Author Archives: charlotteticot

« Hum Charal… »

Depuis quelques jours, les clients ont pu constater dans certains supermarchés l’installation de systèmes d’antivols sur les emballages de viande; une mesure qui fait suite à la recrudescence des vols de steak, survenue à la période de Noël.

A croire que la crise n’est pas qu’une manipulation politico-médiatique finalement?!

Autrefois, c’étaient les cosmétiques qui figuraient au premier choix des chapardeurs; aujourd’hui on chipe pour un besoin aussi élémentaire que celui de se nourrir.
Nous voici rendus au temps des Misérables, préfigurant –j’ose l’évoquer- la Révolution Française! A bon entendeur!

Alors que faut-il en penser?

L’article du Code Pénal faisant état du « statut de nécessité » disculperait a priori un tel pillage, à condition que le butin permette à maman de fournir les aliments à son enfant : cohérence plus qu’indulgence, non?

Et puis bonheur aux agriculteurs : la filière agricole vient à l’instant d’être relancée et s’apprête à toucher le pactole! La barbaque devient un produit de luxe et d’opulence!

Le PDG de Charal aurait été bien inspiré d’épargner nos oreilles pour gagner son oseille, de se garder des dépenses colossales engagées en publicités et de faire preuve de patience puisque son heure vient de sonner.

A moins que toute cette histoire ne soit qu’un nouveau moyen de sursoir au scandale?

Depuis l’affaire du cheval, ah, il a pris cher le bœuf!

Encore faut-il rappeler que dans certaines contrées, l’on chasse encore le gibier…
Ce sont les végétariens qui doivent bien se marrer…

Eh ben, on est mal barrés!

(Inspirations : Nabil Drissi)

Rue Saint-Denis…

Un jeudi d’hiver, alors que je venais d’avaler de travers, après l’adoption par l’Assemblée Nationale du texte bancal de la proposition de loi qui –je cite- vise à lutter contre la prostitution, je décidai d’enfiler mes jambières et mon cache-misère, mes talons aiguilles comme d’ordinaire chaussés à mon pied, et d’aller rendre visite, rue Saint-Denis, aux experts de la bite afin de m’entretenir à ce sujet avec ces derniers.

Sans grand étonnement, les propriétaires de sex-shop, prudents et patelins, m’ont assuré « ah nous? Nous ne sommes pas vraiment concernés… » Ah oui? Et la fille qui est planquée derrière le rideau, elle est là en déco’?

Bref, je sortis de « Royaume Kiki » et repris mon chemin jusqu’à rencontrer lesdites prostituées. Je dois préciser que j’étais alors accompagnée, craignant un peu de me cogner aux réactions énervées voire au danger… Préjugé, conséquence de mon ignorance du suspect! J’y ai coudoyé des femmes sublimes et bien plus magnanimes que les légitimes! Chacune s’est laissée aller à me conter un petit bout de son histoire, aucune n’a manqué de m’émouvoir.

A l’issue des entrevues, je suggérai aux filles de faire le récit de leur vie… devant caméra. Le ton changea! J’entendais bien que les filles de joie ont aussi le droit de préserver leur famille, mais j’étais obsédée par ma volonté de crier à Najat Vallaud Belckacem combien son projet est extrême et tranche trop vite le dilemme sans considérer l’hétérogénéité des réalités. Et je n’allais pas tarder à ratifier mon présupposé.

Au crépuscule, je m’apprête à regagner mon véhicule… J’emprunte la rue Blondel et je bouscule la dernière bagasse de la place. Qu’est-ce qu’elle est belle! Un mètre quatre vingt, un corps de mannequin, des traits aussi finement dessinés que ses pensées et sa subtilité semblaient aiguisées, un sourire de sainte, une femme des rues oui… mais loin d’être de petite vertu; elle avait de l’or dans les mains, elle était à elle seule un empire et elle était là, glissée dans le linceul d’une marie-couche-toi-là, avec pour couverture de ses ébats, son hallucinante fourrure.

Je m’approchai à petits pas de cette dame aussi fascinante que troublante à l’étude de mon éducation et de mes viles certitudes : bien sûr, son quotidien m’inspirait le mélodrame et sa destinée la fatalité.
Sans surprise, la première question que je lui adressai :
– « Sous l’emprise de qui es-tu pour avoir fait du trottoir ton territoire? »
Avec beaucoup de délicatesse, elle répondit à ma maladresse :
– « Ma chérie, je suis une tradi’ moi, personne ne me contraint! »
– « Pourquoi tu n’es pas serveuse, vendeuse ou encore comédienne avec ton minois? » Persévérai-je.
– « Mais ma chérie, tu sais combien je ramasse en tant que péripatéticienne? Ici, c’est vingt mille par mois, je ne suis pas une chienne, je ne travaille pas pour deux mille moi!
Il ne faut pas que tu te tracasses, il n’y a jamais de violence de notre côté du pavé, on se débraille en toute tranquillité, nos clients sont des habitués. Tu veux que quelqu’un t’explique tout ça devant ton machin-là? Donne-moi ton numéro de téléphone, je le remets à notre porte-parole qui va se faire un plaisir de t’appeler, elle en raffole! »

Je rentre au bercail, les idées en pagaille. Mais c’est vraiment un métier être prostituée? Grande nouveauté pour ma cervelle de bourgeoise arriérée! Je pris le parti de balancer tous mes préjugés sur ladies très courtoises à la poubelle -quoi qu’on en dise- et de parfaire mon expertise.

