Archives de l’auteur : charlotteticot

Angle mort

Samedi 30 mars, 19h30: annonce truculente ou effrayante, alerte à la bombe qui devrait exploser aux alentours de 21h30, aux pieds de la majestueuse qui pique cul du ciel, on évacue la tour Eiffel… C’est le branle-bas de combat mais à 22h déjà fin du tracas! C’était un faux signal, celui-ci n’est pas banal, de quoi relancer le débat magistral: le terrorisme, intégrisme, banditisme, diabolisme et même anti-idéalisme -quoiqu’on s’en recommande- qu’on agisse seul ou en bande, qu’il soit dans le prisme d’un Etat ou d’Al Qaïda.

Qu’ils soient fanatiques, ou que ce soit de la défense des miséreux qu’ils se revendiquent, nos souffre-douleurs sont de flagrants imposteurs, d’habiles et dangereux flagorneurs.

Bien sûr, les actes de terreur ne peuvent jamais ni se justifier, ni se motiver par quelque raison, ni même religion que l’on invoque, par quelque lecture ni même torture que l’on évoque. L’instrumentalisation des cultes n’est qu’un vice, une couverture par-dessus le service d’intérêts occultes: parmi ceux-ci, la subversion de l’ordre établi, la confiscation des ressources d’un pays, le maintien au pouvoir d’un impie.

La terreur a bien souvent l’odeur de la peur, elle est le reflet de ce qu’ils ont dans leur cœur -de la rancœur- . La dispenser, devient alors LE moyen, pour ces fêlés, de combattre leurs angoisses…non…plutôt de s’en débattre… à défaut de pouvoir y mettre fin. Stop, c’est déjà trop! Je ne veux pas prêcher pour leur(s) paroisse(s), symptomatiser serait un peu légitimer. Leur démence n’a absolument aucun sens! Il n’y a pas lieu de donner un nom à ces malveillances, ni d’apporter des nuances à ce qui est pure violence; aucune cause juste ne peut être défendue par de tels actes de défiance, ou au moins ce serait de la contre-performance.

Si encore ces tarés exprimaient leur singularité, si encore ils avaient quelques idées, quelques idées autres que l’anti-conformité et l’animosité raciste et extrémiste, que l’hostilité bornée et emportée, eh bien au risque de choquer, peut-être qu’ils chambarderaient l’humanité. S’ils imaginaient un seul instant réussir à susciter l’émoi, pensez bien qu’ils feraient entendre leur voix, mais leur propagande c’est une légende! Il n’y a pas plus méprisable, plus minable que ces moutons de panurge qui suivent sans passion un ou deux chefs de rang, des tyrans qui s’insurgent. Le djihadiste c’est l’ignorant soi-disant réformiste, qui se réclame de la pureté de l’âme et oublie plus ou moins volontairement qu’au commencement et au point culminent de ce que l’on nous apprend, à nous orientaux, au rang des fondamentaux, il y a la tolérance et la reconnaissance, il y a la paix et le respect.

Alors oui, c’est vrai, la plus grande menace réside peut-être en celui qui se cache sous sa carapace, qui gouverne avec amour et au grand-jour, derrière lui toute une cour de dégonflés intimidés et apeurés. Mais la peur est un cri et la terreur un murmure. Autrement dit, Ahmadinejad est-il plus à craindre que le Jihad? Simplement tout autant! Et le sentiment d’horreur a pris ses quartiers grâce à la diffusion de profondes menaces, au ressentiment d’immondes évènements. Il y a plus de terreur dans l’anticipation que dans l’action, et Alfred Hitchcock me donnerait raison. C’est un orage qui gronde au-dessus de nos maisons, que l’on habite ici ou là et les événements d’hier donnent du crédit à mon argumentation. Oui, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un canular et même d’un vrai connard mais… le simple fait d’imaginer que le plus barbare puisse être au rancard, ça ressemble à un cauchemar. Et attention, le fait que l’attentat ait été inventé et ne se soit pas réalisé n’est pas un réconfort sans modération, parce qu’à l’angle -juste là- il y a la mort qui attend patiemment.

Poutine prétend sans ménagement que « le sexe, la violence et le terrorisme devraient être interdits », ok c’est légèrement ironique et antithétique mais c’est marrant! Et puis ce n’est pas à prendre en bloc, pas tout, décrispez-vous! Je sens que vous allez plutôt être des adhérents à la pensée de Benjamin Constant: « l’excès des impôts conduit à la subversion de la justice, à la détérioration de la morale (et du moral tiens!) à la destruction de la liberté individuelle ». Ah voilà qui ne va pas souffrir d’opposition, une nouvelle forme de terrorisme d’Etat! D’accord, d’accord, c’est un peu fort mais au moins ça nous tient en éveil. C’est ça, je veux que l’on évite de laisser le drame en sommeil; c’est ça et je vous invite à ne pas larguer les armes au prochain rond point.

M’bala M’bala ou le venin du serpent

Que les choses soient claires, il ne s’agit pas ici de faire une quelconque publicité au comique-martyr, qui cherche à faire pleurer dans les chaumières, Dieudonné M’bala M’bala. Mais je ne pouvais laisser passer son retour sur scène, qui me fait bouillir, sans écrire combien il est obscène.

Celui qui a partagé le succès d’Elie Semoun ferait bien de se cacher sous une guitoune. Ce salop aux propos heureusement hétérodoxes, déguisé en juif orthodoxe, lui a attribué le salut hitlérien -espèce de chien!- et fait remettre le trophée de la Shoa à Robert Faurisson, le roi des cons, militant négationniste et raciste, proche des Lepénistes et des mouvances néo-nazies de France.

Non sans causer la révolte de plusieurs milliers de français de toute obédience, l’affront n’a pas suscité autant de protestations de la part de certains journalistes. Sans doute sympathisants ou pire partisans de telles convictions qui me dégoûtent, ces derniers ont travesti la vérité et oublié de rapporter certains faits, le présentant comme souffre–douleur, alors qu’il n’est qu’une horreur! Et sa lettre d’excuse? Elle-même l’accuse! « Certaines de mes expressions malencontreuses, sorties de leur contexte, ont pu blesser certaines personnes de confession juive. » Mais bien sûr! Tel un homme politique de mauvaise foi, il se fait passer pour une proie et, en bon radoteur, reproche à ses détracteurs de sortir sa forfaiture de son contexte. Quelle injure! Ton antisémitisme latent, pire tes insultes aux justes et aux résistants n’étaient-ils pas dans le contexte ? Tu as bien suivi une logique, préparé la réaction chimique, prémédité ton contexte et malgré tout tu cries au lynchage médiatique. S’il t’eût resté un peu de dignité, Dieudonné, c’eût été d’assumer ou au moins de te résigner…mais non, tu as continué! Tu continues à manquer de respect à l’ensemble d’une communauté et à tant de sacrifiés… Et voilà que tu ajoutes à ceux-là la communauté musulmane et ses saints religieux que tu condamnes et enfin les catholiques qu’évidemment tu critiques.

