Archives mensuelles : février 2013

Flight!

Cette semaine j’ai assisté à la projection du film flight, que je vous recommande d’aller voir prestement… Il est tellement éloquent…

L’intrigue se noue autour de l’histoire d’un pilote –incarné à merveille par Denzel Washington- que l’alcool et la cocaïne ligotent. Oui, jusqu’au jour où le sort le réveille, il perd le contrôle de son appareil… Fort de son expérience et de son intelligence, il parvient à sauver presque cent vies sauf que c’est dramatique, sous narcotiques, on refuse de lui accorder de mérite et on préfère engager contre lui des poursuites.

On suit parallèlement une jeune femme accro à l’héroïne et ça nous abomine. On se rend compte que la drogue assassine quand on en manque mais surtout quand on s’en flanque, que ce soit, dans le nez, dans le bras ou dans la bouche…

Ce film m’a particulièrement émue, d’autant plus touchée que j’ai quelques amis, souvent originairement des génies, victimes de cette calamité… Je me suis toujours demandée pourquoi ils l’ont en affection? Est-ce un défi lancé à l’esprit, à la raison? Peut-être pour les plus instruits, mais vous savez pourtant que c’est loin d’être le paradis… C’est une prison, c’est un poison… Si seulement ça apportait un peu de savoir, mais au contraire c’est en fermer le tiroir, c’est un mouroir surtout au moment de déchoir! Oui je sais que la descente vous la redoutez, peut-être autant que la réalité et pourtant vous en redemandez… Quand je vous regarde mes amis tant aimés, quand je vous regarde vous détruire, vous démolir, quand je vous regarde vous bousiller, j’ai comme l’impression que c’est les êtres les plus brillants, les plus bienveillants, les plus frémissants que la vie attache aux stupéfiants. J’ai comme la sensation que c’est eux qu’elle place dans la détresse et qu’elle est là, la source de vos ivresses.

Mon ami, je me sens si affaiblie quand tu me souris, je ne sais pas t’aider, peut-être parce que j’ai peur de tomber. Mais pourquoi tu t’obstines alors que tu sais que ça confine? Pourquoi t’acharner alors que tu sais que tu vas te faire interner?

On va me reprocher de tout confondre. Certains vont me dire que, non, la cocaïne n’exclut pas de la société, qu’elle est un outil commun en soirée, qu’elle permet de mieux fêter sans se fatiguer; ah parce que tu crois que ton euphorie, ton sentiment de toute puissance physique et intellectuel est éternel? Ils vont laisser le poste à l’agitation, puis à l’appréhension et enfin à la dépression. D’autres vont hurler que le cannabis est une drogue douce, bien sûr, si douce qu’elle te rend complètement apathique et te démotive de façon pathétique. D’autres encore que l’effet hallucinatoire du champignon est momentané et sans danger; invention, fabulation et celle-ci est redoutable et puits d’alimentation… Et que dire même de l’addiction aux antidépresseurs, à part que dans ces conditions, ils sont aussi dévastateurs… Et j’en passe et des meilleurs!

Je ne sais que trop bien combien le doute, le flottement, la réflexion nécessaires à la construction, combien aussi l’émotion, les désillusions, les chagrins passagers nous donnent envie de les voiler, de nous cacher. On se déprime et quoi de mieux pour s’ignorer à soi-même, se taire son propre abîme, que de s’oublier, que de se droguer? Rien de pire vous voulez-dire!

C’est dur de parler de soi, de ses émois, de ses effrois, mais c’est vital. Parlez à votre ami, ou à un psy, c’est égal, mais parlez, c’est le principal! Ne confiez pas votre existence à un trafiquant, commerçant, qui n’en a que faire de votre subsistance! N’oubliez pas que l’apothicaire ne sent pas ses drogues, lui n’en prend pas, la plupart du temps! Lui c’est un acheté, un suborné et ses produits sont altérés, sont empoisonnés! Ne participez pas non plus aux idées reçues selon lesquelles le pauvre qui se drogue se met plus en danger que le garçon ou la fille aisé(e)? Ni vos denrées, ni vos volontés ne sont plus contrôlées. Dans les deux cas, c’est le fracas, vous êtes sinistrés!Et ça ne va pas s’arrêter, à chaque prise il vous en faudra plus, jusqu’à l’ultime crise. Comme l’avait déclaré Jim Morrison avec beaucoup d’ironie: « dans la vie, j’ai eu le choix entre la drogue et la mort, j’ai choisi la première et c’est la seconde qui m’a choisi ».

Alors quoi, vous voulez vous enticher d’un tel désarroi, d’une came qui vous noie, d’un destin qui vous foudroie? Et puis vous avez-vu la gueule que ça vous fait? Non, parce qu’il y aurait de quoi pleurer! Je peux vous assurer que nous, sobres, ça nous ferait presque marrer. Alors au lieu de fumer, de renifler, de vous saouler, de vous piquer, riez, rêvez, vivez! Au moins, on ne meurt pas d’une overdose de gaieté!

 

Malade imaginaire!