Mon compère, qui avait quelques précisions à m’apporter sur l’affaire, se proposa de m’escorter afin que je puisse poursuivre mes investigations et le lendemain, au coucher du soleil, nous nous rendîmes dans les abîmes, du tristement pérenne Bois de Vincennes… Quel ardent réveil!
– « Vous parlez français? » Je les accostai plus prudemment que la veille…
– « Non, je ne parle pas le français. »
– « Ca va être chaud » -m’asserta mon alter ego- « elles sont méfiantes et pas des plus chouchoutantes »
– « Eh ma belle! » m’interpella l’une d’elle « tout le monde ici comprend ce que tu dis, mais elles ont toutes peur de leur protecteur, elles ne se confieront pas, crois-moi. »
– « Et toi? »
– « Moi » -poursuit-elle- « non, je… je ne sais pas… »

Je sentais qu’elle était prête à céder quand débarqua la co-propriétaire de son camion-la misère… Cette dernière négocia avec moi un petit billet pour s’exprimer puis une fois l’argent dans le vêtement, passa le relais à l’autre fille de joie… enfin de joie… Elle me confia que là, devant moi, toutes étaient nigérianes et que ce qu’elles redoutent, plus encore que leurs lianes qui certes les révulsent -quitte à ce qu’elles se damnent- c’est qu’on les expulse et les condamne, elle et les siens, à dormir dehors ou à mourir de faim. En effet, tout ce qu’elles gagnaient, m’apprit-elle, elles l’envoyaient au Nigeria.

Quelques lampions plus loin, dans un autre camion, j’aperçois une Black Panther, gamine mais divine femme-galante, qui me sérine le même discours, à ceci près que de son côté les trente Euros de « la pipe et l’amour », elle les remet en intégralité à son maquereau, qui n’est autre qu’une mama, scandaleusement exigeante. Et quand il lui reste un excédent, chuchota-t-elle, c’est à peine suffisant pour se mettre quelque chose sous la dent. J’en ai le cœur soulevé et je leur demande alors ce qui leur faudrait pour se relever. « Des papiers » me répondent-elles en chœur… No comment!

Dimanche, Gaby m’appelle, elle est la voix des belles-de-nuit et entre deux manches, souhaite partager avec moi son sentiment sur cette vilaine loi! Chouette !

Lundi, donc, je me rends à son appartement et je monte camera au poing pour comprendre les raisons de son choix. Elle n’a pas honte, elle me raconte même qu’elle a tenté de se diriger vers ce qu’elle nomme « la normalité » mais qu’elle l’assomme, elle se plait à être celle qui console l’homme esseulé ou mal-aimé, elle est leur psy et leur amie bien plus souvent qu’elle n’est leur catin ou leur putain! Et quand je me risque à aborder l’amende qui punira ses futurs clients, si la proposition de loi est adoptée par le Sénat, en lui suggérant de désormais annoncer ses prix ainsi : « 50 + 1500 Euros, amende comprise » elle a l’humour et l’esprit de répondre à ma sottise par un éclat de rire et toujours avec le sourire me livre son effroi face à l’incohérence de cette loi, qui supprime le délit de racolage passif, ôtant le caractère prohibitif à leur activité, leur offrant une parfaite légalité pour pénalement dissuader les consommateurs d’orgasme. Quel marasme! Et ce sont elles que l’on appelle femmes légères? A la bonne heure!
Sans oublier le frustré, en manque de lubricité et de sexualité, désormais effrayé qui –oui je sais c’est cliché- mais ne pouvant solliciter les services de sa traînée bien-aimée sans se hasarder à recevoir un coup de bâton, va préférer y sursoir pour enfoncer le sien (de bâton) dans la première infortunée qui traversera le square… Et Madame est Ministre de nos intérêts… Eh ben!
Voilà, au moins un phrasé censé de Madonna : « le sexe, Madame la Ministre, ce n’est jamais sale que quand on ne se lave pas. »

Ah, j’allais oublier… Gaby me confessa une dernière chose…
– « Allez si, j’ose! Nous serons sauvées, oui je vous promets, par les personnages publiques, stars et autres politiques, qui aiment tellement la nique, qu’ils viendront éternellement, casque de moto vissé sur le ciboulot, faire leur excursion-pénétration. »

Et vous me demandez ce que j’en pense? Eh ben, on est mal barrés!

Un prophète

Monsieur Luc Offerlé, accroc au journalisme indépendant et dirigeant du groupe Pressendo, fait déferler une vague d’humanisme, lequel va -ces derniers temps- diminuendo dans notre société.

Son idée? Proposer d’offrir le travail de rédaction, de préparation de contenu, alors réalisé par sa structure, à des détenus ayant accès à un certain degré d’éducation, d’érudition ou simplement de culture.

Il s’agira de modes d’emploi ou encore de descriptifs de produits écrits sans émoi, de catalogues à dessein informatif et non incisif ou de témoignages d’utilisateurs, en vogue pour l’heure.

Leurs outils? Pourquoi pas des interviews téléphoniques sur autorisations motivée et la création d’applications spécialisées pour une utilisation spécifique de données, sur un ordinateur fourni à cet effet et bloqué, ne donnant accès qu’aux renseignements domiciliés et nécessaires pour l’affaire.

Monsieur Offerlé pense à la réinsertion des prisonniers et on ne peut que l’en féliciter.

Mais Monsieur Offerlé songe aussi à améliorer l’impact de l’entreprise sur la société. D’abord au sens large, car aujourd’hui l’entreprise se voit aussi conférer une valeur immatérielle, morale, sociale et sociétale : pour preuve leurs obligations annuelles en terme de développement durable et la publication affable d’un rapport de bonnes actions, dit d’activité et de diversité ou RSE (responsabilité sociétale des entreprises).
Mais encore, projet bien heureux en terme de marges pour ces boîtes, car c’est une main d’œuvre gratuite qu’elle exploite pour qu’elle édite un énoncé qui sans doute mérite le tampon qualité.

Jusqu’à présent, les firmes ne consentent qu’à confier des prestations manuelles aux personnes incarcérées, affirment qu’elles restent réticentes quant à l’opportunité de remettre à leurs soins des points intellectuels et qu’elles rechignent à permettre à des condamnés pour peines aggravées, tel crime viol et autres atrocités, de prévoir un retour post séjour de pénalités, bref post captivité.

Pourtant en ayant recours à ces derniers, c’est bien à leur secours qu’on entend voler. D’autant que ce philanthrope, bienveillant et bienfaisant, prévoit que le résultat de son propre bilan écope d’une diminution de 20 % au profit de l’instruction desdits malfrats.

