nouvelle abomination qui aurait coûté la vie à 100 personnes et en aurait laissé 400 autres pour blessés.
Le Protocole de Genève de Juin 1925 et les Conventions sur l’interdiction des armes biologiques de 1972 et sur l’interdiction des armes chimiques de 1993 semblent ne pas avoir été portés à la connaissance du vilain dirigeant asphyxiant aussi chroniquement qu’impulsivement ses administrés.
Oserais-je pour autant préciser que non seulement Bachar fut démocratiquement appelé à gouverner, mais qu’a fortiori il fut reconduit dans ses fonctions de petit père par référendum populaire le plébiscitant à plus de 97% des habitants.
A croire que l’homme court à l’abattoir sans y être contraint! A moins qu’il n’y ait été astreint…

– D.A.E.S.H., dont les allégeances, les revendications d’obéissance ne cessent de prospérer, Daesh vient encore d’assassiner dix soldats irakiens et trente deux réfugiés de la Province de Deir Ez-Zoor…
Deir Ez Zoor, ce no man’s land syrien -emplacement stratégique pour ses ressources en pétrole et sa proximité avec l’aéroport- terrain en proie aux secousses, au chaos plutôt, où sont mis à mort ces gamins utopiques fraichement débarqués servant de boucliers pour LA cause pseudo-sacrée face aux rebelles, à l’armée officielle, à Jahbat Al Nusra, ou autres groupes indépendants, vulgairement, les rejetés.
A croire que l’homme court à l’abattoir sans y être contraint! A moins qu’il n’y ait été astreint…

– Pendant ce temps, l’Arabie Saoudite, elle, vient d’être fraichement nommée par les Nations Unies -pour ne pas dire lâchement- membre de la Commission pour le droit des femmes pour un mandat de quatre années!
Elle n’est pas belle celle-ci?
Pour rappel, L’Arabie Saoudite c’est ce pays où les femmes n’ont pas le droit de contracter, de s’exprimer, de travailler, de circuler ou simplement d’aimer sans l’aval d’un tuteur arbitrairement désigné et attitré ad vitam aeternam.
Pas banale comme cooptation!
Le vote fut tenu secret, toutefois les murs ont des oreilles et il se murmure dans les couloirs de l’auguste et si juste Institution que 47 Etats sur 54 participants y ont convenu!
Horrifiant « nan »?
Nos jolies valeurs -pourtant consignées- gagnées au prix de tant de vies sacrifiées, ne font pas pencher la tare face aux pétrodollars.
A croire que l’homme court à l’abattoir sans y être contraint! A moins qu’il ne S’Y SOIT astreint…

Nous voici donc rendus aux pires instants de l’histoire, aux plus coercitifs et assassins désespoirs.

L’être humain est-il devenu un fieffé fêlé, un cinglé, un désaxé, un aliéné, un féru de la forfaiture, de la dictature?

Plus de deux cents tyrans ont décliné, cédé, décampé ou même trépassé :
Augusto Pinochet, Zine el-Abidine Ben Ali, Francisco Franco, Antonio de Oliveira Salazar, Idi Amin Dada, Nicolae Ceausescu Sadam Hussein, Mouammar Kadhafi, Adolph Hitler ou Joseph Staline….

Comment se fait-il alors qu’au XXIème siècle -le siècle de l’humanisme prétendait Maurice Bonnet- se pérennisent encore des poches dictatoriales, comment se peut-il que ces despotes persévèrent sous le regard si peu sévère de la communauté internationale?
Pourquoi la nation, le peuple, ne se soulève-t-il pas?

Résignation ou appréhension?
Ignorance ou dépendance?
Sophisme ou fatalisme?

Il va sans dire que la discipline, la famine, les combines, le manque de ressources, de culture ou d’ouverture sont source et nourriture de l’autoritarisme.

L’autocratie use des traumatismes, abuse des tendances schizophréniques et de l’ingénuité organique de l’être humain pour systématiser le lien subordonné.

Mais -heureusement- il n’est aucun tyran qui résiste au temps!
Tôt ou tard, il se heurtera à la patience des âmes, au grand dam de Madame intolérance!
Tôt ou tard, il n’offensera plus seulement les idéalistes mais aussi les révolutionnaires!

…Jusqu’à ce que la vérité les ait tous éradiqués…
…Jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus un seul de ces tyrans sur la surface de la terre…

Continuons à parler et à hurler!

Robert Mugabe (Zimbabwe)
Teodoro Obiang Nguema (Guinée)
Omar El-Béchir (Soudan)
Islom Karimov (Ouzbékistan)
Idris Débi (Tchad)
Noursoultan Nazbaiev (Kazakhstan)
José Eduardo Dos Santos (Angola)
Essayas Afewerki (Ethyrée)
Alexandre Loukachenko (Biélorussie)
Bachar al-Assad (Syrie))
Ramena Kadyrov (Tchétchénie)
Thein Sein (Birmanie)
Kim Jong-Un (Corée du Nord)
Michel Djotodla (Centre-Afrique)
Salmane ben Abdelaziz Al Saoud (Arabie Saoudite)
Ali Bongo (Gabon)
Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti)
Ali Khamenei (Iran)
Vladimir Poutine (Russie)
Recep Tayyip Erdogan (Turquie)

Bientôt, nous vous dirons… au revoir!
L’histoire a bonne mémoire, vous n’aurez pas notre peau!

2017

Voilà, on y est…
Pour tout vous dire, j’étais en train d’écrire sur un tout autre sujet -l’objet de mes affections et de mes afflictions, j’ai nommé l’amour- quand soudain je me suis souvenue d’un engagement envers certains de mes lecteurs que je n’ai guère encore tenu : vous faire partager mes appréciations quant aux très proches élections.

Bon, alors j’enferme les errances et souffrances de mon coeur à double tour dans la poche de mon ‘fort intérieur’ émotionnel et je vous confie pour l’heure ce qui se trame dans le secret de mes pensées rationnelles, en mon for intérieur ‘présidentiel’ ,).

