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Une femme est belle quand elle se sent belle!?

Il y a de cela un peu plus de deux mois, j’ai fait la connaissance d’une somptueuse jeune femme qui affirmait avec assurance pouvoir nous redonner confiance. Vous imaginez sans difficulté que moi-même j’ai douté d’une telle aisance et lui ai adjoint le qualificatif d’insolence. Mais en manquant cruellement, j’ai tout de même décidé qu’il valait le coup de me prêter à l’expérience.

Nous avons tous besoin de reconnaissance et c’est une véritable quête que nous menons dès l’enfance. Cet appétit est plus ou moins nourri par notre propre vie et cette volonté devient une nécessité qui sera plus ou moins comblée selon que notre amant ou nos soupirants sont brûlants et aimants ou pas, selon que notre patron est quelqu’un de bon et nous dédie quelques compliments et encouragements ou pas. Alors comment faire pour que notre bonheur ne soit pas tributaire de ces personnes extérieures et dans la dépendance de ces marques de reconnaissance que l’on croit pouvoir deviner au gré de notre imaginaire, de nos chimères? Il semblerait que la clé soit la confiance en soi! Le secret serait de s’aimer! Vous me répondrez que ce n’est pas une qualité innée. Et c’est tout à fait vrai. Mais soyez rassurés…ça prend du temps mais ça s’apprend!

La confrontation, l’affirmation, l’acceptation, être positif, se fixer des objectifs…sont autant de méthodes approuvées. Il en est une autre dont la somptueuse jeune femme se réclame et qu’elle se propose de nous enseigner: la beauté! Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas de physique au sens critique, on parle ici d’une idéologie, d’un état d’esprit.

La demoiselle professionnelle de la question a tout d’abord profité de l’occasion et pris le temps de quelques démonstrations pour rectifier certaines de mes convictions et m’apporter d’autres confirmations. En grande réservée, je soutenais que le trop de confiance attire le danger, ce à quoi elle a brillamment rajouté que son absence est une potence, au mieux suscite la transparence au pire l’inexistence… « Aie confiance en toi, il faut que tu te délivres et tu sauras vivre! »

Elle a raison, la confiance est vivificatrice, en manquer est un supplice… Parce qu’on ne peut être une séductrice si l’on n’est pas convaincu de son aura. La foi en soi répare, parfois restaure en tout cas alimente l’amour que l’on nous porte mais également l’amour que l’on porte. Comment veux-tu aimer si tu ne t’aimes pas? Comment veux-tu qu’on t’admire si tu ne t’adores pas?

Et mieux encore, ton enthousiasme propre est la clé qui t’ouvre les portes et t’escorte. Qualités et compétences variées vous seront plus volontiers attribuées que vous souriez. On offrira l’emploi à celui ou celle qui semble avoir confiance en soi. Ne pense pas que de te faire des louanges dérange, on accordera plus couramment un prêt bancaire à celui qui affiche un sourire sincère! Henry de Montherlant clamait déjà sans ménagement: « on ne doit pas accorder sa confiance à quelqu’un qui ne sourit jamais ».

Alors voilà, comme le dit, ma récente et rassurante amie, Asnath Edery, si l’un des instigateurs du bien-être c’est la confiance, l’un des moteurs de la confiance, l’une des solutions c’est la préparation. Oui, le visage est le miroir de l’âme: plus vous serez calme, relaxée, rassurée, plus vous serez rayonnante, resplendissante; en revanche, plus vous serez stressée irritable, plus les rides, le teint livide s’installeront de manière durable. Il faut de l’optimisme, mieux encore du déterminisme pour conjurer le sort de la tête-de-mort. Visagisme, relooking, coaching, voilà de quoi retrouver un peu de charisme.

Je suis allée prendre les conseils d’Asnath, qui a réussi à m’apporter un peu de soleil. Elle a également accepté de répondre à quelques unes de mes interrogations, sans briser la confidentialité. Elle m’a reçue dans son ravissant petit intérieur et naturellement je lui ai parlé pendant un bon quart d’heure. Forte de ses études en psychologie, de son don pour la compréhension de l’humain aguerri, elle a mis le doigt sur ce qui altère, détériore la confiance que j’ai en mon corps. Pour certaines, ce sont un ou plusieurs bébés, pour d’autres c’est leur position dans leur métier, pour d’autres encore c’est plutôt les souffrances à répétition qu’un compagnon leur a infligées, pour moi c’était plus une question de personnalité ou de perception de mes facultés de séduction. A la fin de ce premier rendez-vous, je savais ce qui m’attendait, quel budget j’allais y consacrer, ce qu’il allait falloir améliorer, parfois changer. J’ai tout de suite vu qu’elle savait s’adapter au tempérament, au besoin y aller doucement. Jamais elle ne contraint qui n’est pas prêt à un changement soudain et absolu! Jamais elle ne ment non plus, elle dit sincèrement ce qu’elle ressent, ce qu’elle voit, si le travail est radical ou banal. Nous avons donc convenu d’un second rendez-vous et elle m’a proposé de la rencontrer quelques jours plus tard, pour me laisser le temps d’y réfléchir, de mûrir le projet. Une vraie preuve de subtilité et de sincérité qui m’a permis de la retrouver en étant complétement exaltée. Je l’ai suivie toute une journée: bilan morphologique, colorimétrique, dressing, shopping, maquillage, coiffage et j’en passe. Mais plus que les prestations, c’est l’apprentissage qui m’a donné de l’aplomb et de belles émotions. Je me suis souvenue que qui que tu sois, il faut que tu crois en toi et que face au miroir si tu oublies ton sens critique, si tu oublies que c’est toi, tu te verras alors comme quelqu’un d’unique et les autres ne te trouveront que plus magnifique…

Puis la jeune femme excelle, elle ne peut que servir de modèle. Elle poursuit sa propre thérapie: « tant que j’ai envie de me changer, j’arrive à vous changer »; je vous rassérène, la demoiselle n’a pas fini d’être perfectionniste parce qu’elle est progressiste et tellement optimiste et elle l’inspire. « Qui a confiance en soi conduit les autres » et fait aboutir quelques sourires… Ah je sais, vous aussi vous voulez influencer… Parfait! Il vous faut être votre propre maître, tout simplement… Comment? Et bien apprenez! Oui apprenez à vous connaître et à vous reconnaître, à vous accepter ou mieux à vous aimer. Oubliez l’idée selon laquelle douter est preuve d’acuité ou de profondeur, c’est un leurre.