Oui, à de nombreuses reprises, c’est bien d’incitation à la haine raciale dont le comique qui ne fait plus rire s’est rendu coupable, non sans oublier les musulmans de France que les premiers Dieudonné a insultés en 2006 avant de prendre conscience qu’il ferait mieux de les draguer afin de tirer bénéfice de ceux qui ignorent encore qu’il est un porc; et même s’il a été plus d’une fois condamné, ce n’est pas assez… Celui qui, en juillet 2008, a fait baptiser sa fille avec pour parrain attitré Jean-Marie Le Pen a soufflé sur la dernière flamme de son intelligence pour laisser le champ libre à son intolérance et à la haine.

Pour porter autant de malveillance, autant de violence, pour inspirer autant de répugnance, pour être la cruauté incarnée, combien tu dois te détester? Oh je ne te pardonne pas malgré ton état: face à tant d’animosité et d’hostilité, tu n’as que mon inimitié. « Face à l’intolérance et à la haine, il n’y a pas de transaction possible, pas de compromission possible, pas de débat possible ». Voilà pourquoi on ne veut pas entendre ta voix, la voie de la barbarie, pas un bruit de ta xénophobie, pas un son venant de toi. Quand je sais qu’on te laisse encore « jouer »…j’en ai le cœur soulevé!

Alors, au risque de paraître obsessionnelle ainsi que de faire une publicité nouvelle à ceux qui ne le méritent guère, il faut continuer à piquer de saintes colères! Il ne faut pas autoriser une telle tournée sans broncher, il ne faut pas accepter qu’un tel discours soit de retour même sans être pour! Car de même pour lesdits historiens… révisionnistes, si nous ne réagissons pas, si nous n’affirmons pas qu’il ne s’agit en aucun cas de vérité historique, mais bien de falsifications, demain nos propres enfants ne sauront plus faire le départ, demain nos propres enfants ne sauront plus quand on leur ment.

Et je ne fais que commencer à m’exprimer! Je continuerai à combattre Dieudonné pour m’assurer que jamais l’intolérance ne prospère dans l’ignorance car son venin est nécrosant comme celui d’un serpent.

Annonce officieuse: crise monétaire européenne!

Chypre souffrant d’un déficit budgétaire d’un peu plus de dix-sept milliards d’euros -en ce moment, c’est élémentaire!- avait réclamé, en juin dernier, une aide financière à l’Union européenne et au Fonds monétaire. Ambition déclarée, intention certifiée: renflouer ses deux principales banques, plombées par leur exposition à la Grèce, la première en manque.

Lors du dernier Eurogroupe, début mars, les ministres des Finances s’étaient montrés décidés à mettre sur pied, d’ici fin mars, un plan d’aide au nom de la bien nommée entraide… Enfin, pas tout à fait… En effet, Chypre, l’une des principales places offshore, consent en échange à leur indiquer où se trouve le ou les trésor(s)… Elle accepte de se soumettre à un audit sur le blanchiment mené par un cabinet indépendant.

Alors voilà que dans la nuit de vendredi à samedi, un accord a enfin pu être trouvé entre la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI. Nicosie estimait avoir besoin de quelques dix-sept point cinq milliards d’euros, l’équivalent de son PIB, ce que le FMI prohibe: « l’aide doit être inférieure à dix-sept milliards d’euros pour avoir une dette soutenable ». Incroyable, la dette ne serait-elle pas soutenable pour Chypre au-delà de ce chiffre ou est-ce l’Eurogroupe qui est un presse-étoupe et ne se mouille pas? Jusqu’à mercredi, l’option de faire subir des pertes aux déposants privés « n’était pas sur la table ». Alors voilà le plan de sauvetage qui va faire des ravages: un maximum de dix milliards, en échange d’une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires qui rapportera près de six milliards. Cette taxe exceptionnelle, ce n’est rien de moins que 6,75% sur les avoirs que l’on pensait planquer dans un coin en-deçà de cent mille euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu’une retenue à la source sur les intérêts de ces portefeuilles. Il s’y ajoutera quelques privatisations et une hausse de l’impôt sur les sociétés qui risquent d’être très peu appréciés et de provoquer quelques consternations. Et tous les épargnants sont concernés, qu’ils soient chypriotes ou étrangers! Bien sûr, les autorités ont déjà pris toutes les mesures: les comptes bancaires sont bloqués, les sommes dont ils sont les dépositaires gelées en attendant plus de décisions pour réussir ladite opération, retenir les capitaux et empêcher leur massive migration.

Ces prélèvements devraient rapporter au total cinq point huit milliards d’euros, a indiqué samedi le chef de file de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Voilà, plus de problème! Ah oui mais attendez, allez lire la presse internationale… L’Europe est la risée de toutes les contrées. Selon Forbes, la confiance se résorbe pour finir peut-être par disparaître et pourquoi les propriétaires de comptes bancaires cités à comparaître et dans une position bien plus précaire en Espagne par exemple ou en France bientôt, conserveraient leurs coordonnées? Eh oui, pourquoi rester si tu sais qu’on va te faire une coupe au carré? Cette décision aurait le potentiel d’engranger une fuite générale de toute la zone euro et une telle situation mettrait en question de manière abyssale l’Euro lui-même.

Et avec ça, la directrice du FMI, Christine Lagarde, considère que la résolution adoptée est presque tout autant extraordinaire que nécessaire. Eh ben, on est mal barrés!

Une femme est belle quand elle se sent belle!?

Il y a de cela un peu plus de deux mois, j’ai fait la connaissance d’une somptueuse jeune femme qui affirmait avec assurance pouvoir nous redonner confiance. Vous imaginez sans difficulté que moi-même j’ai douté d’une telle aisance et lui ai adjoint le qualificatif d’insolence. Mais en manquant cruellement, j’ai tout de même décidé qu’il valait le coup de me prêter à l’expérience.