« Elections, piège à cons! » scandaient-ils agrippés aux barrières en Mai 1968… Ils ne s’étaient pas tout à fait fourvoyés!

Il est vrai qu’en matière de balivernes, hypocrisies, tromperies et autres calomnies, nos ours mal léchés n’ont pas songé à hiberner!
Non, il semblerait plutôt que nos prétendants au poste le plus éminent de tous les temps se prennent d’opportunité pour des candidats de télé-réalité et se livrent à un concours de popularité, là où le combat devrait se mener au profit de la paix, la prospérité et la sérénité de leurs administrés.

Mais enfin moi ça va!
Mon papa m’a toujours dit que n’importe qui pouvait devenir Président!
Point d’illusion ni d’attente confiante, point de réfutation ni de violente déception!

Mais si, moi aussi, comme nous tous, j’ai mes moments d’assoupissement sous l’effet de la délectable crème chantilly que versent sur nos « ego » ces mythos d’essence perverse!
Alors oui, évidemment, il arrive que je me laisse circonvenir, mais ma conscience me chaperonne de telle façon à ce que l’on ne me prenne pas pour une conne; l’assoupissement est toléré un court instant, l’endormissement ou pire l’alanguissement sont purement et simplement prohibés, non mais!

Point d’illusion donc, mais l’ébahissement, l’effarement et la stupéfaction ne peuvent en être pour autant totalement annihilés.

Platon prescrivait le « noble mensonge » s’il est utile à la cohésion de la Cité.
Machiavel -lui- l’érigea en principe politique :
« Je ne dis jamais ce que je crois et je ne crois jamais ce que je dis! Et s’il m’échappe parfois quelque brin de vérité, je l’enfouis dans tant de mensonges qu’il est difficile de la retrouver ».
Voici ce que rappelle à ma mémoire l’ensemble des débats -ou devrais-je signifier « des déboires » -tenus aux fins d’élection, du ton sciemment employé aux questions consciencieusement priorisées.

Nous vivons plus que jamais dans une savane habitée par des imberbes narcissiques, où les mauvaises herbes poussent aussi vite que leurs névroses, où le mensonge fane plus rapidement que la rose puisqu’un nouveau bateau l’éponge, où la réalité ne voit le jour que pour éclabousser, un monde où même le plus joli des idéaux sert de parure à l’imposture.

Pourquoi nous montrons-nous donc défiants à l’égard des représentants que l’on s’auto-désigne?
Il paraitrait pourtant que l’on a les dirigeants dont on s’avère être dignes…

Ah, Alexis de Tocqueville (« de la Démocratie en Amérique ») doit se retourner dans sa tombe en mirant combien l’immoralité est au service du pouvoir de ceux que l’on dit grands!

Ce bide sidéral, cet insuccès toutefois peu banal, cette faille ou plutôt faillite politique et ces vestes médiatiques -sauf le respect de Monsieur Fillon- ont commencé à se profiler dès la primaire, dont l’organisation se révéla aussi bancal que rudimentaire.

A ce jeune stade déjà, nos potentiels agents s’illustrèrent en matière d’inculture historique et économique en évitant soigneusement d’aborder les préoccupations qui taraudent pourtant l’ensemble de la population : la sécurité intérieure et la survie du pays.

Ode toutefois à Bruno Le Maire qui de bonne foi a tenté de convoquer les forces vives de la France :
– en encourageant l’entreprenariat (révision de l’assistanat)
– en stimulant l’échange de valeurs (réduction de l’impôt sur les plus-values)
– en favorisant l’exploitation des nouvelles technologies (corrigeant le retard de notre pays en la matière et non de ses citoyens qui préfèrent monter leurs start-up à l’étranger)
                              – en évitant la fuite des capitaux (suppression de l’ISF).
Il fit les frais de son absence de renommée et faute d’audience, il passa certes tout à côté.

Mais non, je ne suis pas de droite, cessez de m’embêter!
Oust les opposants systématiques, les bobos récalcitrants, les revêches dogmatiques et convenus de mèche avec les ingénus qui conduisent nos sinuosités, les déphasés, assoiffés de représentativité, impudiques et autres lubriques!
Laissez-moi faire preuve d’honnêteté.

Et puis à gauche, vous n’avez pas été davantage gâtés.

Pour rappel, annonce officielle :
« Les derniers résultats de la primaire de gauche sont faux! » Polémique vile et inutile et pourtant c’est comique…
Mais enfin, comme on dit en créole : une élection sans fraude c’est comme un court bouillon sans piment, c’est pas de bol!

Vincent Peillon -lui- ne s’est pas gêné pour plagier et personne n’a relevé.
Il reprenait allègrement le Gimmick de Diam’s : « Ma France à moi »
Ca méritait un instant de considération ,)

Tant d’incompétence offense à mon sens davantage que les hasardeuses mises en examens et autres médisances malencontreuses…

L’issue de cette première étape n’a pas créé une soupape de sécurité. Mais en dépit de ce constat, je suis bien aise que lesdits « anciens », grands spécialistes de la stagnation économique, de l’anti-stratégie sociétale et de la bourde diplomatique, au rang desquels Monsieur Montebourg ne soient plus de la partie…

Venons-en au fait!
Vous allez dire que je m’entête, mais si je vous ennuie aujourd’hui, à quelques jours de la concrétisation de nos intentions, c’est pour tâcher d’empêcher le retour à l’autoritarisme avant qu’il ne soit trop tard, parce que -oui- je pense que la démocratie est menacée lorsqu’il m’est permis d’observer tant de tolérance et d’attirance à l’égard du populisme et du ségrégationnisme.

Milan Kundera développait brillamment, dans l’Insoutenable Légèreté De L’Être, ce que je résume comme suit : les mythes engendrent généralement davantage d’amour que les sentiments humains. Je le conçois aisément, Marine en est un ciment.
Soyons lucides, à aucun moment son sens de la réthorique n’est en mesure de combler ses impossibilités d’ordre économique, sociologique et technique.
Ses démonstrations d’orateur seront vaines face aux difficultés de la France et des français et il ne restera plus que l’illustration d’un simple prédicateur de la haine.