Ayez confiance et ne mettez pas toute votre aisance au service de votre magnificence non, mais mettez votre splendeur au service de votre bonheur!

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Pretty women

Aujourd’hui c’est la journée de la femme, je ne pouvais donc pas la laisser se terminer sans m’adresser aux dames. Je devrais peut-être me parer de l’épitoge et faire notre éloge, mais je préfère m’appliquer à rappeler que la grâce est plus belle encore que la beauté.

Je ne sais pas vraiment par quoi commencer tant il s’agit d’un vaste sujet, mais je crois que je vais vous raconter une histoire qui en est le véritable miroir.

Lors de la première année de mon arrivée, ici, à Paris, je suis sortie dans l’un de ces troquets branchés et si prisés. Au centre de ce quelque part, un long et beau bar, bien fourni, avec devant lui quatre ou cinq chaises hautes destinées à asseoir quelques hôtes. Parmi les premiers arrivés, je me suis installée sur le côté et je suis là, comme en récréation, en contemplation des ébats. Trois gars, au physique flatteur et au regard « chasseur », plutôt séduisants et parfaitement fringués, prennent rang, sur les hautes chaises alignées que je décrivais. Je suis en première ligne et je trépigne, comme si j’avais deviné ce à quoi j’allais assister: oui, sans le savoir, j’attendais une parade, c’est une véritable mascarade que j’allais voir, une émanation de la société de consommation, un spectacle, que dis-je un miracle, puisque ces trois braves garçons ont déterminé mon appréhension de la fonction de séduction.

Nos trois gaillards sont tournés vers la porte d’entrée et guettent le défilé: but avéré, mettre la gagnante du concours de beauté dans le plumard… Evidemment, sans grand étonnement, de jolies jeunes filles entrent dans le café, plus apprêtées les unes que les autres, plus sophistiqués les unes que les autres. Et j’observe l’expression des mectons, finalement plutôt banals, qui peinent à suivre le rythme du carnaval. Je suis étonnée et un peu offensée de constater qu’une fois la nana dans leur dos à distance de bras, ils ne se retournent pas, l’oublient de façon dégoûtante, alors même qu’elle les enchante, pour détailler la suivante. Ce ballet a duré toute la soirée… Et puis finalement je ne suis pas seulement étonnée, je suis heurtée et indignée!

Mais enfin merci, parce que j’ai compris: j’ai appris que la beauté n’a aucune portée, aucune autorité, si elle n’est accompagnée d’un noble attrait; c’est ce qu’il y a dans l’âme et dans le cœur qui vivifie ce qu’il y a à l’extérieur, ils éclairent la majesté et lui offrent ce charmant mystère, tout à fait nécessaire! L’étrangeté est le condiment essentiel pour relever toute beauté: si par le seul prisme de ton érotisme l’on peut te pressentir, on n’aura pas envie de te découvrir. En d’autres termes belle demoiselle, tu peux acquérir mais tu ne sauras pas conquérir, séduire mais pas retenir. Garder, te faire adopter, c’est pourtant bien souvent ce que tu attends, nan? Alors apprends! Apprends que passées une ou deux nuits, ce n’est plus ta joliesse qui l’intéresse mais ta finesse, ta délicatesse, ta noblesse. Pour la nourrir, pour que tu l’inspires, il faut que tu fasses preuve de tendresse oui, mais aussi que tu l’apparies à l’élégance avec intelligence. L’élégance, tu sais, c’est la simplicité…et c’est ça qui leur plaît, je te le promets! Puis elle, ne souffre pas de la relativité à l’inverse de la beauté; elle t’habite sans arrêt, que tu sois seule ou accompagnée, que tu sois isolée ou en société, c’est elle ta véritable alliée.

Attention, je ne fais pas un plaidoyer contre la beauté, oh non loin de moi cette idée. La maintenir, l’entretenir, la faire mûrir c’est du boulot, une sacrée opération et je suis même de ceux qui pensent que c’est obligatoire, un véritable devoir de respect envers ce que Dieu pour certains, nos parents pour d’autres, nous ont donné. Je suis même certaine qu’elle est parfois une difficulté: sachez que les femmes se pardonnent tout sauf la beauté…

Je déplore juste alors, sans rentrer dans les clichés ni rappeler qu’elle n’apporte pas à diner, qu’elle supplée souvent l’esprit et je me demande encore ce qu’il te restera quand tu auras vieilli, si tel est ton cas. Parce qu’au fil des années -je te jure, c’est prouvé- elle s’étiole, parfois s’envole et certains te la volent. Les tracas, les fracas, les souffrances jouent contre son éternelle survivance. Alors il ne te reste plus que la bonté pour la ranimer, ton sourire pour la guérir, ton rayonnement pour faire de toi quelqu’un de ravissant, de saisissant. Ta seule chance de la garder à tes côtés jusqu’au jugement dernier c’est de la régaler avec autant de génie que d’habits, avec bon cœur et de belles valeurs. N’oublie pas que ta jeunesse ne dure que quelques heures, ce qui compte c’est ton bonheur.

Alors lorsque je te vois, fille que l’on appelle de joie, alors que tu n’es bien souvent que de désenchantement, je me demande ce que tu fous là, à noyer ton être dans ton paraître au lieu de devenir? Tu ne comprends pas qu’on le respire et tu crois que ton prince va venir? Ne me dis pas que tu ne sais pas que les hommes ne sortent que pour baiser ou si t’as de la chance s’amuser? Bien sûr que tu as le droit de venir t’éclater, mais tu ne peux te permettre de parler une autre langue que lorsque tu parles parfaitement la tienne! Il faut que tu saches que ce que dit le plus talentueux des jeunes hommes dérangés (enfin bref,)) est vérité vraie: « au bout d’une heure dans une boîte de nuit, la plus jolie fille du monde ressemble à un barman » (Frédéric Beigbeder). Alors sors, d’accord, mais assure-toi d’être tout à fait exceptionnelle, non pas en étant la plus belle, mais en adoptant la plus beau des comportements, en étant qui tu es avec honnêteté, de façon distinguée et sans vulgarité ou masculinité comme beaucoup se plaisent à simuler. Pour un collectionneur, la plus belle pièce c’est celle qui est de la plus rare espèce, qu’il cherche pendant des années ou au moins des heures. Mets de la valeur dans ton regard en même temps que tu mets ton regard en valeur.

