La tête de l’année

Lorsque D.ieu a façonné le monde, Il a commencé par la rigueur, le Din. Parce qu’un projet ne tient pas debout sans structure. Toutefois, très vite, Il y a ajouté la miséricorde, le Hessed. Car un monde trop raide se brise.

Est-ce supposer que D’ieu, le tout puissant s’était trompé de plan? 
Évidemment non, puisqu’il est absolu : un visionnaire sans délimitation de sa vue, ni dans le temps, ni dans l’espace. 

Entendons-nous ainsi: ce récit est bien plus qu’un souvenir biblique, c’est une pédagogie. Tout ce que tu entreprends, entame-le avec rigueur — ton mariage, ton projet d’entreprise, ta remise en forme, ton étude). Puis, ajoute la souplesse, adoucis-en l’aura. Comme un architecte qui dessine au millimètre, mais qui sait, au moment de bâtir, laisser entrer la lumière.

C’est peut-être pour cela que Yossef HaTsadik, devenu maître d’un empire entier, a été appelé « le juste ». Non pas parce qu’il gouvernait avec froideur, mais parce qu’il rêvait chaque nuit d’un monde meilleur. 
L’équilibre rare : la force du cadre et l’élan du cœur.

Roch Hachana nous offre ce double mouvement. On dessine l’année qui s’ouvre, on trace ses contours: nos desseins. 
Puis, à son tour Kippour intervient et nous incite à regarder nos failles — non pour nous abattre, mais pour les transformer en tremplin. Ce n’est pas un temps de découragement : c’est une école d’optimisme.
C’est un moment de collectivité imposé, car la clémence n’est jamais une affaire privée. L’année qui vient ne se construira pas sans l’autre, sans cette interaction sociale qui nous ramène, toujours, à notre humanité partagée.

La création du monde par le grand Manitou s’achève par ce mot : Laassot — faire. 
Alors fais, essaye, même si tu échoues, même si tu pèches. Adam-lui- a dévoré la pomme, puis il a eu l’humilité de se l’avouer : « J’ai mangé ». 
Voilà la vraie leçon : mieux vaut tenter, maladroit, asservi à ses inconstances, ses inconsistances et l’envie, puis se corriger, que de rester pétrifié dans l’illusion d’exister. L’essentiel n’est pas d’être parfait, mais de continuer à avancer, fragile, sincère et volontaire.

Alors, en ce Roch Hachana, souviens-toi : chaque homme, chaque femme est recréé(e). Et puisque D.ieu te confie à nouveau la vie, avec la douceur du miel et ce message discret : « mieux vaut avancer vacillant, mais les yeux tournés vers le haut, que de briller au sommet, en contemplant sans progrès, ceux qui s’échinent depuis en bas », sers-la. Écris l’année avec ta tête, signe-la avec ton âme.

Shana Tova, qu’elle soit ornée de justesse et de gentillesse. En ces instants, nous en avons tant besoin.

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