Alors -faute de chambouler les plus confirmés dans la pratique de ce sport immonde- il nous est offert une occasion supplémentaire de choisir notre monde, de nous regarder, de nous découvrir, re-découvrir, de nous souder, de nous aimer, de se comprendre, de se prendre par les épaules et de continuer à coexister de façon joyeuse, heureuse et triomphante des préjugés.

Pour ce faire, hors de question de songer à l’abstention ni même de voter blanc.
C’est un droit me répondrez-vous? Pas cette fois!

Arrow est décédé en nous laissant son bébé pour nous faire un pied de nez : le bon vieux théorème de l’Impossibilité ou la preuve mathématique du paradoxe de Condorcet.
Les élections collectives ne se veulent être transitives : leurs auteurs peuvent préférer A à B, B à C et pourtant… C à A.

Imaginez donc que le report républicain ne fonctionne pas en ce joli mois de mai, croyez-moi, nous serions bien embêtés!

Alors pour qui opter, me demanderez-vous?
Pas évident…

Fillon, Macron, Hamon, Mélenchon, ils m’ont fait la part belle, leurs noms riment tous avec « con » ,)

Bon, non, d’accord, tout n’est pas à jeter à la poubelle!
Fillon a l’expérience, Mélenchon l’intelligence, Hamon la patience, Macron la persévérance.
Mélenchon est Stalinien, Hamon plutôt Keynésien, Fillon est mis en examen et Macron plutôt mongolien.
Mais! Macron a pour lui les médias, Hamon qu’il ne se verra jamais aposer de fatwa, Fillon ne peut pas avoir davantage de tracas et Mélenchon s’assurera de mettre à la page les agnostiques et les sceptiques…ou pas!

Pauvre François Fillon… Avouez, soyez fair-play!
 On les lui aura toutes faites!
Henry de Lesquen, président du Parti national-libéral et coutumier des propos racistes, a annoncé qu’il retirait sa candidature pour soutenir François! Patatra!
Puis, c’est au tour de Jean-Marie de s’inviter à la fête!
Comme quoi, gentil n’a vraiment qu’un œil ,)

« Un Président n’a pas d’amis » affirmait Françoise Giroud…

Pour le coup, je crois que Monsieur Fillon avait alors déjà à moitié démarré le deuil de ses ambitions.
Et pourtant…
Quel sordide et répugnant moment de télévision Madame Angot nous a-t-elle forcés à vivre!
Se consacrant sorte d’accusateur public -la colère comme reflet de ses frustrations personnelles et d’un équilibre psychique douteux- loin de mettre en difficulté Monsieur Fillon, voici qu’elle lui a offert de quoi incarner sa propre défense.
L’idée -pourtant valable à mon sens- selon laquelle François Fillon aurait dû céder sa place afin que la crédiblité médiatique des Républicains n’en soit pas entachée, cette idée-là ne tient plus quand une intellectuelle déclarée (à défaut d’être avérée) balaye d’un revers de bracelet la présomption d’innocence et déverse sa fureur, le courroux de ses propres manquements moraux…
Je suis atterrée et nostalgique du temps où nos référents instruits reflétaient noblement notre gracieuse France!

Mais en vain… présomption d’innocence ou non, nous autres êtres humains sommes des moutons, peu importe les propositions et autres plans d’action, ce qui compte c’est l’identification…

Ah nos médias,
Cette institution si probe, vertueuse, morale, convenable et loyale…!
« Les soleils couchants ont toujours moins de charme que les soleils levants »

Emmanuel Macron…
Dieu que le concernant, l’on fut rond!

Son génie parfois défendu me semble être une idée avancée toutefois irrésolue…
Non pas que je n’aime pas IAM loin s’en faut, mais comme chanteraient Akhenaton, Shuriken, Kheops, Imhotep, Kephren et Freeman, entre son dysfonctionnement du langage à la limite de l’aphasie et ses emportements inopinés, notre ami novice »pisse violent dans un violon »!
Et dire que je vais devoir voter pour lui… 
’Enfin, vous voyez ce qu’on dégoise aux clients un peu benêts’.

Je n’ai pas le choix!
Cette fois, je m’attache à voter stratégique et mon sens des responsabilités me pousse à tout orchestrer -à mon humble niveau- pour que le pire soit évité.

A son bénéfice, notons qu’il eut très finement choisi son porte-parole.
Benjamin Grivaux…
Mais non, ce n’est pas parce qu’il est beau!
Quel déploiement d’éloquence et d’élégance face à l’aparaxie idéatoire perceptible et l’absence de sens pratique de son interlocuteur Florian Philippot qui n’incarne pas davantage le changement que le paillasson que je piétine allègrement depuis mes 16 ans et mon premier appartement (sans injurieuse évocation, ça va sans dire,)).

Gare à Sarko!
Pronostiquant une élimination de FF au 1er tour, Nico veut prendre immédiatement la tête de la droite pour gagner les législatives.

Eh oui…
Car il reste à répondre à la question projective : quelle majorité va-t-on nous pondre?
A période exceptionnelle, comportements citoyens exceptionnels et il se peut bien que -là où aux présidentielles les électeurs se déterminent selon des considérations primaires et relatives à la personne à coopter- il n’en soit pas de même aux législatives où bien souvent seuls les politisés, a minima de conscience, se rendent aux urnes…
Que se passerait-il donc en l’absence de majorité des 288 députés?
N’oubliez pas de choisir ceux qui s’apprêtent à légiférer!

De la didactique macro-nique, ses représentants à l’Assemblée devraient adhérer au projet « En marche » et générer autant « d’efficacité que de clarté » Quésaco mon coco ?

On est mal embarqués…

Quel que soit le sort que les urnes réservent aux candidats anti-système, la classe politique est à la veille de son plus grand renouvellement depuis le début de la Ve république en 1958.