Tu rêves du destin de Vivian, apprends à être gracieuse et majestueuse, à être authentique et tout à fait unique et là peut-être que tu seras une pretty woman!

Scoop: La Suisse, sur le point d’abandonner sa neutralité

« Moi aussi j’avais oublié que les suisses pouvaient me surprendre… Sur ce coup, ils ont plutôt assuré, même si, pour ne pas choquer, j’aurais été un peu plus tendre! Il faut dire que fin février, le parachute doré de soixante-douze millions de francs suisses que le conseil d’administration du groupe Novartis avait prévu pour son futur ex-président, Daniel Vasella, avait soulevé un véritable tollé! C’est mal passé! »

« Je ne suis pas sûre d’être pour, je pense que les privilèges sont essentiels pour faire fonctionner une holding sans dumping. Il faut des dirigeants, DG et autres PD, avec des âmes de dirigeants et la carotte y concourt. Assurément, dans un pays en crise comme le mien, parachute doré peut scandaliser, mais l’ami, chez toi… franchement c’est faire preuve d’ironie!  Reconnais que la singularité de l’adoption d’un comportement socialiste face à cette question est surprenante, renversante même, quand on connaît la réticence largement partagée à amender le modèle social. Selon vous carrément, les vacances empêchent de travailler en paix! Tellement, qu’il y a tout juste un an, vous avez refusé la sixième semaine de congés payés que le gouvernement vous offrait, c’est marrant, là aussi à soixante-sept pour cent! La Suisse ne sait que faire de son excédent budgétaire et les entreprises ne sont pas vraiment dans la mouise, alors qu’importe si l’institution remplit sa fonction. Enfin, voyons comment les députés vont consacrer le plébiscite fortuit. »

« C’est ça qui me plaît! Le Parlement en discute depuis cinq années, sans avoir réussi à avancer…d’où le vote de cette initiative, qui sera probablement promulgué d’ici la fin de la prochaine année par la branche exécutive. Mine de rien, les suisses sont aussi indignés que les autres par la cupidité excessive, d’autant plus qu’elle dessert tout le monde: le marché en général, les entreprises qui se saignent en rémunération de leur direction, sans aucune corrélation avec les résultats et surtout les actionnaires… Après tout, le mécanisme proposé est on ne peut plus juste: un meilleur mode de sélection des administrateurs, négocie ton enveloppe avec tes actionnaires! <There’s no such thing as a free lunch!> Et n’oublie pas qu’il ne s’agit pour l’instant que des sociétés cotées, qui sont déjà soumises à un tas de régulations spécifiques. Non vraiment, je ne vois pas d’argument pour que l’on abdique ou même que l’on soit sceptique! »

« Qu’est-ce que tu penses alors de cette période de bouleversements, elle ne te fait pas peur? »

« Peur comme dans un rollercoaster : c’est dangereux, plein de sensations fortes et d’une excitation qui repose en partie sur le fait qu’on ne sait pas si et comment on va s’en sortir… Bref, <it’s what you make of it, a time of opportunities!> Le conservatisme a un effet positif lorsqu’il protège les valeurs, les vraies, mais délétère quand il veut sauvegarder les usages et les rentes du passé. »

« Mais attends, attends, tu ne penses pas que c’est un vaste théâtre d’hypocrisie? Il existe de nombreux autres moyens d’allouer toute sorte d’indemnités, contournement garanti! En voilà un échantillon: offrir au dirigeant que l’on souhaite faire entrer dans la société, d’acheter une partie en actions à hauteur d’un pourcentage déterminé qu’il pourra liquider lorsqu’il en aura terminé. Une autre manipulation: à l’entrée on lui accorde des stocks options, options d’achats (dites call) et de ventes (dites put), pour une valeur x qu’il estime à date arrêtée, il s’engage à acheter ou à vendre les supports déterminés (actions, obligations…) à un prix et à une échéance déjà fixés, pour jouer d’une hausse dans le premier cas, d’une baisse dans le second événement, de l’actif sous-jacent, avec interdiction de transaction pendant la période de détention . Il s’agit d’un pari, dit principe du «call and put», qui permet bien évidemment, à ses experts en la matière, de se voir attribuer une prime à la sortie… La seule pression repose alors sur le patron, qui devra employer avec plus d’adresse, celui qu’il ne pourra renvoyer d’un simple coup de pied aux fesses… »

« Le fait que les règles seront outrepassées par les espiègles est potentiellement vrai pour toutes les règles au final (ne pas tuer) ça ne réduit en rien leur nécessité pour un meilleur fonctionnement social! »

« Permets-moi s’il-te-plaît de continuer ma démonstration prétoriale! Jusqu’en 2010, les BVI (British Virgin Islands) permettaient d’avoir des actions nominatives au porteur, puis fini! Je te le donne en mille, nombre de parades ont été imaginées et utilisées: vous ne voulez pas apparaître, faites détenir votre société par un directeur nominé ou par exemple par une société panaméenne elle-même au porteur, ils détiendront les actions pour vous avec un contrôle encore moins accru de l’ensemble de l’actionnariat, du chef d’entreprise ou encore du gouvernement. La loi ne te dit même pas qu’il faut un passeport d’une personne physique qui se déclare bénéficiaire économique. Autrement dit l ‘ami, on décale d’un cran le problème, qui lui est encore plus en éveil… Pour chaque maladie, il y a toujours un antidote… »

« Oui et en l’occurrence, la maladie c’est l’excès de goinfrerie, l’antidote c’est la tempérance; tempérance qui est justement l’objectif de ces mesures de restriction des aberrances, des complaisances… Et ce, sans enfreindre la liberté, ni des dirigeants ni des sociétés. Elles rendent le comportement mis en cause plus compliqué, plus cher, plus risqué, en réduisent l’attrait »

« Je crois qu’interdis et tu suscites l’envie, inspire le délit et rends attrayant le produit; autorise et tu banalises donc évites les plus graves dérives. En tout cas, pour une fois, les suisses se mouillent, sur le plan économique certes, mais ça a de réelles répercussions politiques. En effet, Jean-Marc Ayrault a salué l’interdiction des parachutes dorés et fait de la Suisse un véritable héros. On voit même s’esquisser une véritable avancée, comme si la Suisse était le précurseur d’un nouveau vecteur: celui de la transparence. Ainsi, La Commission européenne a dit avoir pris acte de l’avis, qualifié d’important et un accord de principe a même été trouvé, la semaine dernière, entre le Parlement européen et la présidence irlandaise de l’Union Européenne, sur la mise en œuvre du nouveau cadre réglementaire du secteur bancaire, dit Bâle III, qui va aller plus loin que prévu en ce qui concerne la rémunération des banquiers. Parmi les vingt-sept Etats membres, seul le Royaume Uni y est opposé, mais il ne requiert même pas l’unanimité, la majorité qualifiée suffit. Alors tu vois, au moins, voilà, ce dimanche 3 mars, les suisses se sont évadés de leur neutralité si souvent raillée, félicitons-les et bonne journée! »

Flight!