Doit-on être sur la défensive à l’endroit de cette jolie initiative? Sa vertu projective ne préviendrait-elle pas la récidive?
Pour le condamné, l’instruction provenant de sa propre action sera la voix de sa libération. Elle finira par donner un sens à sa sentence, elle lui évitera qu’il ne crie le mot vengeance, ne pleure sa peine et ne s’enchaîne, elle lui ouvrira simplement une fenêtre pour apprendre à être et à bien être. Lui fournir les clés du devenir, sans le rendre prisonnier des faveurs qui lui sont faites, c’est lui offrir un empire! Quel homme peut priver un autre homme de la plus pure des libertés, négliger ses blessures, lui imposer censure, sans être attachée lui-même par des préjugés insensés? Cet homme est peut-être beau, il attend juste que tu gommes ses barreaux. Ne mérite-t-il pas une seconde chance? Quelle intolérance! Qui te dit que dans ce corps qui a commis une erreur, il n’y a pas un homme en or qui se débat et n’aspire qu’au bonheur? Peut-être voit-il la liberté plus belle qu’elle ne l’est mais dans cette pièce carrée, il ne demande qu’à s’évader : otage de sa conscience, la connaissance pour blanchissage. Voilà entre tes mains, l’antidote du venin qui le grignote et le ligote, et tu conviens de te faire l’un des soldats du mouroir de ses espoirs? Il me semble d’abord que, pour être appelé à en juger, tu devrais te proposer pour y séjourner quelques jours dans cette pièce carrée…

« Notre prison n’a que trois murs et c’est contre le quatrième que le prisonnier s’acharne, sur ce quatrième mur invisible qu’il écrit ses amours et ses rêves ». C’est cette phrase de Jean Cocteau qui m’a appris que l’ouverture c’est l’écriture. Les rencontres ont été pour moi autant de perte d’illusions que de petites incarcérations et pour continuer à voler très haut, je me suis libérée de la terre pour approcher des airs et devenir finalement la mère de mes propres perceptions et observations. Et je n’écris pas pour professer mais pour raconter et je laisse à chaque âme le soin de se souvenir et d’y revenir, comme le proclame le Zohar.
William Shakespeare disait qu’il n’est jamais trop tard pour l’homme en captivité, puisqu’il porte « dans sa main gauche, le pouvoir d’anéantir sa servitude ». Moi je pense que sa main droite contre la solitude et l’étude contre la turpitude seront les alliés de son salut et je me battrai aux côtés de Monsieur Offerlé pour qu’ils y aient accès.

En France, la taille des cellules est ridicule eu égard à ce qu’exige la Communauté Européenne et les conditions de détention sont une offense à l’âme humaine. Mais il n’est jamais trop tard pour réparer ce drame et alléger leur pénitence. J’invite, j’incite entreprises de sous-traitance et autorités de gouvernance à soutenir le projet de Monsieur Offerlé et à y investir leur intelligence avec autant de bon sens que de condescendance.

Poule qui caquette, député sur la selette

J’ai mis du temps à le pondre cet article, mais j’attendais que l’on déblaie les fientes de l’hémicycle avant de tondre les protagonistes à mon tour, parce que je dénonce pour l’un son imprudente impertinence, pour l’autre son outrecuidante suffisance en réponse.

Je ne vais au pire que répéter ce qui a déjà été rapporté mais il faut dire que par manque d’humour, Véronique Massonneau qui n’aurait pu être oiseau que le temps d’une intervention, voit sa réaction délivrée, mélangée, assaisonnée dans un bon bouillon de poulet! Ah, elle peut le remercier Philippe Le Ray, depuis qu’il a fait « cot, cot » elle a la cotte Madame la députée!

Et pauvre Monsieur Le Ray, je ne suis pas certaine que ce soit ce qu’il souhaitait : pour s’être un peu amusé, voilà qu’il a offert une jolie publicité à son amie la poule qu’il n’a finalement mangée qu’une fois, pour qu’on lui casse les œufs cent fois.

J’en entends déjà hurler que je ne défends pas assez les intérêts de ma « catégoriette ». Je l’admets… je ne suis pas une suffragette! Non pas que je sois égoïste, je pense simplement, à l’instar de Sacha Guitry, qu’une femme, une vraie femme, ne peut et ne doit être féministe parce qu’elle serait bêtement idéaliste mais plutôt faire preuve de réalisme et d’un esprit critique aussi avisé qu’aiguisé sans que le mot « sexisme » ne soit lâché avant qu’il n’ait été invité, sans qu’on ne crie au drame dès qu’une dame est concernée.

Bon d’accord, mimer la poule ce n’est pas insignifiant… mais faites un effort, imaginez que peut-être il chantait pour l’aider à pondre un projet, eh? Et puis c’est bien Monsieur Thiers qui clamait dans la même Assemblée, il y a exactement cent cinquante années, que s’il faut tout prendre au sérieux, rien n’est à prendre au tragique; alors aujourd’hui voyons… considérons que ce n’était jamais qu’un petit pique!

Toujours est-il que Monsieur Le Ray aurait dû lire Lao She, il aurait ainsi pu prédire que même les poules les plus dociles, quand elles sont attaquées se débattent. Quand court le renard, la poule a des ailes… Et suite à leur querelle, Madame la députée n’a pas hésité à les déployer pour éviter que l’on écrase ses œufs et réserver au goguenard malheureux le sort d’un cafard dans un lieu parfaitement nettoyé.

Tête baissée, comme une poule au petit bec qui picore grain à grain, elle s’est bien gardée de riposter, armée d’un certain vice et d’un soupçon de malice, faisant alors passer le chapon pour un fumier aux yeux de tous les français.

La poule a même fini par plumer le coq, puisque suite au choc, Monsieur s’est vu sucrer un quart de ses indemnités, prix de sa mauvaise plaisanterie. Pas la peine d’avaler un comprimé de cyanure, qu’on le rassure, il ne s’agit que d’une sanction provisoire, ses déboires n’entacheront a priori pas son futur! Mais le député, dépité, retiendra désormais ce merveilleux proverbe martiniquais : « celui qui mange des œufs, ne sait pas si la poule a mal au derrière ».

En tout cas, Claude Bartolone a sévi -c’est presque une première- et a ouvert la porte du grenier à orge à celle qu’avant l’on pensait pigeonne!

