R.A.S.Poutine

A la même heure où le célèbre mais non moins séditieux Gérard Depardieu était reçu en grande pompe par Vladimir Poutine au haut-lieu du Kremlin, Dimitri Chostakovitch et sa troupe du prestigieux théâtre Mariinsky venaient nous narguer de leur talent dans l’une des salles françaises les plus illustres, la renommée salle Pleyel. Quel culot!

Habités par on ne sait quelle âme divine, l’homme de Saint-Pétersbourg et sa troupe n’ont été pendant quatre heures de concert qu’à l’image de la hauteur quasi-hégémonique de la Belle Russie, sans jeux de mots…

Il y avait dans cet ouvrage musical comme un air de vengeance: l’histoire des pogroms merveilleusement contée et chantée, en fond musical la prodigieuse sonorité de quelques violons et violoncelles parfaitement accordés, quelque peu déshonorés par la clé de sol qui orne leur corps comme la moitié d’une croix gammée.

Pendant ce temps-là, Obélix s’en donnait à cœur joie… La culture en cadeau, le spectacle sera-t-il intact?

En solo ou deux par deux, comme Depardieu, ils nous jouaient la symphonie du scandale. Le débauché préféré des français, le licencieux mais non moins talentueux Gérard Depardieu a déserté ce jour-même la France pour cause assumée de pression fiscale trop importante.

Alors qu’en penser? Doit-il, sous prétexte qu’il est né français et qu’il a bénéficié à quelques reprises des avantages qu’offre notre France sociale – pour certains synonymes de rescousse nécessaire, pour d’autres d’assistanat volontaire, dont la spéciation serait logistiquement et malheureusement impossible d’ailleurs- se départir toujours plus des fruits de son travail? Ou alors a-t-il suffisamment enrichi la culture française, avec pour corollaire l’économie du pays et nourri son prestige pour que l’on accepte qu’il « nous » rejette ainsi?  Les deux approches me semblent plus ou moins convenables et toutes les positions recevables, à condition qu’elles soient suffisamment motivées. Mais alors, pourquoi un tel tapage? Eh bien je ne choisis pas le mot de « tapage » par hasard… Bravo les médias! Cela dit c’est vrai qu’on était fatigués d’entendre parler de la crise en France de façon si pragmatique et prosaïque! Un peu de Glam’ mince! Enfin, un peu de « people » parce que pour le glam’, il vaut mieux suivre Brigitte Bardot…quoique…

Enfin bref… parlons de la Russie…ah la Russie, « bastion des peuples » et formidable démocratie aux dires de Gégé! Euh…Je n’irai pas plus loin dans la raillerie, c’est la nouvelle terre d’accueil à la mode et Monsieur Poutine est un peu susceptible, il ne vaut mieux pas se « riots » de lui (non non ce n’est pas une faute de frappe).

Depardieu et Poutine dînent ensemble donc et Depardieu se voit offrir la place de ministre de la culture, fantastique, plus provoc’ tu meurs! Ils se sont bien trouvés! Pourquoi pas après tout? La Russie est magnifique, magique même à certains endroits, les femmes sont splendides et imprégnées des mœurs libérées post chute de l’Union-Soviétique, le pays regorge de richesses en tout genre et certes il y fait froid mais Gérard n’aura pas besoin de trois couches supplémentaires. Il y a quelque chose d’admirable là bas : une unité, une fraternité comparables à celles qui existent au sein du peuple arabe ou du peuple juif et on en reviendrait presque à mon concert. Où que se trouve le russe dans le monde il sera salué, hébergé, fêté même par son frère russe. On est loin du « minable » ou du « crétin fini » lancés sans modération ni considération par nos députés. Alors moi je le comprends Gégé. Et puis la Russie c’est un peu une autocratie, Poutine est tel un Roi, notre artiste fou le sera désormais auprès du Roi. Mais peut-être que ce qui déplait à nos dignes représentants c’est qu’il ne nous reste alors plus grand chose d’éclatant pour faire briller notre si beau pays, si Depardieu s’en va avec la culture? Il ne manquerait plus qu’il emporte la Concorde sur son dos comme Obélix son menhir…

Mais dans la guerre d’images que se livrent la France et la Russie et si la perspective d’une sévère imposition fait fuir nos références et a fortiori nos plus gros créanciers, il faudra bien que nous trouvions comment conserver notre gloire, notre charme, nos attraits de séduction au rang desquels l’incomparable architecture tient la tête. Alors si vous comptiez procéder à une OPA en vue d’acquérir la Tour Eiffel, R.A.S. Poutine, la Tour Eiffel n’est pas à vendre et puis de toute façon sa société d’exploitation n’est même pas quottée…On est mal barrés!

 

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