Cette semaine j’ai assisté à la projection du film flight, que je vous recommande d’aller voir prestement… Il est tellement éloquent…

L’intrigue se noue autour de l’histoire d’un pilote –incarné à merveille par Denzel Washington- que l’alcool et la cocaïne ligotent. Oui, jusqu’au jour où le sort le réveille, il perd le contrôle de son appareil… Fort de son expérience et de son intelligence, il parvient à sauver presque cent vies sauf que c’est dramatique, sous narcotiques, on refuse de lui accorder de mérite et on préfère engager contre lui des poursuites.

On suit parallèlement une jeune femme accro à l’héroïne et ça nous abomine. On se rend compte que la drogue assassine quand on en manque mais surtout quand on s’en flanque, que ce soit, dans le nez, dans le bras ou dans la bouche…

Ce film m’a particulièrement émue, d’autant plus touchée que j’ai quelques amis, souvent originairement des génies, victimes de cette calamité… Je me suis toujours demandée pourquoi ils l’ont en affection? Est-ce un défi lancé à l’esprit, à la raison? Peut-être pour les plus instruits, mais vous savez pourtant que c’est loin d’être le paradis… C’est une prison, c’est un poison… Si seulement ça apportait un peu de savoir, mais au contraire c’est en fermer le tiroir, c’est un mouroir surtout au moment de déchoir! Oui je sais que la descente vous la redoutez, peut-être autant que la réalité et pourtant vous en redemandez… Quand je vous regarde mes amis tant aimés, quand je vous regarde vous détruire, vous démolir, quand je vous regarde vous bousiller, j’ai comme l’impression que c’est les êtres les plus brillants, les plus bienveillants, les plus frémissants que la vie attache aux stupéfiants. J’ai comme la sensation que c’est eux qu’elle place dans la détresse et qu’elle est là, la source de vos ivresses.

Mon ami, je me sens si affaiblie quand tu me souris, je ne sais pas t’aider, peut-être parce que j’ai peur de tomber. Mais pourquoi tu t’obstines alors que tu sais que ça confine? Pourquoi t’acharner alors que tu sais que tu vas te faire interner?

On va me reprocher de tout confondre. Certains vont me dire que, non, la cocaïne n’exclut pas de la société, qu’elle est un outil commun en soirée, qu’elle permet de mieux fêter sans se fatiguer; ah parce que tu crois que ton euphorie, ton sentiment de toute puissance physique et intellectuel est éternel? Ils vont laisser le poste à l’agitation, puis à l’appréhension et enfin à la dépression. D’autres vont hurler que le cannabis est une drogue douce, bien sûr, si douce qu’elle te rend complètement apathique et te démotive de façon pathétique. D’autres encore que l’effet hallucinatoire du champignon est momentané et sans danger; invention, fabulation et celle-ci est redoutable et puits d’alimentation… Et que dire même de l’addiction aux antidépresseurs, à part que dans ces conditions, ils sont aussi dévastateurs… Et j’en passe et des meilleurs!

Je ne sais que trop bien combien le doute, le flottement, la réflexion nécessaires à la construction, combien aussi l’émotion, les désillusions, les chagrins passagers nous donnent envie de les voiler, de nous cacher. On se déprime et quoi de mieux pour s’ignorer à soi-même, se taire son propre abîme, que de s’oublier, que de se droguer? Rien de pire vous voulez-dire!

C’est dur de parler de soi, de ses émois, de ses effrois, mais c’est vital. Parlez à votre ami, ou à un psy, c’est égal, mais parlez, c’est le principal! Ne confiez pas votre existence à un trafiquant, commerçant, qui n’en a que faire de votre subsistance! N’oubliez pas que l’apothicaire ne sent pas ses drogues, lui n’en prend pas, la plupart du temps! Lui c’est un acheté, un suborné et ses produits sont altérés, sont empoisonnés! Ne participez pas non plus aux idées reçues selon lesquelles le pauvre qui se drogue se met plus en danger que le garçon ou la fille aisé(e)? Ni vos denrées, ni vos volontés ne sont plus contrôlées. Dans les deux cas, c’est le fracas, vous êtes sinistrés!Et ça ne va pas s’arrêter, à chaque prise il vous en faudra plus, jusqu’à l’ultime crise. Comme l’avait déclaré Jim Morrison avec beaucoup d’ironie: « dans la vie, j’ai eu le choix entre la drogue et la mort, j’ai choisi la première et c’est la seconde qui m’a choisi ».

Alors quoi, vous voulez vous enticher d’un tel désarroi, d’une came qui vous noie, d’un destin qui vous foudroie? Et puis vous avez-vu la gueule que ça vous fait? Non, parce qu’il y aurait de quoi pleurer! Je peux vous assurer que nous, sobres, ça nous ferait presque marrer. Alors au lieu de fumer, de renifler, de vous saouler, de vous piquer, riez, rêvez, vivez! Au moins, on ne meurt pas d’une overdose de gaieté!

 

Malade imaginaire!

La grippe ce n’est vraiment pas rose! Depuis cinq jours, je me sens toute chose… Ma toux me rend chèvre, ma fièvre me fait passer mièvre et mes bronches condamnent mes lèvres.  Je me sens si affaiblie que je m’en inquièterais presque pour ma survie. Le lit, mon habituel ennemi du samedi, est devenu mon seul ami « jusqu’au moins vendredi » m’a-t-on dit… C’est vrai, je suis à terre et quel calvaire, même le miel m’est amer, mais croyez-moi, ce n’est pas ce qui me met en émoi. Ce qui me foudroie, c’est la trêve! Parce qu’elle continue sans moi la guerre… La guerre? Ben si la guerre, celle du plus en faire et du mieux le faire!