Reste à savoir si chassant la mauvaise poule, Philippe Le Ray n’a pas également laissé la sienne s’envoler.

On retiendra enfin qu’on ne peut mettre sans pagaille, toute cette volaille dans une même basse-cour, pour finir par rappeler, que ce sont ces personnes qui font le jour sur notre devenir, en débattant, amendant et votant les lois qu’il sera, de notre côté, de bon aloi de respecter! On est mal barrés!

Au revoir

C’est l’histoire de deux personnes que l’existence et les espérances, le passé et les souhaits, les désirs et le devenir opposaient diamétralement, formellement, insolemment… Pourtant -en dépit des apparences- ces deux personnes prédisposées à se détester allaient passer, dans le secret, leur vie à s’aimer… Elles s’aimeraient tant, que dans le miroir, c’est l’autre que chacune finirait par deviner, c’est l’autre qu’elle regarderait, c’est l’autre qu’il corrigerait.

Une symbiose, une parfaite osmose, voilà comment caractériser leur pérenne attachement et bien que le bruit de leurs chaînes résonnent à la manière d’une rengaine, jamais aucun n’ose.

Est-ce triste? Oui, un peu… Oui mais à la fois pragmatique, puis unique et en même temps savoureux, comme pour tous amoureux qui se résistent. Ils savent bien eux, qu’une vie à deux briserait leurs bracelets… et c’est loin… c’était loin d’être ce qu’ils voulaient.

Lui, avait grandi seul et sa vie ne lui avait tendu qu’un linceul pour faire office de couverture. Alors, il lui fallut cogner dur pour exister; sans amour –tant pis- au moins il respirait.

Elle, petite fille choyée et encouragée, aujourd’hui a priori femme accomplie, était en fait un guerrier de l’ombre, tant elle résistait à tomber dans la conformité, tant elle se battait pour ne dépendre de quiconque ni ne se rendre quelconque; comme si elle avait vécu l’expérience… ou non, comme si elle était habitée par la conscience de son bien-aimé, comme si elle essayait de rassembler les décombres de ce dernier.

Elle embourgeoisée, lui inapprivoisé; elle éloquence, lui silence; lui encaissant, elle touchante; lui poignant, elle bouleversante; mais ensemble les voici aussi irascibles qu’invincibles si bien que tout le monde en tremble.

Ils s’étaient rencontrés un soir de février et à cet instant, leur destin commun venait d’être scellé. Il se souvient encore de ce qu’elle portait, de son regard puissant…transperçant! Immédiatement, il essaya de souffler sur la flamme, trop inquiet qu’il était d’y laisser sa liberté. Mais il était trop tard, elle avait déjà pénétré en son âme et il était plus épris de son élégance que de sa propre indépendance!

Ils décidèrent de se voir trois fois par semaine et c’est ce qu’ils firent, sans faillir, pendant deux années entières. Ils se connaissaient par cœur, se décryptaient sans peur, s’entraidaient à toute heure!

Jusqu’au jour où, au détour d’une promenade nocturne dans des sentiers malfamés, ils s’embrassèrent… C’était comme si leurs lèvres venaient de tenir une interminable grève; ils ressemblaient à deux soldats, en trêve, au crépuscule d’une effroyable guerre. D’habitude taciturne, il achevait la ballade en lui susurrant « Pour toi, je brûle, alors ne réfléchis pas, vis ce rêve avec moi! »

A cette seconde, aussi profonde qu’eut été sa quiétude, il venait de renoncer!

Pourquoi, me demanderez-vous? La réponse est quelque peu absconse.

D’abord, en raison de son vécu, du temps qui s’était écoulé, sans que jamais on ne lui donne ce qu’il attendait : juste une caresse, juste un peu de tendresse! Il s’était résolu à enterrer sa rancœur au fond d’un trou, mais son cœur avait glissé aussi et il avait choisi de l’y laisser, pour éviter qu’à nouveau il ne déguste. Après tout, pour lui, aimer n’avait jamais été que synonyme de souffrance et ce depuis sa naissance, alors une romance, c’était du délire! Pourtant, elle, elle aurait bien abandonné un empire pour son sourire.

Encore, parce qu’il était plus aisé pour lui de se priver de cette divine emprise plutôt que de la maitrise. Son admiration était à la fois si passionnelle et si rebelle que ce qui l’effrayait c’est ce qu’il découvrirait s’il s’apprenait. Elle était son étoile et elle était si belle… qu’il voulait à tout prix l’arracher à une désillusion éventuelle. Il lui semblait alors plus facile de poser un voile sur son idylle plutôt que de renoncer à l’idée infertile qu’il se faisait de lui-même.

Mais enfin, ne vous méprenez pas, ils continuèrent à se voir, à s’émouvoir. Ils ne purent y surseoir car qu’y a-t-il de plus insoutenable que de rejeter ce que l’on connait, ce que l’on ne peut oublier, tant on a aimé? Oh, tantôt il feignait l’indifférence, tantôt il était mal aimable, tantôt il cultivait même le pessimisme voire le nihilisme à son égard, mais il n’y pouvait rien, c’était l’accoutumance qui tenait sa barre.

Elle était tout pour lui : sa chance, son enfance, sa réjouissance, même ses longs silences et son essence. Elle était tout, mais jamais il ne se désarma, ni ne se débarrassa de sa satanée prudence!

Un soir, alors qu’un vent frais faisait voler les feuilles d’automne, elle le pria de bien vouloir venir la voir et ils se retrouvèrent sur les sentiers où pour la première fois ils s’étaient embrassés. Elle lui apprit en larmes qu’elle devait s’en aller… Oui, elle était soldat de l’armée française et était appelée à prendre les armes en Syrie, où la guerre venait d’éclater. Il sécha ses larmes en lui jurant qu’ils se reverraient et ils s’étreignirent comme la première fois.

A cet instant, tout paraissait s’être figé, tout avait disparu autour d’eux, toute la misère du monde s’était effacée, il ne restait qu’eux deux et leurs adieux.

A cet instant, il sut que jamais plus personne ne le ferait pleurer; à cet instant, il sut que désormais il se mourrait d’ennui et qu’il s’était exposé à la désirer ardemment pour la vie.