Vous me connaissez, je suis plus communément libertaire qu’autoritaire, mais pour une fois, me voilà exhaustive et incisive, j’invective car j’ai les foies!

Ne sommes-nous pas devenus des bêtes sauvages prêtes à nous entre-dévorer, tel que le formalisait Hobbes?
Solitaires, indigents, en état de guerre permanent, notre indolence intellectuelle à l’appui, nous portons en nous le gêne de notre propre extinction, nous nous efforçons inlassablement de fomenter des putsch contre nos instincts de bonté, détruisant tout élan d’hospitalité.
Hobbes disait « L’homme est un loup pour l’homme » mais d’ajouter « L’homme est un dieu pour l’homme « .
Soyez des Dieux, soyez généreux et astucieux!
Pas d’absence, pas d’irrévérence, ni d’inélégance, n’acclamez pas les audaces grossières et vulgaires de Poutou, préférez faire face et pensez ‘garde-fou’!

Quant à moi, on me dit souvent « bobo de gauche », c’est FAUCHE.
Je n’avais plus de rimes ,)
Bobo-nne soirée quand même!

Pervers!

La séduction -de tout temps- fut affaire de manipulation.
Pour autant, faut-il être résolument pervers pour réprouver l’immense affection que -sincère- l’on éprouvait pourtant!
A-t-il formulé le voeu de faire cesser l’intense battement de coeur qui -devenant pénible- le bousculait?
Espérait-il se défendre d’une douleur possible?
Cette flamme -qui eut l’allure d’un amour et se voulait prendre l’apparence de la plus pure des ardeurs- s’est éteinte.
Notre étreinte, la chaleur d’une si belle tendresse -telle une caresse à l’âme- pour toujours s’est interrompue.

Classique, me direz-vous?
Détrompez-vous! Ca ne l’est jamais avec un sadique narcissique.

Oui, c’est bien cela dont il est question.
En voici mon analyse, un fait d’inductions!

Non, je ne pallie pas l’absence d’une thérapie; non seulement je la suis, mais en plus ce n’est pas de moi dont il s’agit! …Pas uniquement de moi ,)
Je ne réalise pas non plus mon introspection en m’épanchant sur papier; moi, égocentrée, vous plaisantez? ,)

Je vais donc vous épargner mes sujets de dépression chronique et préférer vous livrer l’objet d’une de mes observations critiques.

L’on aime davantage prêter aux autres les visages qu’il est bon de recéler au lieu de les assumer.
Mais enfin, c’est mieux ainsi comme l’explique Boris Cyrulnik : il est de bon augure de vouloir faire bonne figure aux nôtres! L’homme malsain, lui -et c’est pire- est tout à fait éhonté, puisqu’il n’existe aucune altérité, aucune réciprocité dans son monde enchanté : le voisin n’est qu’un pantin destiné à nourrir son plaisir.

Il va sans dire que pour ce satyre, le désir de l’autre n’est ni à considérer, ni à élaborer : méprisé, ballotté, maîtrisé puis peu à peu, peur à peur, automatisé, de sujet qu’il était, cet autre s’est transformé en objet au gré des désidératas de ce destructeur de personnalité.

Tout au mieux, notre autre dénaturé et domestiqué tel un animal aura le droit d’être le pâle reflet de ce que le mauvais souhaite magnifier.
Ce dernier distingue dans le regard de sa proie un mirage : par l’artifice de tant de fascination, d’admiration, d’égards et de soummission, ce dingue -se sentant adulé- se trouve soudainement une image aimable.

Formidable, invraisemblable, insupportable…!

Mais cet asservissement ne pourrait avoir total effet si le malfaisant ne s’efforçait pas de rendre son client tout à fait dépendant.
Comment s’y prend-il?
Facile!
Voici la recette -commune à tous les prédateurs- de ce miroir aux alouettes : une monstruosité préméditée, habileté et virtuosité au service de ses vices!

Cibler, mobiliser, chaperonner, dénigrer, diminuer voire écraser, se montrer conforme en société, transposer, victimiser sa pomme, apporter soi-même le soluté, ne jamais abandonner.

– Règle numéro une : choisir un ange, une fée ou un totem de bonté comme objet.

Qui mieux qu’une bonne personne, douée d’un sens des responsabilités, dotée d’un idéal éthique et d’aspirations utopiques, portant en elle la plus belle des conceptions du bonheur et de la justice pour de bon coeur consentir à tant de sacrifices, subir son avarice et ses caprices, éponger névroses et les pires psychoses?

Est-ce à dire qu’il conviendrait de renoncer à toute forme de billevesées, d’espérances satinées, ou de confiance partagée pour se contenter d’une fade réalité?
Evidemment que non, aucune progression, aucune réalisation n’existerait sans la pommade des souhaits et illusions.
L’adoration elle-même se construit depuis eux.
Aucune relation, aucun amour ne sont alimentés sans le jeu de l’illusion.
Dieu en est le témoin et le gardien, un truisme garant de l’altruisme.

Ceci posé et en dépit de ce que je viens d’exposer, il est patent que face à la monomanie et à la schizophrénie, aux confusions, obsessions et à ce guets-apens latent, le recours à l’illusion soit proscrit à la faveur de la connaissance et de la conscience de son agresseur.

– Règle numéro deux : se confier, s’épancher, faire pitié, en appeler aux instincts protecteurs de son « mal-aimé » de fait.

La vie l’oppresse, les siens l’oppriment, la perversité des volontés, la noirceur des intérieurs, la fatalité et l’adversité se sont liguées contre lui.
Il est le gibier parfait, le butin d’un lutin sorcier!
Et il n’y a que toi pour le soigner, seul(e) toi peut le sauver, sans toi sa vie est terminée.