D’accord, il faut que je vous l’indique, je suis dismorphophobique à un stade critique… Je vous explique: devant le miroir, je me sens comme un cheval devant la porte de l’abattoir. Pis encore, si je suis empêchée de pratiquer un sport pendant disons plus de 36 heures, il me renvoie alors un message d’horreur. Bien-sûr que c’est psychosomatique mais ça pique. Et ma quête de la perfection n’est que plus prononcée dans la seconde dimension, celle de l’action.

Vous comprendrez donc que plus que la souffrance c’est l’impuissance qui m’offense, que ce n’est pas la douleur mais la peur qui me tend les armes du vainqueur.

Pfff, je m’ennuie, qu’est-ce que je m’ennuie… Non, non, le malade n’a pas d’amis! Certains prétendront que, comme l’animal qui sent le mal, l’ami fuit; moi je démens, l’ami respecte ta vanité et ta dignité et attend ton rétablissement gentiment, calmement ou prudemment…

J’ai une santé un peu fragile, mais à force de, j’ai fini par être agile avec les remèdes. Je ne vais plus consulter, parce que comme le souffle un proverbe polonais, le médecin se fait payer, qu’il ait tué la maladie ou le malmené.

Bref, j’en viens aux faits: ce que je voulais vous rapporter, c’est qu’en ces jours un peu lourd, au cours desquels j’avais l’impression que la mort prenait ses quartiers, c’est mon corps qui a reçu une confession et mon âme une leçon. Ils m’ont rappelé que tant que j’ai mal c’est bien que je vis!

Voilà, je me suis reprochée de crier, j’ai pensé à ceux qui sont alités non pas cinq jours mais cinq mois ou cinq années et plus -si affinités avec la plaie- et j’ai pleuré. Je loue leur volonté et je vais vous raconter.

Le 20 novembre 1999, alors que j’étais à peine âgée de douze années, mon père rentre à la maison et glisse un « je dois te parler », discret et inquiété, à ma mère qui avait déjà tout deviné. Il venait de recevoir des résultats d’analyses de sang qui lui annonçaient froidement qu’il allait devoir avoir du cran… Quelques jours plus tard, le 28, devait avoir lieu ma « bat mitzva » et mon père bravait tous les interdits, il avait décidé qu’il en serait, leucémie ou pas. La fête a eu lieu et je vous laisse imaginer dans quel contexte sérieux, dans quel climat caverneux, dans quel vacarme je suis devenue femme.

Après l’écrasant et glaçant festival, mon père a bien dû rentrer à l’hôpital. On lui rendait visite en habits de cosmonaute, comme je me plaisais à conter en jouant les sottes. J’incarnais volontairement et parfaitement le rôle de l’enfant demeuré mais croyez-moi, j’avais largement réalisé qu’il était loin le monde enchanté.

Le 23 décembre, mon père, qui n’avait eu de cesse jusqu’alors de faire preuve d’hardiesse, s’est plaint auprès de l’interne responsable de sa chambre d’un important bleu à la jambe: « c’est rien -lui répondit ce fils de chien- vous avez dû vous cogner, en l’état, ça prend des proportions démesurées ». C’est toi qui es cogné! C’est justement ce que l’on voulait éviter…

Ca n’a pas manqué, le lendemain, la leucémie s’est doublée d’une septicémie et mon père a d’urgence été transféré dans des services plus appropriés. Soir de tempête 99, tout le monde s’en souvient, sur le route pour le CHU de Strasbourg, avec toujours autant de bravoure. A l’arrivée, c’est dans un coma artificiel qu’il a fallu le plonger pour espérer le sauver et ce sont des semaines, des mois ou peut-être des années d’enfer qui ont démarré. Comme si Dieu l’avait dédoublée, ma mère, a pendant quatre mois jonglé entre l’éducation de la petite fille que j’étais et les allers retours à Strasbourg au chevet de l’homme qu’elle aimait. Elle le voyait maigrir et s’affaiblir; son dévouement ne surmontait pas seulement peur et douleur, elle les ignorait courageusement!

Au bout de quatre long mois, mon père est enfin revenu à lui, moins les 30 kilos dont il avait été démuni… Il fallait qu’il reprenne des forces afin de réattaquer la chimiothérapie, mais un corps dont le cœur est malade a-t-il une chance de se rétablir? Parce qu’au réveil, nul ne peut imaginer solitude pareille… C’est la rencontre fracassante, effrayante, terrassante de toi et de ton âme souffrante. Et ça a duré quatre années.

Pendant des mois, j’ai vu, j’ai contemplé même, plutôt admiré mon père qui se battait pour réapprendre à marcher, pour se renflouer, avec la perspective de nouvelles épreuves toujours aussi harassantes. Je l’ai entendu nous dire que s’il y parvenait, c’est grâce à l’amour de ses enfants, de ses amis et surtout de sa moitié. A croire que rien ne vous rend si grand qu’un tel tiraillement. Eh bien non papa, c’est avant tout grâce à toi, si aujourd’hui tu es là, fort et en or, si tu as guéri et que tu as, que tu nous as, reconstruit une vie des plus jolies.

Bien sûr ma poésie n’est pas un remède à la maladie, ni à ma petite bronchite ni à la leucémie subite, mais elle a le mérite d‘affirmer qu’il ne faut pas oublier que chaque blessure est une mémoire, sa cicatrice est un leurre, car même refermée elle est dans nos pensées pour toujours, comme l’est un grand amour. Il faut apprendre la souffrance de l’autre pour l’aider à la surmonter; c’est là une belle occasion d’aimer et de le montrer.

Et comme on le dit en Chine, « qui porte des chaussures ignore la torture de ceux qui marchent pieds-nus », alors quand tu souffres, regarde la douleur de celui qui est en face, elle te forcera à faire face et à voir combien elle est imaginaire par rapport à celle de ton père.