Elle était à jamais son éternité!

Je rêvais d’être une actrice

Je rêvais d’être une actrice, une de celles qui sont éternellement belles, de celles qui sont immortelles, celles dont on accepte les caprices… Oui j’en rêvais, mais une fois le compte fait, j’ai vite été désenchantée!

Jeudi dernier, je rejoignais pour le café, dans un restaurant branché à la parisienne, un ami qui achevait un diner, escorté par une beauté, la quarantaine entamée, sans pour autant qu’on ne l’y ait accompagnée. Abrégeant l’élégance un peu plus qu’il ne le faut, elle repoussait ses chances… pourtant en pleine quintessence.

Comme ces femmes un peu désemparées qui se livrent trop, trop tôt, avec empressement mais sans cupidité, juste avec ingénuité, espérant rentrer rassurée, elle se mit à se raconter. En substance, cantonnée à des rôles d’une légère importance dans quelques séries télévisées, cette femme que la moitié du pays ignorait -la moitié qu’elle guignait- cette femme l’avait en travers! Elle qui à ses débuts souhaitait figurer parmi les demoiselles en vue -celles que l’on appelle « les grandes dames du septième art »- était devenue la prisonnière de ses premières apparitions, loin du cinéma qui la boudait et le moment de la désillusion était arrivé : il était déjà trop tard…

Elle se mit donc à faire le récit de sa vie. Une vie? Un calvaire… Autant de castings foirés que de brushings sans effet, puis un lifting sans utilité, des matchs au cours desquels on l’aura poussée jusqu’à ce qu’elle déclare forfait. Enfin, comme une pro du catch, toute une existence sur un ring, tout ça pour un espoir : la gloire… en vain…alors sa simple subsistance, et encore… jusqu’à ce que l’ivresse, non plutôt la détresse la presse d’ôter son string… tout ça… pour rien!

Femme regardée, femme désirée? Mais au prix de quelle liberté? Cette femme qui rêvait d’être convoitise était devenue marchandise, enchaînée à son image, et pour ceux qui l’adulaient elle n’était jamais plus qu’un mirage… A mesure des années, son mariage, dernier bastion de sa vertu, de ce qui lui restait de pur, avait cédé face à la sévérité des orages qui avaient grondé au-dessus de son aura étouffée. Et la voilà esseulée à se dévisager dans la glace, finissant par y mirer un histrion plus qu’une fille épanouie et en pleine consécration.

Et ce n’est pas fini! La beauté qui clamait sans modestie qu’on lui avait préféré Alice Taglioni, jouant les pudibondes tout en se hissant à son égal en la qualifiant de « rivale », affirmait qu’elle n’échappait pas pour autant aux commérages d’usage : finalement « la blonde est banale! » médisait-elle. En réalité, vous l’avez deviné, c’est bien l’indifférence qui lui était fatale.

Une comédienne peut habiter mille corps, s’émanciper au milieu de mille décors au cours de son existence et oublier la sienne jusqu’à sa propre naissance! A défaut qu’elle ne s’appartienne, elle est l’objet d’un metteur en scène, la propriété du public qui la rassérène, l’apanage de ses personnages. Elle se contemple de l’extérieur jusqu’à ce que sonne son heure! Oui, le hic c’est que dans ce cas, à l’instant où elle tirera sa révérence… elle passera soudainement de l’abondance à la déchéance, de l’effervescence à la déliquescence puis… doucement… va s’ensevelir jusqu’à en périr.

Et si Ethel Barrymore n’avait pas eu tort? Pour réussir, il eut fallu qu’elle ait « le visage de Vénus, le cerveau de Minerve, la silhouette de Junon et la peau d’un rhinocéros »… ce n’était pas gagné! Et ce n’est pas pour m’exprimer avec une certaine verve que je vise en particulier le cerveau de Minerve…

Alors mes rêves, s’il vous plait, prenez la relève, emmenez-moi sur les planches, sans jeu de hanches, ma prose pour servir des causes bien fondées, mon éphémère renommée pour tenir mon porte-voix, car nos rêves, ceux qui nous portent sans trêve, voilà ce en quoi je crois.

 

Syrie : «je vais te montrer de quel bois je me chauffe!»

Voilà le sens des termes que les différents chefs d’Etat caressent prudemment mais récurremment depuis les évènements dont il est question : certains sont fermes, d’autres en proie à l’indétermination. Notre cher président, dans la dépendance de sa maladresse sans vacances, exécute la danse des oscillations, des va-et-vient : une prouesse puisqu’il ne perd pas l’équilibre… Enfin…

On est libre de se positionner comme bon nous semble quant à l’opportunité d’une intervention armée. A mon sens, c’est même très difficile de trancher une affaire aussi sensible que celle-ci tant elle promet d’abord d’être lourde de conséquences pour le Moyen-Orient -mais aussi, cette fois-ci, pour l’Occident- et encore parce qu’évidemment, en ce qui concerne la politique étrangère, nous sommes bien certainement informés de travers. Il n’y a qu’à écouter France Inter. Voilà que ce matin, les masques tombent (sans jeux de mots), l’utilisation de l’arme chimique est soudainement imputée aux rebelles par un enseignant flamand jusqu’alors retenu en captivité : l’allégation d’affectation de l’emploi de la bombe au régime syrien, fut-il tyrannique et responsable de nombreux moments d’effroi, part à la poubelle. Mais qui est le coupable, c’est rien! A la bonne heure…

Alors quel est le véritable enjeu? L’idéologie? Non, mieux, la philanthropie? Allons bon…

Il paraît logique qu’il s’agisse de la détention de l’engin chimique et la supputation de possession d’un argument biologique, bien sûr, c’est  fort ça, on aime, ça choque l’opinion publique. Pourtant, historiquement, idem au Kossovo ou en Irak dans les années quatre-vingt, même arme, même drame, mais moitié moins de vacarme! Que l’on m’explique!