Nous avons tous besoin de reconnaissance et c’est une véritable quête que nous menons dès l’enfance. Cet appétit est plus ou moins nourri par notre propre vie et cette volonté devient une nécessité qui sera plus ou moins comblée selon que notre amant ou nos soupirants sont brûlants et aimants ou pas, selon que notre patron est quelqu’un de bon et nous dédie quelques compliments et encouragements ou pas. Alors comment faire pour que notre bonheur ne soit pas tributaire de ces personnes extérieures et dans la dépendance de ces marques de reconnaissance que l’on croit pouvoir deviner au gré de notre imaginaire, de nos chimères? Il semblerait que la clé soit la confiance en soi! Le secret serait de s’aimer! Vous me répondrez que ce n’est pas une qualité innée. Et c’est tout à fait vrai. Mais soyez rassurés…ça prend du temps mais ça s’apprend!

La confrontation, l’affirmation, l’acceptation, être positif, se fixer des objectifs…sont autant de méthodes approuvées. Il en est une autre dont la somptueuse jeune femme se réclame et qu’elle se propose de nous enseigner: la beauté! Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de physique au sens critique, on parle ici d’une idéologie, d’un état d’esprit.

La demoiselle professionnelle de la question a tout d’abord profité de l’occasion et pris le temps de quelques démonstrations pour rectifier certaines de mes convictions et m’apporter d’autres confirmations. En grande réservée, je soutenais que le trop de confiance attire le danger, ce à quoi elle a brillamment rajouté que son absence est une potence, au mieux suscite la transparence au pire l’inexistence… « Aie confiance en toi, il faut que tu te délivres et tu sauras vivre! »

Elle a raison, la confiance est vivificatrice, en manquer est un supplice… Parce qu’on ne peut être une séductrice si l’on n’est pas convaincu de son aura. La foi en soi répare, parfois restaure en tout cas alimente l’amour que l’on nous porte mais également l’amour que l’on porte. Comment veux-tu aimer si tu ne t’aimes pas? Comment veux-tu qu’on t’admire si tu ne t’adores pas?

Et mieux encore, ton enthousiasme propre est la clé qui t’ouvre les portes et t’escorte. Qualités et compétences variées vous seront plus volontiers attribuées que vous souriez. On offrira l’emploi à celui ou celle qui semble avoir confiance en soi. Ne pense pas que de te faire des louanges dérange, on accordera plus couramment un prêt bancaire à celui qui affiche un sourire sincère! Henry de Montherlant clamait déjà sans ménagement: « on ne doit pas accorder sa confiance à quelqu’un qui ne sourit jamais ».

Alors voilà, comme le dit, ma récente et rassurante amie, Asnath Edery, si l’un des instigateurs du bien-être c’est la confiance, l’un des moteurs de la confiance, l’une des solutions c’est la préparation. Oui, le visage est le miroir de l’âme: plus vous serez calme, relaxée, rassurée, plus vous serez rayonnante, resplendissante; en revanche, plus vous serez stressée irritable, plus les rides, le teint livide s’installeront de manière durable. Il faut de l’optimisme, mieux encore du déterminisme pour conjurer le sort de la tête-de-mort. Visagisme, relooking, coaching, voilà de quoi retrouver un peu de charisme.

Je suis allée prendre les conseils d’Asnath, qui a réussi à m’apporter un peu de soleil. Elle a également accepté de répondre à quelques unes de mes interrogations, sans briser la confidentialité. Elle m’a reçue dans son ravissant petit intérieur et naturellement je lui ai parlé pendant un bon quart d’heure. Forte de ses études en psychologie, de son don pour la compréhension de l’humain aguerri, elle a mis le doigt sur ce qui altère, détériore la confiance que j’ai en mon corps. Pour certaines, ce sont un ou plusieurs bébés, pour d’autres c’est leur position dans leur métier, pour d’autres encore c’est plutôt les souffrances à répétition qu’un compagnon leur a infligées, pour moi c’était plus une question de personnalité ou de perception de mes facultés de séduction. A la fin de ce premier rendez-vous, je savais ce qui m’attendait, quel budget j’allais y consacrer, ce qu’il allait falloir améliorer, parfois changer. J’ai tout de suite vu qu’elle savait s’adapter au tempérament, au besoin y aller doucement. Jamais elle ne contraint qui n’est pas prêt à un changement soudain et absolu! Jamais elle ne ment non plus, elle dit sincèrement ce qu’elle ressent, ce qu’elle voit, si le travail est radical ou banal. Nous avons donc convenu d’un second rendez-vous et elle m’a proposé de la rencontrer quelques jours plus tard, pour me laisser le temps d’y réfléchir, de mûrir le projet. Une vraie preuve de subtilité et de sincérité qui m’a permis de la retrouver en étant complétement exaltée. Je l’ai suivie toute une journée: bilan morphologique, colorimétrique, dressing, shopping, maquillage, coiffage et j’en passe. Mais plus que les prestations, c’est l’apprentissage qui m’a donné de l’aplomb et de belles émotions. Je me suis souvenue que qui que tu sois, il faut que tu crois en toi et que face au miroir si tu oublies ton sens critique, si tu oublies que c’est toi, tu te verras alors comme quelqu’un d’unique et les autres ne te trouveront que plus magnifique…

Puis la jeune femme excelle, elle ne peut que servir de modèle. Elle poursuit sa propre thérapie: « tant que j’ai envie de me changer, j’arrive à vous changer »; je vous rassérène, la demoiselle n’a pas fini d’être perfectionniste parce qu’elle est progressiste et tellement optimiste et elle l’inspire. « Qui a confiance en soi conduit les autres » et fait aboutir quelques sourires… Ah je sais, vous aussi vous voulez influencer… Parfait! Il vous faut être votre propre maître, tout simplement… Comment? Et bien apprenez! Oui apprenez à vous connaître et à vous reconnaître, à vous accepter ou mieux à vous aimer. Oubliez l’idée selon laquelle douter est preuve d’acuité ou de profondeur, c’est un leurre.

Ayez confiance et ne mettez pas toute votre aisance au service de votre magnificence non, mais mettez votre splendeur au service de votre bonheur!

www.asnathfashionlook.com

Pretty women

Aujourd’hui c’est la journée de la femme, je ne pouvais donc pas la laisser se terminer sans m’adresser aux dames. Je devrais peut-être me parer de l’épitoge et faire notre éloge, mais je préfère m’appliquer à rappeler que la grâce est plus belle encore que la beauté.

Je ne sais pas vraiment par quoi commencer tant il s’agit d’un vaste sujet, mais je crois que je vais vous raconter une histoire qui en est le véritable miroir.