C’est dire le privilège qu’il t’offre face au sacrilège qui lui est commis!
Tant de considération mélangée à de l’obligation que de refuser serait hérésie!
Mouais…

– Règle numéro trois : Rabaisser, déprécier, inférioriser, blesser, discréditer, vilipender, épuiser, annuler pour acquérir une meilleure estime de soi, sursoir provisoirement à sa propre détestation, conquérir le pouvoir, avide d’approbation, sans compassion!

Hystérique, paranoïaque, patraque… Autant de qualificatifs pour désigner celle ou celui que soudainement il n’aurait pas choisi ni volontairement embrassé(e), mais qui lui aurait été imposé(e) par la vie.
Pourtant, ne serait-ce pas lui qui serait toxique, dans cette relation à sens unique au sein de laquelle tout est inique, a fortiori ses récurrentes critiques?

A l’appui de son émouvante argumentation, de sa touchante démonstration de l’anti-romance qui lui est infligée -avis d’expert- son éloquence comme corollaire à l’acte pervers.

Notre narcissique cultive le verbe acerbe pour culpabiliser, déstabiliser et servir son ultime vérité!

Sans compter qu’il a sélectionné un partenaire d’une humilité sans pareil, qui -non convaincu de sa valeur, loin s’en faut- sera sans aucun doute persuadé de ce qu’au vu de ses failles, quelques entailles au coeur de la part de son soleil constituent un salut à ses yeux, l’éventualité d’être aimé. Enfin il parait…

– Règle numéro quatre : être suffisamment vicieux pour se prémunir correctement contre le fait que son souffre-douleur pourrait bien utiliser son « savoir parler » et se confier.

Deux étapes s’avèrent plus prudentes qu’une seule!
Première soupape : se montrer séducteur, socialisé, joyeux, généreux, désintéressé, voire même plaisant et amusant, afin de neutraliser les peurs de l’environnement de son bouc-émissaire, ça va de soi!
Il réfléchit, il faut qu’il renvoie une forme de normalité qui nous endorme, son meilleur alibi.

Deuxième chape : éloigner subtilement les plus profonds attachements, la famille, les amis, ceux qui pourraient être alertés par un changement de comportement, ceux pour qui la compréhension ne serait pas abscons : railler, désavouer, puis menacer et se rendre indispensable.
Le succès est inévitable!

– Règle numéro cinq : trouver une façon organisée et efficiente de se défendre de toute douleur pour préférer prétendre subir et ressentir de la rancoeur, expulser ses propres démons et les faire couver ailleurs, tiens, pourquoi pas par l’autre con en face de soi.

Le plus efficace reste pour cela de pousser sa victime à bout jusque dans ses retranchements, de telle façon qu’il ne lui reste plus d’autre choix que de devenir à son tour assaillant et qu’il advienne raisonnable de penser qu’elle fut de tout temps responsable de l’état de ce pauvre petit innocent qui dut se forger une carapace!
Pas fou notre sain rebelle!

De mains de maître, de bourreau le voici bibelot, torturé, si longtemps muselé, inféodé à la menace de tout son être.

– Règle numéro six : c’est pas grave! Il ne vous en veut pas, il a la solution!
Vous allez vous vouer à réparer ce que vous avez maladroitement cassé.

Il vous aime encore voyons, à vous de l’aimer plus fort : vous portez en vous les propriétés de la résolution de tous vos problèmes… à condition de faire des efforts tout de même!

Quelle ironie!
Vous êtes avertis du danger et pourtant vous verrez que vous vous y tiendrez et vous vous enchaînerez encore et encore car rien ne vous paraît plus dur que de le laisser s’en aller.

Et pourtant… rien n’est plus sûr que jamais il ne le ferait!

– Règle numéro sept : vous êtes dompté(e), je ne vois pas pourquoi il vous détacherait?

Le travail est terminé, il ne lui reste plus qu’à s’attacher à détruire indéfiniment votre vie et abolir les moindres résidus de vos envies jusqu’à ce qu’il n’en existe plus et ce à l’infini…
Et voilà, pire que de devenir à ton tour dépravé(e) ou simplement dénaturé(e), voici seulement que ton âme s’est habituée et c’est là le drame!

Alors je t’en supplie, je t’en supplie mon ami(e), entends mes silences, offre-toi une renaissance, tu le mérites plus qui que ce soit ici bas!

Lis, ris, chante, réinvente, vis!
Ne troque pas tes idées contre une sécurité en toque, ne t’empêche jamais, laisse-toi déborder d’amour et de gaieté, je suis là pour t ‘épauler!

Et tu sais quoi, n’enterre jamais tes illusions et ne renonce pas davantage!
Trouve ton propre désert, celui qui ne ment pas, qui ne revêt aucun déguisement, ni ne s’habille de faux-fuyants, mais qui te permet tous les mirages et qui sans invective t’ouvre les plus grandes perspectives.

Bon courage!

Ton amie….

Dites-moi si je me Trump!

J’aime attendre que passe un temps équivalent à celui que nous estimons indispensable pour s’assurer d’une digestion efficace avant de m’exprimer sur un sujet de masse. C’est préférable… Puis, quand la fontaine est tarie, même la chienne y chie… Ce n’est pas vilain, c’est un proverbe italien!

Il convient donc d’abord que je redevienne tendre et affable comme je sais si bien l’être.

Trump…
Et gronda le tonnerre, trembla la terre, résonnèrent les cris des derniers rescapés de la Shoah, qui de concert s’étaient efforcés de dénoncer le caractère délétère des propositions d’exclusions de celui qui avait soudain pour projet de les gouverner.

Exit toute forme de civisme, set foot in a world où l’ostracisme est la norme!

Combien ai-je déjà pu lire que le choix d’un connard en costume -ah non, c’est un canard en costume que vous dites? Ce n’est pas bien pire!- bref, que l’élection politique d’une oie pour veiller sur les Etats-Unis d’Amérique et son public revêtait une dimension mystique, remplissait une fonction prophétique : chez mes cousins, il s’agirait du chaos pré-califat islamique, chez mes frangins méchikhistes, le signe annonciateur voire le Gouverneur légalement élu pour délivrer le communiqué divin.