Info’ du 05/09/13 : le président iranien Hassan Rohani a officiellement chargé, jeudi dernier, son ministère des Affaires étrangères, dirigé par Mohammad Javad Zarif, de représenter l’Iran dans les négociations sur la question du nucléaire. Jusqu’à présent, celles-ci étaient menées par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Saïd Jalili. Voilà une première piste.

Info’ du 06/09/13 : la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui mène les discussions sur le nucléaire iranien au nom des grandes puissances en liste, rencontrera le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, fraichement chargé du dossier subversif, à New York et en marge du protocole (entendez l’Assemblée générales des Nations-Unies) a indiqué son porte-parole. Que c’est instructif…

L’Iran, l’ennemi le plus préoccupant du moment, serait donc, non pas l’objectif mais peut-être le désinhibitif, au moins l’adjectif qui se conjugue à tous les temps. Si je dis pétrole, je me ramasse une casserole? Ne me condamnez pas, je reste farouchement opposée à l’ayatollah Ali Khamenei, Guide Suprême du peuple de ladite contrée qui ose parler de « prétexte » dans un tel contexte.

Bon, alors continuons… “Nous ne pouvons agir que si nous sommes ensemble plutôt que d’agir dans notre propre intérêt”; voici les propos employés à Genève par l’ancien président russe Mikhaïl Gorbatchev qui, interrogé par Ulysse Gosset, éditorialiste international de BFMTV, ce mardi aux Nations Unies, à l’occasion du vingtième anniversaire de la création de Green Cross qu’il avait fondé, prônait alors la concertation, la négociation puis la transaction plutôt que l’action par la force.

Quant à la culpabilité présumée de Bachar al-Assad, l’ancien maître d’œuvre de la Perestroïka se montra très prudent, se prêtant à une lapalissade. “Nous devons savoir qui utilise des armes chimiques, ce n’est pas facile. Ceux qui ont donné l’ordre ne doivent pas rester impunis, mais je ne pense pas que l’ordre ait été donné par Assad. Peut-être faut-il chercher autour de lui… Les parlements doivent penser avant tout à l’intérêt du peuple syrien”. Qui a avalé la couleuvre? On l’a bien compris… Le veto de la Russie n’est en rien un geste d’indulgence ni d’élégance. Il est commandé par des considérations commerciales et donc banales! Des bruits de couloirs ont annoncé aux environs de sept milliards de dollars d’armes en livraison, de convention entre « Fripon » et « Niafron », si je puis m’en amuser, entre ces deux grands amis de la Démocratie (soyez rassurés, c’est de l’ironie); et tout cela à échoir en 2018… Oulala, la fuite!

Sept milliards… On a dépassé de beaucoup les onze millions d’Euros qu’a eus à réunir Nicolas Sarkozy, dont on nous a rabâché les oreilles, qui a tant peiné à les trouver et en avait perdu le sommeil… Hahaha, je me marre. Un beau coup et notre ancien président, comme n’importe lequel de ses prédécesseurs et de ses successeurs, un beau coup et c’est autant que celui-ci planquait sous sa veste et tout ça en espèce! Mais c’est vrai, quel lourd fardeau que de couvrir ces sommes à sortir par des cadeaux de généreux donateurs, bienfaiteurs de l’humanité ou au moins de l’UMP. Je m’égare. Reprenons…

La Russie ne respecte donc pas l’embargo souhaité par les Etats-Unis et pour cause…

De son côté, Barack Obama, en bon « pater familias », ose une dialectique à la fois cocasse et pleine d’audace. Son argument principal : la morale. Qui ne s’accorderait pas avec ses idées, qui ne serait pas charmé par son œil inquiet et son rejet de la passivité? Mais si ce n’était pas vrai? J’entends…si son dessein inavoué était finalement de continuer à contrôler le monde? Qui ne sait pas que dans moins de trente années, les Etats-Unis à qui la Chine et/ou la Russie n’offriront plus qu’une position seconde, perdra de son poids tant didactique que politique. Alors, est-ce un Président différent ou seulement un stratège intelligent?

Au milieu de cette guerre d’images et de ce triste paysage, de cette pagaille médiatique et de cette désinformation ou au moins mal-information hémorragique, je pense que toutes les déclarations, toutes les prises de position ont du bon et du mauvais, du vrai et du moins vrai. Mais en ce triste anniversaire (nous sommes le 11 septembre 2013) il me semblait important de m’attarder, de nous attarder sur une question si centrale de politique étrangère, bien plus fondamentale pour notre avenir que les tergiversations de notre tout petit Empire. Il nous faut bien réfléchir! Quand je dis nous c’est l’Univers, l’humanité toute entière. Sachant que ledit contrôle international des armements est tout autant un projet irréalisable qu’une hypocrisie palpable, il faut que chacun voit que nous sommes à l’aube d’une décision profonde : pour l’Occident, pour le Moyen-Orient, pour nous français, pour Obama et le Congrès, pour Israël autant que pour lesdits rebelles, pour l’Egypte, le Liban et l’Iran et bien sûr pour la Syrie. Citoyen du monde, là tu dois faire du bruit, parce que où que tu sois, écoute, ça gronde!

 

Itinéraire d’une enfant gâtée / 2

Mon ami et moi nous étions donnés rendez-vous aux aurores afin d’éviter l’engorgement signalé par notre cher Ministre des Transports. Déplorable copilote, pas le temps de réciter une fable que je m’étais malencontreusement endormie… quand, soudain, pas si loin, après à peine trois heures de sommeil, je sursaute : « Sors du véhicule, mets bien les mains en évidence, avance, recule! ». Qui me réveille? J’apercevais à travers les vitres teintées, depuis les sièges arrière où je m’étais installée pour mieux rêver, pas moins de six agents de la police des frontières, faisant barrage, utilisant un langage quelque peu familier, pistolets braqués sur mon compère et qui ne semblaient pas réellement être en train de plaisanter!

A cet instant, aucun d’entre eux ne m’avait remarquée à travers le double vitrage fumé…  Je vous fais là une révélation inquiétante! S’il y avait bien eu danger ou que j’avais été armée, que se serait-il passé? Enfin, j’avais des informations plus pressantes à traiter :

–       Mon ami a-t-il quelque chose à se reprocher? Impossible, je le connais depuis tant d’années.