Lors de la première année de mon arrivée, ici, à Paris, je suis sortie dans l’un de ces troquets branchés et si prisés. Au centre de ce quelque part, un long et beau bar, bien fourni, avec devant lui quatre ou cinq chaises hautes destinées à asseoir quelques hôtes. Parmi les premiers arrivés, je me suis installée sur le côté et je suis là, comme en récréation, en contemplation des ébats. Trois gars, au physique flatteur et au regard « chasseur », plutôt séduisants et parfaitement fringués, prennent rang, sur les hautes chaises alignées que je décrivais. Je suis en première ligne et je trépigne, comme si j’avais deviné ce à quoi j’allais assister: oui, sans le savoir, j’attendais une parade, c’est une véritable mascarade que j’allais voir, une émanation de la société de consommation, un spectacle, que dis-je un miracle, puisque ces trois braves garçons ont déterminé mon appréhension de la fonction de séduction.

Nos trois gaillards sont tournés vers la porte d’entrée et guettent le défilé: but avéré, mettre la gagnante du concours de beauté dans le plumard… Evidemment, sans grand étonnement, de jolies jeunes filles entrent dans le café, plus apprêtées les unes que les autres, plus sophistiqués les unes que les autres. Et j’observe l’expression des mectons, finalement plutôt banals, qui peinent à suivre le rythme du carnaval. Je suis étonnée et un peu offensée de constater qu’une fois la nana dans leur dos à distance de bras, ils ne se retournent pas, l’oublient de façon dégoûtante, alors même qu’elle les enchante, pour détailler la suivante. Ce ballet a duré toute la soirée… Et puis finalement je ne suis pas seulement étonnée, je suis heurtée et indignée!

Mais enfin merci, parce que j’ai compris: j’ai appris que la beauté n’a aucune portée, aucune autorité, si elle n’est accompagnée d’un noble attrait; c’est ce qu’il y a dans l’âme et dans le cœur qui vivifie ce qu’il y a à l’extérieur, ils éclairent la majesté et lui offrent ce charmant mystère, tout à fait nécessaire! L’étrangeté est le condiment essentiel pour relever toute beauté: si par le seul prisme de ton érotisme l’on peut te pressentir, on n’aura pas envie de te découvrir. En d’autres termes belle demoiselle, tu peux acquérir mais tu ne sauras pas conquérir, séduire mais pas retenir. Garder, te faire adopter, c’est pourtant bien souvent ce que tu attends, nan? Alors apprends! Apprends que passées une ou deux nuits, ce n’est plus ta joliesse qui l’intéresse mais ta finesse, ta délicatesse, ta noblesse. Pour la nourrir, pour que tu l’inspires, il faut que tu fasses preuve de tendresse oui, mais aussi que tu l’apparies à l’élégance avec intelligence. L’élégance, tu sais, c’est la simplicité…et c’est ça qui leur plaît, je te le promets! Puis elle, ne souffre pas de la relativité à l’inverse de la beauté; elle t’habite sans arrêt, que tu sois seule ou accompagnée, que tu sois isolée ou en société, c’est elle ta véritable alliée.

Attention, je ne fais pas un plaidoyer contre la beauté, oh non loin de moi cette idée. La maintenir, l’entretenir, la faire mûrir c’est du boulot, une sacrée opération et je suis même de ceux qui pensent que c’est obligatoire, un véritable devoir de respect envers ce que Dieu pour certains, nos parents pour d’autres, nous ont donné. Je suis même certaine qu’elle est parfois une difficulté: sachez que les femmes se pardonnent tout sauf la beauté…

Je déplore juste alors, sans rentrer dans les clichés ni rappeler qu’elle n’apporte pas à diner, qu’elle supplée souvent l’esprit et je me demande encore ce qu’il te restera quand tu auras vieilli, si tel est ton cas. Parce qu’au fil des années -je te jure, c’est prouvé- elle s’étiole, parfois s’envole et certains te la volent. Les tracas, les fracas, les souffrances jouent contre son éternelle survivance. Alors il ne te reste plus que la bonté pour la ranimer, ton sourire pour la guérir, ton rayonnement pour faire de toi quelqu’un de ravissant, de saisissant. Ta seule chance de la garder à tes côtés jusqu’au jugement dernier c’est de la régaler avec autant de génie que d’habits, avec bon cœur et de belles valeurs. N’oublie pas que ta jeunesse ne dure que quelques heures, ce qui compte c’est ton bonheur.

Alors lorsque je te vois, fille que l’on appelle de joie, alors que tu n’es bien souvent que de désenchantement, je me demande ce que tu fous là, à noyer ton être dans ton paraître au lieu de devenir? Tu ne comprends pas qu’on le respire et tu crois que ton prince va venir? Ne me dis pas que tu ne sais pas que les hommes ne sortent que pour baiser ou si t’as de la chance s’amuser? Bien sûr que tu as le droit de venir t’éclater, mais tu ne peux te permettre de parler une autre langue que lorsque tu parles parfaitement la tienne! Il faut que tu saches que ce que dit le plus talentueux des jeunes hommes dérangés (enfin bref,)) est vérité vraie: « au bout d’une heure dans une boîte de nuit, la plus jolie fille du monde ressemble à un barman » (Frédéric Beigbeder). Alors sors, d’accord, mais assure-toi d’être tout à fait exceptionnelle, non pas en étant la plus belle, mais en adoptant la plus beau des comportements, en étant qui tu es avec honnêteté, de façon distinguée et sans vulgarité ou masculinité comme beaucoup se plaisent à simuler. Pour un collectionneur, la plus belle pièce c’est celle qui est de la plus rare espèce, qu’il cherche pendant des années ou au moins des heures. Mets de la valeur dans ton regard en même temps que tu mets ton regard en valeur.

Tu rêves du destin de Vivian, apprends à être gracieuse et majestueuse, à être authentique et tout à fait unique et là peut-être que tu seras une pretty woman!