Qu’est-ce que je trouve ça triste! Non franchement, si l’envoyé de Dieu doit porter comme sceau trois ravalements de museau savamment loupés qui n’ont toujours pas achevé sa volonté de cesser de ressembler à un porc et autant de douches d’auto-bronzant par semaine qu’il ne se l’agite sur les mexicaines, eh bien je rends sans regrets mon passeport pour l’éternité.

Certes, si Hillary devait représenter la Démocratie, certains se sont sentis bien inspirés de lui préférer la peste, mais alors si cette désignation est la réalisation d’une prophétie, je la trouve davantage funeste; et si comme nous le savons, son ramage se rapporte à son plumage, vous êtes le Phénix des hôtes du roi des cons!

« Un homme d’affaires à succès, un milliardaire fraichement retiré du domaine immobilier, une aubaine pour l’économie! »
« Mais non, il n’est pas vraiment ami avec Berlusconi!» « Mais si, il est vachement calé! »
«  Ah non, sa compréhension des problématiques internationales n’est pas sommaire, ni ses fréquentations abyssales, précaires et pour le moins déloyales!
Pour preuve, il est au moins copain avec Kim-Jung-Un et Vladimir Poutine, c’est dire s’il est malin! »

Les voici compagnons de vie, au nom de la raison…

Pas de place pour les émotions, dans le grand palace des compromissions!
Depuis quand la vérité s’intéresse-t-elle aux sujets de société? Non, mais…

Ainsi, notre technicien bonimenteur, vouant pour l’heure une considération toute particulière à la dialectique, devient expert en tergiversations.
D’ailleurs Donald était-il soutien de Ronald ou avait-il songé à se rapprocher de papa George? Etait-il républicain ou réformiste? Puis autiste, isolationniste, complotiste ou démocrate? Autocrate ou à nouveau républicain? Conservateur ou novateur? Nieto ou réduite?(si, c’est mignon,))

Par suite, tout au long de la campagne, vêtu de son pagne « Minorities Fucker », Donald Trump s’emploie à méticuleusement hésiter mais sans ânonner, patauger mais sans chanceler avec tant de fermeté…

Un coup, il convient de diminuer significativement la participation en argent des Etats-unis auprès de l’Otan et des Nations-Unies, l’instant d’après il serait temps de renforcer l’effort financier de lutte contre le terrorisme dans le prisme desdites institutions, voyons!

Un coup, il entend démilitariser les régions envahies par Barack et Hillary -dans la même barque asserte-t-il- l’instant d’après se saisir manu militari des puits de pétrôle irakiens et syriens, sans en accueillir les réfugiés, pensez-vous!

Un coup, il est pro-israélien, l’instant d’après pour la neutralité du conflit israélo-palestinien, enfin!

Un coup, il milite pour le démantèlement de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les puissants, l’instant d’après il assume ce dernier, bien qu’il le juge mauvais, le tour est joué!

Un coup il enjoignait de s’engager en Lybie à l’encontre de Mouammar Kadhafi, l’instant d’après le voici en train de nier l’avoir encouragé.

Un coup, il aspire à normaliser les vaines relations avec Cuba, l’instant d’après, il souscrit à pire projet: celui d’y fermer l’Ambassade américaine.

Un coup, il désire punir les femmes coupables d’avortement tardifs, l’instant d’après -passé au crible par l’opinion publique qui crie « infamie »- il remonte sur l’estrade pour proposer d’accabler le chirurgien-obstétricien responsable de l’abomination.

Un coup, il aspire son rail de cocaïne, l’instant d’après, il aspire à ce que la consommation de stupéfiants ne soit accordée qu’en cas de curiosité maladive.

Et la liste n’est pas exhaustive!

Tout de suite après l’élection, une première allocution, et le voilà déjà tempéré! Ne pourrait-il pas se respecter?

Nous voici arrivés au sujet qui suscite ma passion; vous savez bien que je préfère philosopher que de battre le fer avec les analystes de renom et spécialistes de la question que je n’ai pas la prétention de talonner, ni gloser sur l’absence de précision des sondages qui ne partagent l’avis que de moins d’un dizième de la population car je ne serais pas loin d’être l’antépénultième.

L’objet de mes préoccupations : la fiabilité.

Pour évidence, il est déraisonnable de se fier à une personne dont les dispositions affectives et effectives s’avèrent instables car tes nerfs jamais tu n’illusionnes!

Pour éloquent que votre interlocuteur eut été, parfois il vous est bien inspiré de vous fier à vos seuls sentiments, ils sont or car alors aucun grand parleur ne saurait vous faire oublier les éléments du passé, ceux gravés, là ,tout au bord de votre inconscient.

Ce que vous caressez sur la pointe de votre coeur, cette chaleur palpable, n’est autre que votre propre intégrité, c’est votre éclaireur, votre berger; et votre générosité adjointe -si tant et que l’autre ne la juge pas impropre- elle est aussi un formidable éducateur.

Ainsi votre force morale peu commune ne saurait être trompée par une démonstration verbale opportune, ni par quelconque fortune.

Il vaut mieux alors se fier à un cheval sans bride qu’à un discours sans ordre car augmenter le volume pour semer le désordre ne fait pas triompher les pensées et mieux vaut-il encore se faire plume sur le bitume!

Vous comprenez à présent pourquoi j’ai appris à boxer: se confronter au pire sans mentir, ça n’a pas de prix!

Mais ne peut-on accorder de la crédibilité qu’à notre seul ami, j’ai nommé « soi »?

Espérons que non! Sénéque assurait : « l’erreur est aussi grande de se fier à tous que de se défier de tous ».

Il est aussi essentiel pour l’être humain de croire en sa belle qu’en ses propres instincts.

Pour revenir à nos aventuriers politiciens, s’il est sagesse de se méfier de ceux qui se sont proposés pour nous gouverner, combien pire encore serait-ce hardiesse pour eux de se fier à leurs administrés dont, franchement, la fidélité et le dévouement sont mauvais placement!