 

Suite…

Papa,
Hier soir j’ai pleuré fort,
Aussi fort que je t’aime mon papa,
Resurgissait combien tu m’avais manqué.
Je me souviens encore de cette première fois,
La première fois que tu te réveillais de ce long, trop long coma et que je venais te retrouver.
Je questionnais maman,
Ressemblais-tu -en mieux ou en pire- aux rescapés de La Shoah?
Étais-tu toujours Toi?
Pourtant, mon seul véritable souhait,
Celui pour lequel j’aurais fait rompre tout un empire,
Mon seul souhait, c’était de t’enlacer.
L’infirmière m’interdit ce merveilleux moment,
En m’expliquant tendrement que tu étais trop fragile pour l’instant.
Si seulement elle avait deviné combien je l’étais aussi!
Depuis on s’est trop rarement serrés dans les bras, Papa.
Heureusement, tu es toujours là…
Je t’aime Papa!
À ton courage mon Papa!

Le mariage de mon meilleur ami

Ce soir c’est le mariage de mon meilleur ami… Ah je devine la peur dans ton regard… je te promets que je ne vais pas être barbare.

Je viens vous raconter l’histoire d’une amitié.

Voilà qu’un jour lors d’un voyage annuel, je croise la route d’un garçon pas très conventionnel, Michael.

Michael, je t’assure, j’ai l’air bien engagée mais je vais faire dans le léger.

Je ne peux pas vraiment vous expliquer comment, mais suite à une simple œillade, il est immédiatement devenu mon camarade.

Très vite, on a échangé et on s’est adorés. Il faut dire que l’on possède au moins un trait commun, un sentiment assez mal dissimulé de supériorité, mais en toute simplicité!

Alors voilà que dès le premier jour, on a trouvé qu’il serait de bon aloi d’organiser entre nous une sorte de concours: mission, faire que tous nos cobayes déraillent, mettre tous nos pions en l’état de subordination, la magistrale et royale intention de consécration, bref l’idée timbrée d’en faire le plus chavirer; en résumé il s’agissait d’assujettir, d’asservir même, le plus grand nombre de cœurs et tout ça pour les honneurs!

Je passerai sur le fait que Michael prenait justement le jeu très à cœur et je concèderai en toute humilité que l’on a bien dû finir à égalité.

Néanmoins, n’imaginez pas que notre amitié s’est limitée à cet amusement inélégant et tellement divertissant, ah non non non notre lien s’est avéré bien + fort que nos vilains accords car c’est une complicité, une fraternité qui est alors née.

Le jeune bourreau des cœurs n’est pas seulement un ramoneur -je voulais dire un rieur- il est aussi plein de rigueur, il est un ami loyal et donc royal, puis un ami instruit et érudit, ainsi il est plutôt utile, vous avouerez que c’est agile!

Nous avons deux tempéraments brûlants, si si c’est avéré! Alors des différends, de temps en temps, mais jamais longtemps. J’ai compris qu’un véritable ami, c’est aussi un témoin, celui dont l’œil bienveillant permet d’aller en progressant. J’ai admis que l’amitié, la vraie, ne bute pas contre les disputes et le chemin qui mène au pardon n’est jamais long: Paris-Agadir c’est combien? trois heures en avion, eh ben voilà trois heures d’abnégation!

Voilà qu’un jour, alors que Michael était venu, ici à Paris, faire les quatre-cent coups avec nous, ses amis, il rencontrait dans le marais, celle qui allait devenir la femme de sa vie.

Il m’a immédiatement téléphoné pour m’en informer et je me suis écriée: « Exceptionnel, la suite du duel! »

Lorsque le soir j‘ai vu arriver une beauté plutôt réservée, là j’ai compris que j’allais perdre le concours. De toute évidence, il allait le trouver avant moi l’amour.

Quel agacement, et puis pour couronner le tout la copine survoltée de la beauté complètement exaltée qui hurle sans tabou « le bisou, le bisou ».

Vous savez que dans le dictionnaire du diable, l’antipathie se définit comme le sentiment inspiré par l’ami d’un ami?

J’ai bien essayé de tout lui trouver mais Michael s’est fâché et il a bien fait. Je me suis résignée et une fois que Sarah a accepté de me pardonner, j’ai découvert une formidable personnalité et il a bien fallu que je reconnaisse que c’était une princesse.

Aujourd’hui je suis plus qu’heureuse de vous voir vous marier et Michael, je ne te laisse pas tomber, un ami dans la merde reste un ami ;-).

Je vous aime très fort et vous souhaite une vie en or.

Soylent green…

Après Findus, voilà que la société agroalimentaire Spanghero, principal fournisseur sur le marché européen de viande de bœuf est montrée du doigt; on y aurait trouvé plus de quarante tonnes de viandes chevalines, impliquant de fortes suspicions de substitution.

La PME Comigel, qui a fabriqué les révoltantes lasagnes à la viande de cheval distribuées par Findus et Picard, dont  le siège social est à Metz et dont l’usine de production des plats incriminés se trouve au Luxembourg, a porté plainte contre X en France et au Luxembourg pour tromperie, falsification et escroquerie. Elle assure bien-sûr qu’il lui était impossible de déceler la supercherie orchestrée par son ravitailleur susnommé. Motif: cuisson sans décongélation, rendant indétectable la « tromperie organisée » par sa couleur et par son odeur. Et puis, « elle portait l’estampille sanitaire française apposée par Spanghero », s’est défendu le président de Comigel!

Je cherche à savoir ce qui suscite l’indignation? Est-ce la trahison, la traîtrise, la carotte –oui carotte c’est parfait dans cette situation- la carotte qu’ils nous ont mise qui nous scandalise? Ou n’est-ce pas plutôt parce que l’on sanctifie le fidèle destrier, la belle monture à fine allure, le fier alezan si élégant que l’on crée l’événement?

Ah bon? Ça ne se fait pas de manger du dada? Parce que les vertus seraient au bœuf et le vice monterait à poney? Oh non non, c’est parce que le bourrin est le meilleur ami de l’humain! Et pourquoi cuit vapeur il ne serait plus dans nos cœurs?

Blague à part, c’est vrai que c’est un beau barbare mais jamais un bon cheval ne deviendra plats cuisinés alors s’il est condamné?

Si l’on suit un certain courant de pensée, manger de la viande c’est déjà commettre un homicide irraisonné; la viande de cheval ce ne sera peut-être que la quintessence, l’excellence, le nec plus ultra de ce que l’on trouvera? De manière plus particulière, en Angleterre…

Je suis d’accord que le faux semblant est inconvenant, même très déplaisant, voire traumatisant, mais on le sait, l’honnêteté n’a jamais fait manger. Peut-être qu’il vaut mieux être cheval que charrette!