Scoop: La Suisse, sur le point d’abandonner sa neutralité

« Moi aussi j’avais oublié que les suisses pouvaient me surprendre… Sur ce coup, ils ont plutôt assuré, même si, pour ne pas choquer, j’aurais été un peu plus tendre! Il faut dire que fin février, le parachute doré de soixante-douze millions de francs suisses que le conseil d’administration du groupe Novartis avait prévu pour son futur ex-président, Daniel Vasella, avait soulevé un véritable tollé! C’est mal passé! »

« Je ne suis pas sûre d’être pour, je pense que les privilèges sont essentiels pour faire fonctionner une holding sans dumping. Il faut des dirigeants, DG et autres PD, avec des âmes de dirigeants et la carotte y concourt. Assurément, dans un pays en crise comme le mien, parachute doré peut scandaliser, mais l’ami, chez toi… franchement c’est faire preuve d’ironie!  Reconnais que la singularité de l’adoption d’un comportement socialiste face à cette question est surprenante, renversante même, quand on connaît la réticence largement partagée à amender le modèle social. Selon vous carrément, les vacances empêchent de travailler en paix! Tellement, qu’il y a tout juste un an, vous avez refusé la sixième semaine de congés payés que le gouvernement vous offrait, c’est marrant, là aussi à soixante-sept pour cent! La Suisse ne sait que faire de son excédent budgétaire et les entreprises ne sont pas vraiment dans la mouise, alors qu’importe si l’institution remplit sa fonction. Enfin, voyons comment les députés vont consacrer le plébiscite fortuit. »

« C’est ça qui me plaît! Le Parlement en discute depuis cinq années, sans avoir réussi à avancer…d’où le vote de cette initiative, qui sera probablement promulgué d’ici la fin de la prochaine année par la branche exécutive. Mine de rien, les suisses sont aussi indignés que les autres par la cupidité excessive, d’autant plus qu’elle dessert tout le monde: le marché en général, les entreprises qui se saignent en rémunération de leur direction, sans aucune corrélation avec les résultats et surtout les actionnaires… Après tout, le mécanisme proposé est on ne peut plus juste: un meilleur mode de sélection des administrateurs, négocie ton enveloppe avec tes actionnaires! <There’s no such thing as a free lunch!> Et n’oublie pas qu’il ne s’agit pour l’instant que des sociétés cotées, qui sont déjà soumises à un tas de régulations spécifiques. Non vraiment, je ne vois pas d’argument pour que l’on abdique ou même que l’on soit sceptique! »

« Qu’est-ce que tu penses alors de cette période de bouleversements, elle ne te fait pas peur? »

« Peur comme dans un rollercoaster : c’est dangereux, plein de sensations fortes et d’une excitation qui repose en partie sur le fait qu’on ne sait pas si et comment on va s’en sortir… Bref, <it’s what you make of it, a time of opportunities!> Le conservatisme a un effet positif lorsqu’il protège les valeurs, les vraies, mais délétère quand il veut sauvegarder les usages et les rentes du passé. »

« Mais attends, attends, tu ne penses pas que c’est un vaste théâtre d’hypocrisie? Il existe de nombreux autres moyens d’allouer toute sorte d’indemnités, contournement garanti! En voilà un échantillon: offrir au dirigeant que l’on souhaite faire entrer dans la société, d’acheter une partie en actions à hauteur d’un pourcentage déterminé qu’il pourra liquider lorsqu’il en aura terminé. Une autre manipulation: à l’entrée on lui accorde des stocks options, options d’achats (dites call) et de ventes (dites put), pour une valeur x qu’il estime à date arrêtée, il s’engage à acheter ou à vendre les supports déterminés (actions, obligations…) à un prix et à une échéance déjà fixés, pour jouer d’une hausse dans le premier cas, d’une baisse dans le second événement, de l’actif sous-jacent, avec interdiction de transaction pendant la période de détention . Il s’agit d’un pari, dit principe du «call and put», qui permet bien évidemment, à ses experts en la matière, de se voir attribuer une prime à la sortie… La seule pression repose alors sur le patron, qui devra employer avec plus d’adresse, celui qu’il ne pourra renvoyer d’un simple coup de pied aux fesses… »

« Le fait que les règles seront outrepassées par les espiègles est potentiellement vrai pour toutes les règles au final (ne pas tuer) ça ne réduit en rien leur nécessité pour un meilleur fonctionnement social! »

« Permets-moi s’il-te-plaît de continuer ma démonstration prétoriale! Jusqu’en 2010, les BVI (British Virgin Islands) permettaient d’avoir des actions nominatives au porteur, puis fini! Je te le donne en mille, nombre de parades ont été imaginées et utilisées: vous ne voulez pas apparaître, faites détenir votre société par un directeur nominé ou par exemple par une société panaméenne elle-même au porteur, ils détiendront les actions pour vous avec un contrôle encore moins accru de l’ensemble de l’actionnariat, du chef d’entreprise ou encore du gouvernement. La loi ne te dit même pas qu’il faut un passeport d’une personne physique qui se déclare bénéficiaire économique. Autrement dit l ‘ami, on décale d’un cran le problème, qui lui est encore plus en éveil… Pour chaque maladie, il y a toujours un antidote… »

« Oui et en l’occurrence, la maladie c’est l’excès de goinfrerie, l’antidote c’est la tempérance; tempérance qui est justement l’objectif de ces mesures de restriction des aberrances, des complaisances… Et ce, sans enfreindre la liberté, ni des dirigeants ni des sociétés. Elles rendent le comportement mis en cause plus compliqué, plus cher, plus risqué, en réduisent l’attrait »

« Je crois qu’interdis et tu suscites l’envie, inspire le délit et rends attrayant le produit; autorise et tu banalises donc évites les plus graves dérives. En tout cas, pour une fois, les suisses se mouillent, sur le plan économique certes, mais ça a de réelles répercussions politiques. En effet, Jean-Marc Ayrault a salué l’interdiction des parachutes dorés et fait de la Suisse un véritable héros. On voit même s’esquisser une véritable avancée, comme si la Suisse était le précurseur d’un nouveau vecteur: celui de la transparence. Ainsi, La Commission européenne a dit avoir pris acte de l’avis, qualifié d’important et un accord de principe a même été trouvé, la semaine dernière, entre le Parlement européen et la présidence irlandaise de l’Union Européenne, sur la mise en œuvre du nouveau cadre réglementaire du secteur bancaire, dit Bâle III, qui va aller plus loin que prévu en ce qui concerne la rémunération des banquiers. Parmi les vingt-sept Etats membres, seul le Royaume Uni y est opposé, mais il ne requiert même pas l’unanimité, la majorité qualifiée suffit. Alors tu vois, au moins, voilà, ce dimanche 3 mars, les suisses se sont évadés de leur neutralité si souvent raillée, félicitons-les et bonne journée! »

Flight!

Cette semaine j’ai assisté à la projection du film flight, que je vous recommande d’aller voir prestement… Il est tellement éloquent…

L’intrigue se noue autour de l’histoire d’un pilote –incarné à merveille par Denzel Washington- que l’alcool et la cocaïne ligotent. Oui, jusqu’au jour où le sort le réveille, il perd le contrôle de son appareil… Fort de son expérience et de son intelligence, il parvient à sauver presque cent vies sauf que c’est dramatique, sous narcotiques, on refuse de lui accorder de mérite et on préfère engager contre lui des poursuites.