Quand le renard se met à prêcher, gare aux poules…

La fiabilité corollaire du besoin de sécurité, oui mais pas que… le respect de la parole donnée comme vertu, gage de qualité, oeuvre de sainteté!
Non, je n’ai pas bu!

Un homme de coeur tient ses valeurs jusqu’au bout de ses idées et convictions sans jamais y sursoir, à la lumière de son éducation et tant pis s’il se sent esseulé, tant pis s’il lui est alloué naïveté, ingénuité ou inexpérimenté. A force de les affirmer et de les réaffirmer, le monde finira bien par se ranger à ses côtés et le mimer!

Chers voisins, maintenant que le voici tête du pays, n’allez pas vous défier de lui!
N’y a-t-il rien de plus propice que l’amnésie sélective? Souvenez-vous que les reproches éraflent, là où l’ingratitude et son injustice corrélative écharpent. Adoptez une attitude objective! N’allez pas lui reprocher de mal offrir si vous vous montrez pire!
Ah Moshé et Mahomet nous avaient prévenus, l’être humain perd prestement la mémoire instantanée, excepté lorsqu’il s’agit d’être inélégant!

Regardez-la derrière son écran en train de prodiguer des leçons! Une chose est proclamation, autre chose est l’action!
Quelle prétention! Se conforme-t-elle à ses propres prédications?

Retenez que s’il fallait se fier à ce que le poète déclame pour deviner ce dont il se réclame, sans doute qu’on se trumperait un peu…

A l’épreuve de la conscience

Ah bon? On a trouvé une épreuve qui t’afflige, qui te fige au moins un peu? Mais non, sois courageux, ce n’est pas douloureux, ce n’est que ton imagination, une fausse information qui abreuve ton cerveau en quête de repos.
Relève-toi, l’oisiveté c’est pêché! Cesse donc d’être ta propre punition! Voilà la preuve que tu n’es pas exempt de bénédictions, profites-en, corrige-toi!

Dors, il est tard! Un cauchemar? Encore? Tu ne t’accordes jamais de trêve toi, ce n’est pas possible! J’entends que c’est pénible, je te promets, mais tu ne vas pas rester dressé, les yeux grands ouverts, appuyé contre le sommier, demain matin tu vas te réveiller tout vert! Attends, j’ai une idée : et si lors du prochain voyage en enfer, tu accrochais une corde à un rêve afin de t’extraire de cet engrenage?
Etre prévoyant, ça peut-être salutaire!

L’indifférence, une offense? Tu plaisantes quelle chance! Souffre en silence! A quoi cela te sert que les autres te mentent? Qui saurait porter tes tourments? Autrui s’apprend! Tu as le temps…
Il semblerait que tu aies guéri bien vingt ans avant que quelqu’un n’ait sincèrement compati! Vingt années; elles sont passées comme une fusée! Tiens, on est en été!

Définitivement, shut! Il faut te taire, reste ton seul propriétaire!
Euh, tu peux respirer quand même, il ne s’agit pas d’être mutique! Ils vont encore penser que c’est une tactique volontairement érotique.
Inspire, expire, sois sémillant, tonique! Parfait!
C’est dingue ce qu’endurer te confère un air intelligent!

Tu craignais que le monde ne continue à t’ignorer, combien davantage tu aurais dû t’armer contre le succès, cette longue étendue sur laquelle tu ne rencontres qu’envies et fourberies!
Maintenant que tu as compris, qu’il va te faire bon de ne plus avaler que quelconque forme d’admiration qui encense puisse trouver un prolongement affectif et son intérêt conforme en sus!
En somme, voici une leçon qui t’a rendu plus vif, qu’en penses-tu?

Quel seuil tu évoques? On s’en moque! Là c’est ton orgueil qui te provoque! Nourrirais-tu une gloriole aigüe? Ils ne t’ont pas attendu pour se servir! il faut dire que tu leur en proposes des singeries! Combien tu as passé de couches de vernis sur ta figure? Allez, balance une couverture de vitriole sur toutes tes peintures, si tu oses? Lâche le briquet, veux-tu!
Tu n’avais qu’à pas aller à contre-courant de ce qui leur semble évident, non mais!

Tu es vraiment persuadé que tu es en mesure de gouverner tes passions, tes pulsions? Arrête! Laisse aux autres l’enthousiasme de cette aberration! Nul ne peut s’ériger Maître du hasard!
Que les fantasmes sont féconds quand on est con!
Les veinards… C’est si doux le néant!
Ton coeur mon grand -lui- ne peut sursoir à la création de tant de malheurs à partir… à partir de quoi déjà? Ah oui de l’inexistant…

Elle est belle non? Elle est merveilleusement belle? Elle est tellement belle en dedans!
Pourquoi tu te forces à ne pas la regarder? Ah, tu risquerais de rencontrer ta propre humanité? Fais gaffe, tu vas trébucher et te casser les dents!
Cours en arrière, ne te retourne guère! Préserve-la, elle n’est qu’une petite feuille qui n’a encore subi en son corps les affres du vent! Ne la laisse pas trouver la combinaison de ton coffre-fort! Fuis, ne saisis pas l’occasion, continue de te venger de ton passé, laisse périr ton désir et mourir ton âme dans une sécheresse infinie!

Oserais-je te rappeler que la prouesse, l’hardiesse n’est pas de mourir mais de vivre?… vivre, exister, espérer, lutter, se ramasser, se relever, se dompter, s’abandonner, progresser, danser, chanter, tu adores chanter, dépasser sa propre réalité et aimer, aimer sans méfiance, aimer à s’en oublier et à en crever.

Je te fréquente depuis un certain temps, je te ressens, je suis au fait que tu ne peux ignorer le cri de ceux que profondément tu te sais aimer. Que veux-tu, certains sont appelés à soulager ceux qui auraient succombé aux chagrins recelés que tu leur as si généreusement soustraits!