–       Dois-je pointer mon nez au risque de provoquer l’affolement ou attendre patiemment? Donnée sensible.

Je décidai de passer ma tête, doucement… prudemment… par-dessus l’accoudoir du siège avant, afin que ces messieurs puissent me voir…  Le premier qui devina ma silhouette, à travers la fenêtre avant gauche, conclut rapidement qu’ils étaient en train de commettre une bavure : a priori, je n’avais pas une allure à faire grimper le trouillomètre. Ils baissèrent donc leurs revolvers et après avoir furtivement inspecté la voiture, ils nous sommèrent de nous ranger sur le côté et d’attendre leur feu vert. Ils ne nous donnèrent aucune explication! A tel point qu’il nous fallut insister pour nous entendre assurer que nous leur avions été signalés comme étant des « gofasteurs », soit de dangereux trafiquants important des produits stupéfiants…  Et ce sans même que nous n’ayions commis un seul excès de vitesse… A la bonne heure! Il me paraît plutôt que le mois d’août les avait plongés dans une tristesse proche de la détresse et que pour ne pas que ses seconds s’encroûtent, le chef de section leur avait proposé un entrainement destiné à chasser l’engourdissement.

A Uzès, je m’installe au Richelieu : une dame d’une gentillesse prodigieuse et quasi-contagieuse me dévoile les lieux. Yannick, aux origines flamandes, au physique peu banal et qui ferait presque de la contre-propagande à la délocalisation fiscale, s’est évadée de sa Belgique natale pour ériger sa forteresse autour d’anciens vestiges de l’époque romaine. La demeure, d’inspiration maçonnique, se situe au cœur de la ville historique. En traversant le Moyen-âge, la Renaissance, la Révolution, le pouvoir des Evêques et la Réforme, chaque ruelle semble conter aux passants…tout un roman! Deci delà, endroit après endroit, c’est comme si l’architecture était enchantée : figurez-vous que chaque mur m’a murmuré un secret… Uzès, la cité aux pouvoirs temporels et aux charmes intemporels, dont le mariage stylistique offre un voyage unique, mérite qu’on la caresse et qu’on lui dédie une poésie épique ou un titre d’Altesse.

Direction Carpentras! Avant de continuer mon trajet, je compte m’arrêter, symboliquement, dire une prière devant la tombe jadis profanée par quelques néonazis. Les faits m’avaient évidemment touchée et d’autant plus marquée que ces pervers illuminés avaient agi un 9 mai, jour de mon anniversaire. « Excusez-moi, je cherche le cimetière juif? » « Excusez-moi, le cimetière juif s’il vous plait? » « Pouvez-vous m’indiquer le cimetière juif je vous prie? » Ah non, la tournure de phrase n’a jamais rien changé… Non pas que personne ne soit informé… Mais… A croire qu’à Carpentras, le temps s’est figé! Un jeune musulman en habit traditionnel et en plein ramadan, par quarante degrés en pleine journée, attentif à ma requête spirituelle, eut la bienveillance de prendre le temps de m’aiguiller et je réalisai mon souhait.

Avez-vous déjà goûté une cuissette? Je ne vous livre pas la recette, empruntez quelques sentiers qui mènent à Vaison la Romaine, la sinuosité vaut le crochet.

Me voilà conquise par les Beaumes de Venise! La jeune femme qui entretient ladite Maison des Remparts, le fait fort bien.

Mais déjà je repars pour l’Isle sur la Sorgue. Un petit tour au marché des antiquaires, mais je suis fatiguée, épuisée, à terre! Demi-tour! Dans la prochaine maison d’hôte où je suis attendue, la Bastide Rose, il faut que je me repose! Quelle mauvaise surprise! Je ne ferai pas la reprise de mon billet « la Bastide Rose, théâtre d’une marâtre », on va dire que je fanatise ou pire que j’ironise ou encore on va vouloir m’abattre.

Je m’enfuis alors en avance vers Saint Rémi de Provence qui est digne de son affluence et je trépigne d’impatience de connaître Cucuron, non pas pour son nom – et je vous interdis de souffler qu’il me va comme un gant- mais pour son renom et pour être le voisin de Lourmarin, ravissant patelin.

Mon circuit s’acheva ainsi et je me rendis à Saint-Tropez pour son allure et sa belle nature… Non, je vous fais marcher… Mais cette partie-là est classée confidentielle.

A bientôt…

Itinéraire d’une enfant gâtée / 1

Sur la route de Montussan, je succombe en apercevant le Château du Lort : une grille magnifique, un nom antique… Château dit-on, mais une fois traversée l’exploitation, terrain de quelques vingt deux hectares de vignes, voilà qu’il s’agit d’une modeste bâtisse, face exposée ravalée et luisante, face cachée en pierre ancienne non nettoyée. Ce plaisant édifice n’est pas plus récent que la Guerre des Trente ans, il date du début du dix-septième siècle. Il inspire à quiconque l’admire un sentiment de majesté tout autant que d’authenticité, en somme, tout ce que j’aime et aspire à devenir.

Et me voilà arrivée au Château de la Moune, qui, encore une fois, en dépit de sa royale dénommée, s’avère être une belle maisonnée de quelques 1000 m2. J’y dors…On m’attribue la chambre rose dont le décor est une prose : la logeuse a osé le lin dans les beiges-rosés, un havre de paix! Ma terrasse et en face un jardin… Une moissonneuse batteuse laissée à l’abandon –charmante- et des confitures ensorcelantes que la grand-mère de la propriétaire… non une dame âgée que tout le quartier, que dis-je, toute la contrée nomme « ma grand-mère » a préparées, comme elle le fait chaque jour, avec de l’amour et les fruits de son verger, pour les distribuer.