Alors voilà ce à quoi, moi, j’ai pensé… Avez-vous vu le film des années soixante-dix « soleil vert » réalisé par Fleischer et inspiré du roman de Harry Harrison? L’action du film se déroule en l’an 2022. New York baigne alors dans une étrange lumière jaune, qui a détruit la flore et la faune. Très peu de terres sont encore cultivables et les habitants qui n’ont pas les moyens d’acheter des produits naturels, à cause de prix exorbitants, consomment un aliment de synthèse développé par la multinationale « Soylent »: le soylent green (contraction de soybean-lentil soit lentille de soja). Au fur et à mesure des pérégrinations de Thorn et de son ami Sol, l’on découvre que le soleil vert est composé de cadavres humains. Tout ceci, grâce à une immense manigance des pouvoirs publics, de mèche avec les industriels: des manipulations, des malversations, de douteuses tractations pour détourner les corps de l’incinération et conserver les précieuses denrées. Quand on sait que les faits ont lieu en 2022 et que l’on prête au thriller la qualification de figure d’anticipation, on est en droit de se projeter…

Et si dans moins de dix ans, on découvrait des bouts de nous dans le ragout? Et si la fiction ne s’appliquait jamais qu’à dépeindre ce qui se profile à l’horizon? Vous trouvez ça barjot, oui c’est un peu dingo, mais songez un peu aux camps de concentration, ça va vous faire tout drôle.

Bon d’accord, ce ne sont que des divagations à visée exclusivement rhétorique mais enfin, comme disait Charles Baudelaire dans l’Art Romantique « tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais ».

Et si vous perdez aux courses, il vous sera permis de prendre votre revanche, en achetant des lasagnes…de cheval…avec un peu de chance!

Un baiser…

Lorsque j’étais petite fille, dans un coin de ma chambre, juste devant mon lit, j’avais édifié un petit théâtre. Je pouvais y grimacer et y faire des simagrées, le pied!

J’apprenais par cœur des textes entiers que l’on me choisissait, qu’ils soient heurts ou bonheur et je les récitais pendant des heures sans réellement en comprendre la teneur.

Il arriva qu’un jour Christian de Neuvillette, amant infortuné, s’agenouillât au balcon de sa bien-aimée pour lui déclarer:

« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce? Un serment fait d’un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui veut se confirmer, un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer; c’est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d’un peu se respirer le cœur, et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme! »

Je m’en souviens comme si c’était hier, Cyrano de Bergerac, acte trois scène dix, un délice… A ceci près que je n’en saisissais pas vraiment le sens.

Puis un jour tu m’as embrassée et alors il m’a suffit d’un instant pour déchiffrer le plus important.

Le serment contenu dans le baiser reçu: l’arôme des moments annoncés, la promesse d’une caresse, l’aveu que désormais les cieux sont suspendus au bleu de mes yeux et l’humanité à ce seul baiser, un silence plein d’abondance, un secret bien gardé, la rencontre merveilleuse de deux âmes mystérieuses, comme si l’on nous soufflait « pour l’éternité ».

Alors voilà ma passion, mon frisson, si je t’écris ces quelques mots c’est parce que mon encre aussi veut embrasser le papier et si mon amour est inquiet c’est simplement de ne plus recevoir tes baisers. Eh oui, tout ça pour un baiser…

 

 

L’associé du diable

Je suis scandalisée de lire que la souscription aux idées du F.N. n’a jamais été aussi importante.

Selon un sondage de ce mois de janvier, près d’un tiers des Français adhèrent aux pensées frontistes. Pire encore, le parti d’extrême droite ne représenterait “un danger pour la démocratie” qu’aux yeux de 47% de sondés.

Autrement dit, chers amis, plus de la moitié d’entre nous considère que la monstruosité incarnée n’est pas effrayante.

Oui je sais, vous allez me répondre que les questions posées aux sondeurs sont orientées d’une façon telle que l’on ne peut même en deviner la teneur et que le résultat n’est pas forcément identique si on enlève du package les consensus pour ne garder que les éléments diabolisant.

Vous allez vouloir m’apprendre que tant que le parti subit des divisions internes, il n’a nulle chance de succès et qu’il n’est que l’outil d’un duel gauche/droite à des fins électorales.

Vous soulignerez encore que puisque les prochaines élections ne rentrent pas dans l’équation, il manque l’aspect projection dans l’axe de réflexion; ce n’est pas tout à fait con, seulement souvenez-vous que c’est la diminution post-élections qui a calmé le jeu des présidentielles de 1995 et 2002.

Vous me rappellerez enfin son historique latence en quarante ans d’existence, mais c’est là que je tirerai la sonnette d’alarme, c’est bien le drame, l’enfer prospère!

Le front national, magnifique appellation adoptée par de téméraires résistants en temps d’actions, détournée de son originaire signification au service d’une idéologie paralysée et paralysante! Un système de pensée hostile aux réalités, capable de causer bien des peines puisqu’il s’appuie sur la haine.

Son cheval de bataille, l’intérêt national? Karl Marx enseignait que toute classe, tout celui même qui aspire à la domination « doit acquérir d’abord le pouvoir politique pour présenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général », vilaine manipulation! Bien-sûr, Marine sait séduire avec ses grands sourires, mais écoutez-moi bien, c’est le sourire de l’horreur, il n’y a pas pire tyran que celui ou celle qui impose en douceur. A urbanité extrême, méfiance extrême! La terreur est logée là dans l’anticipation d’un coup de fusil, pow! Vous l’entendez, c’est le souvenir des exterminations, la forme la plus extrême de destruction. Est-ce une inconvenante vérité? Je ne crois pas et Kundera semble d’accord avec moi: « les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort »!

Les affaires publiques sont confuses: la gauche est au centre et adopte des dispositions de droite, la droite, elle, prend souvent des mesures de gauche et parfois chacun part à l’extrême et abuse. Mais je ne vous pardonne pas à vous, moitié de français qui oubliez. Il faut être vide, vide de raison et vide d’émotion pour légitimer de telles opinions. Alors quoi, est-ce la peur qui vous pousse à n’importe quelle décision? Moi, je crois voir dans cette quasi-collaboration avec le démon la résultante d’un sentiment d’épouvante dans le prisme du terrorisme… Parce que vous pensez, vous, qu’il y a là une solution ou une condamnation, quand Madame fait l’amalgame entre immigration et agression? Eh bien non, les extrêmes flirtent, se frôlent et se nourrissent, ils ne s’avalent pas, ils se mangent, l’un produit l’autre et reproduit l’autre, chacun propage sa perfidie, l’un par l’écrit, l’autre par les cris, l’un par de drôles accusations, l’autre par d’immondes actions; le parti est l’associé du diable.