Je sais, je le sais que tu as mal.
Lève ton visage, non ce n’est pas banal, pourtant ce n’est pas un mirage!
C’est un petit bout de ciel qui descend vers toi, un petit peu d’apaisement, un petit pot de miel pour ce héros insondable et remarquable, cet être singulier que tu as toujours été.

Shut, reste silencieux et tout ira bien! Dans les tréfonds de ton merveilleux profond, tout ira bien!
Il n’est si longue épreuve qui ne touche à sa fin.

Ta conscience

A travers mes yeux d’enfant

Il était une fois un petit garçon juif religieux israélien à qui la foi était déjà imposée -comme s’il était possible d’être sciemment croyant à quatre ans- et un enfant musulman pratiquant palestinien dont les positions étaient déjà dictées- comme s’il était loisible en conscience de se forger une opinion à huit ans.
Pourtant, ces deux petits poussins susceptibles de me dédaigner ou mieux de me boycotter par inclinaison pilotée, allaient tous deux s’accrocher à moi, pour ne plus vouloir se priver de mon amour.

Mercredi dernier… Oui c’est ça mercredi dernier… Je me rends à l’hôpital Mayanei Hayeshoua à Bnei Brak, la Ville de Dieu comme ils la nomment… Pff, tu parles d’une arnaque, la ville des braques oui, de ceux qui n’ont rien entendu d’une religion de vie et de sa philosophie, de ceux qui n’en ont retenu que le brumeux, le superstitieux à la pelle, en omettant l’essentiel, le pourquoi de son existence, son unique sens et sa mission : l’homme, les hommes et leur bien vivre entre eux.

J’arrive donc à l’hôpital, ambassadrice pour ces précieuses secondes des Rois du Monde, fabuleuse association génératrice d’un travail monumental et tellement substantiel : ces fées – chacune maman d’un ou plusieurs enfants- offrent de leur temps aux enfants de toute confession, hospitalisés ou résidant en foyer, amenant avec elles jouets, animations et tout autre instrument d’évasion.
Elles forcent l’admiration non?

Tel un facteur d’instants de bonheur, j’arrive donc à l’hôpital, je me rends dans le service concerné, me recense auprès du personnel compétent et peut enfin aller jouer avec les enfants dans l’espace dédié… enfin il ne s’agira pas non plus de folâtrer! Les pauvres « mini logés » seront appelés un par un, comme à l’armée. Comprenez ce que vous voudrez!

La surveillante en chef me rabrouera plusieurs fois pour outrepasser « bézef » les consignes édictées : « Tu ne peux pas toucher les enfants !» un peu comme au musée vous voyez? Il était évident que je n’allais pas me priver de les câliner!

Heureusement, une maman qui veillait son enfant, pas la moins pieuse pourtant, a décidé d’intercéder en ma faveur et m’a fait l’honneur de laisser son petit ange me prendre par la main pour me raconter ses chagrins.
Mû par beaucoup de profondeur et de vigueur, par tant de finesse et d’hardiesse, le trésor luttait fort contre les insuffisances de son coeur, en attendant qu’on le lui change.

Pouvait-on deviner qu’il souffrait à l’observer ainsi s’amuser? Jamais!
Me pensait-il laïciste, laxiste ou seulement antagoniste à ses us? Pas plus!

Il a partagé avec moi ses maux, ses cadeaux, ses rires les plus beaux et quand je dus partir, il m’a serrée fort contre son corps endolori et il m’a simplement souri.
Peut-être ai-je été son premier amour? Mais est-ce vraiment gênant?
Lui, assurément, sera un des miens, pour toujours!

Je me dirige vers Jaffa et avant de regagner mon appartement et pour me remettre de mes émotions, j’opte pour un bain sur la côte orientale de la Mer Méditerranée.
Quelques enfants jouent ici et là, relâchent la pression, se poussent, s’éclaboussent et s’escarmouchent.

L’un d’entre eux semble faire ses premières brasses. Ses copains -intransigeance de l’âge oblige- le grimacent puis s’en débarrassent.
De loin, j’en suis le témoin.
Le petit coeur se met à crier d’effroi. Pourtant il sait nager, mais seul au beau milieu de cet inconnu étendu à l’infini, comment ne pas agréer ses peurs?
J’étais davantage compatissante alors, que téméraire comme je suis, je m’étais enquise trois fois et encore, auprès du sauveteur en mer, du point de savoir si les méduses n’en avaient pas déjà fait à leur guise et étaient venues nous envahir.

« Ata Mefahed? » Je tente en hébreu.

« Anta M’haouef? » Je rattrape avec mon arabe approximatif.

« Oui » , me répond-il en arabe, en me sautant dans les bras.
Je tentai de le rassurer de par toute ma tendresse et mes caresses.
Il s’était agrippé à moi comme si j’étais le rempart à tous les dangers et il ne voulait plus me lâcher. Et moi, me demanderez-vous? Je ne l’avais même pas envisagé.

Il a passé un long moment, son regard apaisé par nos deux mains entrelacées, à me raconter qu’il venait de là-bas, de l’autre côté et qu’il avait traversé le mur, comme souvent « bien sûr » m’asserta-t-il, pour rendre visite à sa famille, qui vit ici, à Jaffa, cette ville séculaire, majestueuse et harmonieuse où cohabitent juifs et musulmans, en paix et sans tourments…la plupart du temps!

Etait-il malheureux ou différent des autres enfants qui composent l’univers? Il affirmait le contraire.
S’était-il soucié de ma judéité lorsqu’il s’était réfugié contre mon sein? Non, cela va de soi! Comment c’aurait pu être un frein? Un enfant c’est sain, un enfant ne voit que l’humain.

A cet instant et pour l’éternité, je me suis fait une promesse, non mieux une délicatesse, celle que jamais je ne cesserai d’éprouver au travers de mon âme d’enfant, que jamais mes yeux ne distingueraient autrement.
On me traitera d’ingénue, ce n’est pas grave, car je préfère encore y avoir cru que de me livrer de bon gré aux idées reçues.

A ces deux enfants…