On suit parallèlement une jeune femme accro à l’héroïne et ça nous abomine. On se rend compte que la drogue assassine quand on en manque mais surtout quand on s’en flanque, que ce soit, dans le nez, dans le bras ou dans la bouche…

Ce film m’a particulièrement émue, d’autant plus touchée que j’ai quelques amis, souvent originairement des génies, victimes de cette calamité… Je me suis toujours demandée pourquoi ils l’ont en affection? Est-ce un défi lancé à l’esprit, à la raison? Peut-être pour les plus instruits, mais vous savez pourtant que c’est loin d’être le paradis… C’est une prison, c’est un poison… Si seulement ça apportait un peu de savoir, mais au contraire c’est en fermer le tiroir, c’est un mouroir surtout au moment de déchoir! Oui je sais que la descente vous la redoutez, peut-être autant que la réalité et pourtant vous en redemandez… Quand je vous regarde mes amis tant aimés, quand je vous regarde vous détruire, vous démolir, quand je vous regarde vous bousiller, j’ai comme l’impression que c’est les êtres les plus brillants, les plus bienveillants, les plus frémissants que la vie attache aux stupéfiants. J’ai comme la sensation que c’est eux qu’elle place dans la détresse et qu’elle est là, la source de vos ivresses.

Mon ami, je me sens si affaiblie quand tu me souris, je ne sais pas t’aider, peut-être parce que j’ai peur de tomber. Mais pourquoi tu t’obstines alors que tu sais que ça confine? Pourquoi t’acharner alors que tu sais que tu vas te faire interner?

On va me reprocher de tout confondre. Certains vont me dire que, non, la cocaïne n’exclut pas de la société, qu’elle est un outil commun en soirée, qu’elle permet de mieux fêter sans se fatiguer; ah parce que tu crois que ton euphorie, ton sentiment de toute puissance physique et intellectuel est éternel? Ils vont laisser le poste à l’agitation, puis à l’appréhension et enfin à la dépression. D’autres vont hurler que le cannabis est une drogue douce, bien sûr, si douce qu’elle te rend complètement apathique et te démotive de façon pathétique. D’autres encore que l’effet hallucinatoire du champignon est momentané et sans danger; invention, fabulation et celle-ci est redoutable et puits d’alimentation… Et que dire même de l’addiction aux antidépresseurs, à part que dans ces conditions, ils sont aussi dévastateurs… Et j’en passe et des meilleurs!

Je ne sais que trop bien combien le doute, le flottement, la réflexion nécessaires à la construction, combien aussi l’émotion, les désillusions, les chagrins passagers nous donnent envie de les voiler, de nous cacher. On se déprime et quoi de mieux pour s’ignorer à soi-même, se taire son propre abîme, que de s’oublier, que de se droguer? Rien de pire vous voulez-dire!

C’est dur de parler de soi, de ses émois, de ses effrois, mais c’est vital. Parlez à votre ami, ou à un psy, c’est égal, mais parlez, c’est le principal! Ne confiez pas votre existence à un trafiquant, commerçant, qui n’en a que faire de votre subsistance! N’oubliez pas que l’apothicaire ne sent pas ses drogues, lui n’en prend pas, la plupart du temps! Lui c’est un acheté, un suborné et ses produits sont altérés, sont empoisonnés! Ne participez pas non plus aux idées reçues selon lesquelles le pauvre qui se drogue se met plus en danger que le garçon ou la fille aisé(e)? Ni vos denrées, ni vos volontés ne sont plus contrôlées. Dans les deux cas, c’est le fracas, vous êtes sinistrés!Et ça ne va pas s’arrêter, à chaque prise il vous en faudra plus, jusqu’à l’ultime crise. Comme l’avait déclaré Jim Morrison avec beaucoup d’ironie: « dans la vie, j’ai eu le choix entre la drogue et la mort, j’ai choisi la première et c’est la seconde qui m’a choisi ».

Alors quoi, vous voulez vous enticher d’un tel désarroi, d’une came qui vous noie, d’un destin qui vous foudroie? Et puis vous avez-vu la gueule que ça vous fait? Non, parce qu’il y aurait de quoi pleurer! Je peux vous assurer que nous, sobres, ça nous ferait presque marrer. Alors au lieu de fumer, de renifler, de vous saouler, de vous piquer, riez, rêvez, vivez! Au moins, on ne meurt pas d’une overdose de gaieté!

 

Malade imaginaire!

La grippe ce n’est vraiment pas rose! Depuis cinq jours, je me sens toute chose… Ma toux me rend chèvre, ma fièvre me fait passer mièvre et mes bronches condamnent mes lèvres.  Je me sens si affaiblie que je m’en inquièterais presque pour ma survie. Le lit, mon habituel ennemi du samedi, est devenu mon seul ami « jusqu’au moins vendredi » m’a-t-on dit… C’est vrai, je suis à terre et quel calvaire, même le miel m’est amer, mais croyez-moi, ce n’est pas ce qui me met en émoi. Ce qui me foudroie, c’est la trêve! Parce qu’elle continue sans moi la guerre… La guerre? Ben si la guerre, celle du plus en faire et du mieux le faire!

D’accord, il faut que je vous l’indique, je suis dismorphophobique à un stade critique… Je vous explique: devant le miroir, je me sens comme un cheval devant la porte de l’abattoir. Pis encore, si je suis empêchée de pratiquer un sport pendant disons plus de 36 heures, il me renvoie alors un message d’horreur. Bien-sûr que c’est psychosomatique mais ça pique. Et ma quête de la perfection n’est que plus prononcée dans la seconde dimension, celle de l’action.

Vous comprendrez donc que plus que la souffrance c’est l’impuissance qui m’offense, que ce n’est pas la douleur mais la peur qui me tend les armes du vainqueur.

Pfff, je m’ennuie, qu’est-ce que je m’ennuie… Non, non, le malade n’a pas d’amis! Certains prétendront que, comme l’animal qui sent le mal, l’ami fuit; moi je démens, l’ami respecte ta vanité et ta dignité et attend ton rétablissement gentiment, calmement ou prudemment…

J’ai une santé un peu fragile, mais à force de, j’ai fini par être agile avec les remèdes. Je ne vais plus consulter, parce que comme le souffle un proverbe polonais, le médecin se fait payer, qu’il ait tué la maladie ou le malmené.