Tous les deux ont omis qu’aussi intense soit-elle une idéologie n’a pas la rigueur de la science et qu’elle ne s’imposera à l’homme que s’il la reçoit en toute prudence, qu’il marche au milieu des deux extrêmes, c’est celui-là le meilleur des systèmes!

Le 11 mars 2007, Jacques Chirac, « l’ami de Sadam », c’est fort de café, a magistralement déclamé: « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre ». Ah voilà qu’on s’entend! Vous n’avez pas le droit d’aimer les extrêmes quand vous connaissez les intentions de ceux qui les sèment. Ne négligez pas que de s’inscrire dans un mouvement idéologique c’est devenir soi-même l’idée et c’est là le danger pour nous français!

Alors si Denis Diderot affirmait que la règle du poète était de se jeter dans les extrêmes, la règle de ma prose sera au contraire de vous en garder et de vous empêcher de vous jeter dans l’antre du diantre.

Justice sauvage

 

« La justice, ça se rend, ça ne se vole pas! » Fernand Raynaud, France Inter, 14 novembre 1967.

Je lis ce matin, un article sur l’AGRASC, l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Il s’agit d’un établissement public administratif placé sous la double tutelle des ministères de la Justice et du Budget, créé par la loi n° 2010-768 du 9 juillet 2010 visant à faciliter la saisie et la confiscation en matière pénale. Déjà, je tombe des nues. Puis je continue la lecture… Ladite loi est entrée en vigueur suite à la publication du décret en Conseil d’État en date du 3 février 2011, inséré dans le code de procédure pénale aux articles R. 54-1 et suivants. J’étais vraiment passée à côté!

Cette loi, afin de mieux appréhender les profits générés par la délinquance et le crime organisé –entendez ce que vous voulez- et, ce faisant, de renforcer l’effet dissuasif de la sanction pénale, a élargi le champ des biens susceptibles d’être saisis. Elle a également créé une procédure de «saisie pénale spéciale aux fins de confiscation» «plus adaptée» -nous assure-t-on- que les procédures civiles d’exécution, «complexes et coûteuses». Cela ressemble bien à un véritable mode de justice privée! Et voilà que l’on nous remet en cause les bonnes vieilles procédures que les élèves en droit, à l’unanimité, peinent à apprendre tant elles sont riches et sophistiquées afin justement de garantir l’équité…devant les tribunaux.

Non, non, non, attendez, sans doute que la composition de ladite agence en est le garde-fou?! Voyons cela, elle est dirigée par un magistrat de l’ordre judiciaire et dotée d’un conseil d’administration également présidé par un magistrat de l’ordre judiciaire, elle est composée d’onze agents provenant des ministères de la Justice, de l’Intérieur et du Budget. Ah oui super, alors là c’est sûr, aucune influence ni des convictions personnelles de ceux qui la constituent, ni des orientations politiques de la tendance au pouvoir… On se fout de nous là!

Je crois que tout le monde connaît sur son propre air, de sa propre manière, ce dicton russe pas tout à fait abscons, pour ne pas dire con «ne te méfie pas de la justice, crains plutôt le juge». Et parce qu’ils seraient onze, son impartialité serait préservée? Mais ils sont onze en provenance de la même gouvernance, ils ont la même attirance, font la même révérence et ils sont l’Agence! Ainsi, au lieu que le pouvoir ne dispense la justice, c’est la justice qui se transforme en une forme de souveraineté arbitraire et autoritaire, tributaire plus qu’on ne le permettrait de l’aléa et du mandat. Ne trouvez-vous pas que la justice prend un tour d’inélégance, une quasi-sous-traitance…de la vengeance? Dois-je apprendre à Monsieur Sarkozy (parmi de nombreux échantillons qui nourrissent la leçon) combien les coquilles, même démodées, compromettent face au Parquet?

Plus grotesque et abracadabrantesque encore, l’on procède aux dépossessions sans distinction. Quelque soit la catégorie du délit commis, la privation sera assortie d’une habilitation sans restriction. Vous devinez alors que l’on s’en donnera davantage à cœur joie en ce qui concernera le chef d’entreprise qui créait de l’emploi mais que l’on plonge dans le désarroi pour le considérer hors la loi quelque soit le cas, que le meurtrier sans objets. Ah oui, car j’oubliais de préciser, in fine tout ce qui est confisqué est versé peu ou prou dans les caisses de l’Etat aigre-doux ou dans sa boîte à bijoux.

Pour résumer et sans rentrer dans les détails du champ de bataille, les sommes saisies sont précautionneusement placées sur un compte ouvert au nom de l’Agence à la Caisse des Dépôts et Consignations et il est procédé à la vente des biens meubles saisis par les magistrats lorsque ces derniers estiment « qu’ils ne sont plus utiles à la manifestation de la vérité et qu’ils sont susceptibles de dépréciation », entendez dix fois sur dix!

A la Une du Parisien le 30 octobre dernier: « A vendre : yacht, hôtel particulier, vignoble » et j’en passe et des meilleurs!

On dit que justice et politique sont ruine de patrimoine, oui mais pas du patrimoine de l’Etat. Ce sont vingt-huit mille huit cent cinquante et un biens qui auraient été ainsi confisqués en deux ans, lors du déroulement de quinze mille affaires et un petit milliard d’euros en liquide. Et la belle AGRASC a élu domicile rue de Richelieu, élection et prédestination!

Elle est considérée comme l’un des services les plus discrets de l’Administration, je vous l’ai dit, j’étais complétement passée à côté; seulement, ironie du sort, Jérôme Cahuzac, de concours avec Christiane Taubira, signent un papier dans lequel ils « félicitent les équipes de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC) pour la Victoire de l’organisation, pour la fonction publique d’Etat, reçue lors des Victoires des Acteurs publics, le 13 décembre ». Là, ça devenait vraiment difficile de passer à côté!

Pris à votre propre piège, Monsieur le Ministre, au pire il vous restera toujours l’exil pour recommencer la vie que l’on vous aura confisquée.