L’homme qui seconde la patronne, nez rouge et un peu chargé s’en est allé de Paris essoufflé, pour chercher son ivre de paix, l’élitisme de l’éthylisme. Non, il ne faut pas se moquer, comme disait Alfred de Musset, « Aimer est le grand point, qu’importe la maitresse, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ». Allons, « vive L’amour que l’ivresse accompagne »! C’est vrai, fuir la détresse devrait suffire; sentir la nature qui le caresse, ce devrait être ça son ivresse. Mais passons…

Après tout, si je piote dans cette maison d’hôtes, c’est avant tout pour aller visiter Bordeaux et ses à-côtés; et je suis subjuguée! La perle d’Aquitaine ne mérite plus le surnom de « belle endormie » qu’elle traine encore aujourd’hui.  La jolie s’est bien réveillée, sa pierre a été lavée et depuis quelques années, elle est même classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité pour ses sensationnelles constructions. C’est Paris, mais un Paris où planeraient décontraction et d’éventuelles insolations.

Le style de la ville? Du second Empire, à la parisienne… Haussmann n’y est pas tout à fait étranger. En effet édifiée à la même époque que Paris, Bordeaux a été façonnée à partir de pierres issues de carrières composées du rejet de calcaire marin survenu il y a quelques cinquante millions d’années. Elle est couleur sable, c’est une splendeur!

Ce soir-là, je dîne au Gabriel, un restaurant place de la Bourse, ancienne place Royale, le double de notre place Vendôme, exceptionnel! J’observe les gens…Il ne me semble pas que beaucoup d’entre eux votent socialistes… Non pas que je le sois, surtout en ces temps de dictature par l’effroi, mais je trouve ça toujours triste, sans doute est-ce mon éducation qui veut ça?

Le lendemain, je visite Saint-Emilion : des vignes à foison et des grands noms proprement posés sur des cloisons… Tout ce que tu as humé, dégusté, rêvé de goûter ou au moins dont tu as entendu parler. Ca existe vraiment? Non, réellement, ça fait un drôle d’effet.

On me propose de voir le Château Guadet, je me laisse tenter. Je pénètre dans les caves de l’établissement, c’est presque effrayant, mais enfin, si l’on m’oublie là, j’aurai de quoi m’abreuver! L’inspection des souterrains touche à sa fin, j’arrive dans la salle de production du vin, j’apprends… que je ne sais rien. Puis, cours d’œnologie. J’achève la matinée riche d’un savoir qui vaut largement un diamant.

J’emprunte à nouveau les chemins verdoyants qui me mèneront vers mon prochain logement… le Château Pape Clément… Fascinant! Bon il faut avouer que Pessac c’est une poubelle, mais le Château, lui, il te met une claque visuelle. Attention, la référence papale n’a pas qu’une valeur historique, elle est bien actuelle. Pourtant, même si tu n’es pas catholique, vas-y, c’est une expérience unique. Et puis l’intendant, qui me raconte comme on se délaisse d’un secret trop longtemps gardé qu’il est le dernier à avoir vu Lady Diana en vie alors qu’il travaillait au bar de nuit du Ritz hôtel, est comme tout droit sorti d’un conte. Je vis un moment enchanté!

Prochain départ direction Clermont de Beauregard. J’ai trouvé sur internet l’adresse du Manoir de Beauregard, je me suis laissée porter par le hasard et le hasard m’a gâtée. Au milieu des champs de blé, je découvre une ancienne ferme retapée, fabuleusement décorée, avec élégance et simplicité par une anglaise dont la beauté a été à se damner. Respire, ça sent bon la sérénité! La piscine déborde sur la jetée comme la volupté s’installe dans ton corps sans que tu ne l’aies appelée et tu en demanderas encore…

Changement de décor… Je reviens en arrière, je dors au Château la Rivière. Monsieur Grégoire, le propriétaire, ancien vendeur de machines agraires, s’est offert ce modeste cadeau. Le village se trouve à quelques cinq kilomètres de Saint-Emilion et le taux d’occupation y est proche de zéro. Dans le château, grand de quelques centaines d’hectares, aucune chambre n’est habitée… Je suis seule… Ca ressemble à un film d’horreur; non non, je n’ai pas peur! Le lendemain matin, je me réveille saine et sauve, ouf! La femme du gardien m’a préparé un bon petit-déjeuner avec de délicieuses confitures-maison. Je lui demande de pouvoir en emporter un peu, juste un pot ou deux, elle accepte… à contrecœur! Je l’observe chercher dans sa réserve en pagaille de quoi obtempérer et je la vois remplacer chaque pot qu’elle déniche par un autre de plus petite taille, comme on ouvrirait une poupée russe. Pendant sa quête, elle sortait la tête de son gouffre avec le sourire espérant que je ne m’en aperçusse. C’est comme ça…L’absence de générosité, il n’y a pas pire malheur, mais le malheur est pour ceux qui en souffrent.

Cette nuit-là, je voyagerai avec un ami qui avait prévu de conduire jusqu’à Perpignan et me déposerai sur son trajet, afin que je continue mon circuit, pour mon plus grand agrément et « avec plaisir » m’a-t-il assuré. Pourtant, à cet instant, je ne me doutais pas de ce qui allait arriver…

La suite de mes péripéties dans mon prochain récit.

La Bastide Rose : Théâtre d’une marâtre

Voilà que la veuve du défunt Pierre Salinger instrumentalise le décès de ce dernier aux fins de vendre des prestations de logement à des clients passionnés d’histoire. La fondation qu’elle a créée au nom de son défunt mari n’est autre qu’une orchestration à des fins commerciales et d’allégement fiscal. Le lieu dans lequel elle habitait avec Monsieur Salinger et habite désormais avec son nouvel homme, moralité peu aiguisée… le lieu donc, plutôt vieillot et mal entretenu, voire sale pour ce qui est de la piscine, contient un jardin avec trois ou quatre sculptures modernes; voilà ce que l’on dénomme “fondation”! Il vous sera interdit de vous asseoir dans les lieux “non autorisés” sous peine d’entendre aboyer et la connexion internet promise sera limitée voire inexistante. Pour ne rien gâcher, cette dame qui sae fait appeler Poppy mais n’a rien d’un coquelicot ni n’offre d’espace fleuri, ressemble à s’y méprendre à la vilaine Lady Tremaine, belle mère de Cendrillon qui l’enchaîne et la malmène. Voyons, je suis cliente de chambres d’hôtes depuis des années et je n’ai jamais autant été désenchantée! Alors aventuriers, pourquoi pas y aller…