Bref, j’en viens aux faits: ce que je voulais vous rapporter, c’est qu’en ces jours un peu lourd, au cours desquels j’avais l’impression que la mort prenait ses quartiers, c’est mon corps qui a reçu une confession et mon âme une leçon. Ils m’ont rappelé que tant que j’ai mal c’est bien que je vis!

Voilà, je me suis reprochée de crier, j’ai pensé à ceux qui sont alités non pas cinq jours mais cinq mois ou cinq années et plus -si affinités avec la plaie- et j’ai pleuré. Je loue leur volonté et je vais vous raconter.

Le 20 novembre 1999, alors que j’étais à peine âgée de douze années, mon père rentre à la maison et glisse un « je dois te parler », discret et inquiété, à ma mère qui avait déjà tout deviné. Il venait de recevoir des résultats d’analyses de sang qui lui annonçaient froidement qu’il allait devoir avoir du cran… Quelques jours plus tard, le 28, devait avoir lieu ma « bat mitzva » et mon père bravait tous les interdits, il avait décidé qu’il en serait, leucémie ou pas. La fête a eu lieu et je vous laisse imaginer dans quel contexte sérieux, dans quel climat caverneux, dans quel vacarme je suis devenue femme.

Après l’écrasant et glaçant festival, mon père a bien dû rentrer à l’hôpital. On lui rendait visite en habits de cosmonaute, comme je me plaisais à conter en jouant les sottes. J’incarnais volontairement et parfaitement le rôle de l’enfant demeuré mais croyez-moi, j’avais largement réalisé qu’il était loin le monde enchanté.

Le 23 décembre, mon père, qui n’avait eu de cesse jusqu’alors de faire preuve d’hardiesse, s’est plaint auprès de l’interne responsable de sa chambre d’un important bleu à la jambe: « c’est rien -lui répondit ce fils de chien- vous avez dû vous cogner, en l’état, ça prend des proportions démesurées ». C’est toi qui es cogné! C’est justement ce que l’on voulait éviter…

Ca n’a pas manqué, le lendemain, la leucémie s’est doublée d’une septicémie et mon père a d’urgence été transféré dans des services plus appropriés. Soir de tempête 99, tout le monde s’en souvient, sur le route pour le CHU de Strasbourg, avec toujours autant de bravoure. A l’arrivée, c’est dans un coma artificiel qu’il a fallu le plonger pour espérer le sauver et ce sont des semaines, des mois ou peut-être des années d’enfer qui ont démarré. Comme si Dieu l’avait dédoublée, ma mère, a pendant quatre mois jonglé entre l’éducation de la petite fille que j’étais et les allers retours à Strasbourg au chevet de l’homme qu’elle aimait. Elle le voyait maigrir et s’affaiblir; son dévouement ne surmontait pas seulement peur et douleur, elle les ignorait courageusement!

Au bout de quatre long mois, mon père est enfin revenu à lui, moins les 30 kilos dont il avait été démuni… Il fallait qu’il reprenne des forces afin de réattaquer la chimiothérapie, mais un corps dont le cœur est malade a-t-il une chance de se rétablir? Parce qu’au réveil, nul ne peut imaginer solitude pareille… C’est la rencontre fracassante, effrayante, terrassante de toi et de ton âme souffrante. Et ça a duré quatre années.

Pendant des mois, j’ai vu, j’ai contemplé même, plutôt admiré mon père qui se battait pour réapprendre à marcher, pour se renflouer, avec la perspective de nouvelles épreuves toujours aussi harassantes. Je l’ai entendu nous dire que s’il y parvenait, c’est grâce à l’amour de ses enfants, de ses amis et surtout de sa moitié. A croire que rien ne vous rend si grand qu’un tel tiraillement. Eh bien non papa, c’est avant tout grâce à toi, si aujourd’hui tu es là, fort et en or, si tu as guéri et que tu as, que tu nous as, reconstruit une vie des plus jolies.

Bien sûr ma poésie n’est pas un remède à la maladie, ni à ma petite bronchite ni à la leucémie subite, mais elle a le mérite d‘affirmer qu’il ne faut pas oublier que chaque blessure est une mémoire, sa cicatrice est un leurre, car même refermée elle est dans nos pensées pour toujours, comme l’est un grand amour. Il faut apprendre la souffrance de l’autre pour l’aider à la surmonter; c’est là une belle occasion d’aimer et de le montrer.

Et comme on le dit en Chine, « qui porte des chaussures ignore la torture de ceux qui marchent pieds-nus », alors quand tu souffres, regarde la douleur de celui qui est en face, elle te forcera à faire face et à voir combien elle est imaginaire par rapport à celle de ton père.

 

Suite…

Papa,
Hier soir j’ai pleuré fort,
Aussi fort que je t’aime mon papa,
Resurgissait combien tu m’avais manqué.
Je me souviens encore de cette première fois,
La première fois que tu te réveillais de ce long, trop long coma et que je venais te retrouver.
Je questionnais maman,
Ressemblais-tu -en mieux ou en pire- aux rescapés de La Shoah?
Étais-tu toujours Toi?
Pourtant, mon seul véritable souhait,
Celui pour lequel j’aurais fait rompre tout un empire,
Mon seul souhait, c’était de t’enlacer.
L’infirmière m’interdit ce merveilleux moment,
En m’expliquant tendrement que tu étais trop fragile pour l’instant.
Si seulement elle avait deviné combien je l’étais aussi!
Depuis on s’est trop rarement serrés dans les bras, Papa.
Heureusement, tu es toujours là…
Je t’aime Papa!
À ton courage mon Papa!

Le mariage de mon meilleur ami

Ce soir c’est le mariage de mon meilleur ami… Ah je devine la peur dans ton regard… je te promets que je ne vais pas être barbare.

Je viens vous raconter l’histoire d’une amitié.

Voilà qu’un jour lors d’un voyage annuel, je croise la route d’un garçon pas très conventionnel, Michael.

Michael, je t’assure, j’ai l’air bien engagée mais je vais faire dans le léger.

Je ne peux pas vraiment vous expliquer comment, mais suite à une simple œillade, il est immédiatement devenu mon camarade.

Très vite, on a échangé et on s’est adorés. Il faut dire que l’on possède au moins un trait commun, un sentiment assez mal dissimulé de supériorité, mais en toute simplicité!

Alors voilà que dès le premier jour, on a trouvé qu’il serait de bon aloi d’organiser entre nous une sorte de concours: mission, faire que tous nos cobayes déraillent, mettre tous nos pions en l’état de subordination, la magistrale et royale intention de consécration, bref l’idée timbrée d’en faire le plus chavirer; en résumé il s’agissait d’assujettir, d’asservir même, le plus grand nombre de cœurs et tout ça pour les honneurs!

Je passerai sur le fait que Michael prenait justement le jeu très à cœur et je concèderai en toute humilité que l’on a bien dû finir à égalité.

Néanmoins, n’imaginez pas que notre amitié s’est limitée à cet amusement inélégant et tellement divertissant, ah non non non notre lien s’est avéré bien + fort que nos vilains accords car c’est une complicité, une fraternité qui est alors née.

Le jeune bourreau des cœurs n’est pas seulement un ramoneur -je voulais dire un rieur- il est aussi plein de rigueur, il est un ami loyal et donc royal, puis un ami instruit et érudit, ainsi il est plutôt utile, vous avouerez que c’est agile!

Nous avons deux tempéraments brûlants, si si c’est avéré! Alors des différends, de temps en temps, mais jamais longtemps. J’ai compris qu’un véritable ami, c’est aussi un témoin, celui dont l’œil bienveillant permet d’aller en progressant. J’ai admis que l’amitié, la vraie, ne bute pas contre les disputes et le chemin qui mène au pardon n’est jamais long: Paris-Agadir c’est combien? trois heures en avion, eh ben voilà trois heures d’abnégation!

Voilà qu’un jour, alors que Michael était venu, ici à Paris, faire les quatre-cent coups avec nous, ses amis, il rencontrait dans le marais, celle qui allait devenir la femme de sa vie.

Il m’a immédiatement téléphoné pour m’en informer et je me suis écriée: « Exceptionnel, la suite du duel! »

Lorsque le soir j‘ai vu arriver une beauté plutôt réservée, là j’ai compris que j’allais perdre le concours. De toute évidence, il allait le trouver avant moi l’amour.

Quel agacement, et puis pour couronner le tout la copine survoltée de la beauté complètement exaltée qui hurle sans tabou « le bisou, le bisou ».

Vous savez que dans le dictionnaire du diable, l’antipathie se définit comme le sentiment inspiré par l’ami d’un ami?

J’ai bien essayé de tout lui trouver mais Michael s’est fâché et il a bien fait. Je me suis résignée et une fois que Sarah a accepté de me pardonner, j’ai découvert une formidable personnalité et il a bien fallu que je reconnaisse que c’était une princesse.

Aujourd’hui je suis plus qu’heureuse de vous voir vous marier et Michael, je ne te laisse pas tomber, un ami dans la merde reste un ami ;-).

Je vous aime très fort et vous souhaite une vie en or.

Soylent green…

Après Findus, voilà que la société agroalimentaire Spanghero, principal fournisseur sur le marché européen de viande de bœuf est montrée du doigt; on y aurait trouvé plus de quarante tonnes de viandes chevalines, impliquant de fortes suspicions de substitution.

La PME Comigel, qui a fabriqué les révoltantes lasagnes à la viande de cheval distribuées par Findus et Picard, dont  le siège social est à Metz et dont l’usine de production des plats incriminés se trouve au Luxembourg, a porté plainte contre X en France et au Luxembourg pour tromperie, falsification et escroquerie. Elle assure bien-sûr qu’il lui était impossible de déceler la supercherie orchestrée par son ravitailleur susnommé. Motif: cuisson sans décongélation, rendant indétectable la « tromperie organisée » par sa couleur et par son odeur. Et puis, « elle portait l’estampille sanitaire française apposée par Spanghero », s’est défendu le président de Comigel!

Je cherche à savoir ce qui suscite l’indignation? Est-ce la trahison, la traîtrise, la carotte –oui carotte c’est parfait dans cette situation- la carotte qu’ils nous ont mise qui nous scandalise? Ou n’est-ce pas plutôt parce que l’on sanctifie le fidèle destrier, la belle monture à fine allure, le fier alezan si élégant que l’on crée l’événement?

Ah bon? Ça ne se fait pas de manger du dada? Parce que les vertus seraient au bœuf et le vice monterait à poney? Oh non non, c’est parce que le bourrin est le meilleur ami de l’humain! Et pourquoi cuit vapeur il ne serait plus dans nos cœurs?

Blague à part, c’est vrai que c’est un beau barbare mais jamais un bon cheval ne deviendra plats cuisinés alors s’il est condamné?

Si l’on suit un certain courant de pensée, manger de la viande c’est déjà commettre un homicide irraisonné; la viande de cheval ce ne sera peut-être que la quintessence, l’excellence, le nec plus ultra de ce que l’on trouvera? De manière plus particulière, en Angleterre…

Je suis d’accord que le faux semblant est inconvenant, même très déplaisant, voire traumatisant, mais on le sait, l’honnêteté n’a jamais fait manger. Peut-être qu’il vaut mieux être cheval que charrette!

Alors voilà ce à quoi, moi, j’ai pensé… Avez-vous vu le film des années soixante-dix « soleil vert » réalisé par Fleischer et inspiré du roman de Harry Harrison? L’action du film se déroule en l’an 2022. New York baigne alors dans une étrange lumière jaune, qui a détruit la flore et la faune. Très peu de terres sont encore cultivables et les habitants qui n’ont pas les moyens d’acheter des produits naturels, à cause de prix exorbitants, consomment un aliment de synthèse développé par la multinationale « Soylent »: le soylent green (contraction de soybean-lentil soit lentille de soja). Au fur et à mesure des pérégrinations de Thorn et de son ami Sol, l’on découvre que le soleil vert est composé de cadavres humains. Tout ceci, grâce à une immense manigance des pouvoirs publics, de mèche avec les industriels: des manipulations, des malversations, de douteuses tractations pour détourner les corps de l’incinération et conserver les précieuses denrées. Quand on sait que les faits ont lieu en 2022 et que l’on prête au thriller la qualification de figure d’anticipation, on est en droit de se projeter…

Et si dans moins de dix ans, on découvrait des bouts de nous dans le ragout? Et si la fiction ne s’appliquait jamais qu’à dépeindre ce qui se profile à l’horizon? Vous trouvez ça barjot, oui c’est un peu dingo, mais songez un peu aux camps de concentration, ça va vous faire tout drôle.

Bon d’accord, ce ne sont que des divagations à visée exclusivement rhétorique mais enfin, comme disait Charles Baudelaire dans l’Art Romantique « tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais ».

Et si vous perdez aux courses, il vous sera permis de prendre votre revanche, en achetant des lasagnes…de cheval…avec un peu de chance!