La grippe ce n’est vraiment pas rose! Depuis cinq jours, je me sens toute chose… Ma toux me rend chèvre, ma fièvre me fait passer mièvre et mes bronches condamnent mes lèvres.  Je me sens si affaiblie que je m’en inquièterais presque pour ma survie. Le lit, mon habituel ennemi du samedi, est devenu mon seul ami « jusqu’au moins vendredi » m’a-t-on dit… C’est vrai, je suis à terre et quel calvaire, même le miel m’est amer, mais croyez-moi, ce n’est pas ce qui me met en émoi. Ce qui me foudroie, c’est la trêve! Parce qu’elle continue sans moi la guerre… La guerre? Ben si la guerre, celle du plus en faire et du mieux le faire!

D’accord, il faut que je vous l’indique, je suis dismorphophobique à un stade critique… Je vous explique: devant le miroir, je me sens comme un cheval devant la porte de l’abattoir. Pis encore, si je suis empêchée de pratiquer un sport pendant disons plus de 36 heures, il me renvoie alors un message d’horreur. Bien-sûr que c’est psychosomatique mais ça pique. Et ma quête de la perfection n’est que plus prononcée dans la seconde dimension, celle de l’action.

Vous comprendrez donc que plus que la souffrance c’est l’impuissance qui m’offense, que ce n’est pas la douleur mais la peur qui me tend les armes du vainqueur.

Pfff, je m’ennuie, qu’est-ce que je m’ennuie… Non, non, le malade n’a pas d’amis! Certains prétendront que, comme l’animal qui sent le mal, l’ami fuit; moi je démens, l’ami respecte ta vanité et ta dignité et attend ton rétablissement gentiment, calmement ou prudemment…

J’ai une santé un peu fragile, mais à force de, j’ai fini par être agile avec les remèdes. Je ne vais plus consulter, parce que comme le souffle un proverbe polonais, le médecin se fait payer, qu’il ait tué la maladie ou le malmené.

Bref, j’en viens aux faits: ce que je voulais vous rapporter, c’est qu’en ces jours un peu lourd, au cours desquels j’avais l’impression que la mort prenait ses quartiers, c’est mon corps qui a reçu une confession et mon âme une leçon. Ils m’ont rappelé que tant que j’ai mal c’est bien que je vis!

Voilà, je me suis reprochée de crier, j’ai pensé à ceux qui sont alités non pas cinq jours mais cinq mois ou cinq années et plus -si affinités avec la plaie- et j’ai pleuré. Je loue leur volonté et je vais vous raconter.

Le 20 novembre 1999, alors que j’étais à peine âgée de douze années, mon père rentre à la maison et glisse un « je dois te parler », discret et inquiété, à ma mère qui avait déjà tout deviné. Il venait de recevoir des résultats d’analyses de sang qui lui annonçaient froidement qu’il allait devoir avoir du cran… Quelques jours plus tard, le 28, devait avoir lieu ma « bat mitzva » et mon père bravait tous les interdits, il avait décidé qu’il en serait, leucémie ou pas. La fête a eu lieu et je vous laisse imaginer dans quel contexte sérieux, dans quel climat caverneux, dans quel vacarme je suis devenue femme.

Après l’écrasant et glaçant festival, mon père a bien dû rentrer à l’hôpital. On lui rendait visite en habits de cosmonaute, comme je me plaisais à conter en jouant les sottes. J’incarnais volontairement et parfaitement le rôle de l’enfant demeuré mais croyez-moi, j’avais largement réalisé qu’il était loin le monde enchanté.

Le 23 décembre, mon père, qui n’avait eu de cesse jusqu’alors de faire preuve d’hardiesse, s’est plaint auprès de l’interne responsable de sa chambre d’un important bleu à la jambe: « c’est rien -lui répondit ce fils de chien- vous avez dû vous cogner, en l’état, ça prend des proportions démesurées ». C’est toi qui es cogné! C’est justement ce que l’on voulait éviter…

Ca n’a pas manqué, le lendemain, la leucémie s’est doublée d’une septicémie et mon père a d’urgence été transféré dans des services plus appropriés. Soir de tempête 99, tout le monde s’en souvient, sur le route pour le CHU de Strasbourg, avec toujours autant de bravoure. A l’arrivée, c’est dans un coma artificiel qu’il a fallu le plonger pour espérer le sauver et ce sont des semaines, des mois ou peut-être des années d’enfer qui ont démarré. Comme si Dieu l’avait dédoublée, ma mère, a pendant quatre mois jonglé entre l’éducation de la petite fille que j’étais et les allers retours à Strasbourg au chevet de l’homme qu’elle aimait. Elle le voyait maigrir et s’affaiblir; son dévouement ne surmontait pas seulement peur et douleur, elle les ignorait courageusement!

Au bout de quatre long mois, mon père est enfin revenu à lui, moins les 30 kilos dont il avait été démuni… Il fallait qu’il reprenne des forces afin de réattaquer la chimiothérapie, mais un corps dont le cœur est malade a-t-il une chance de se rétablir? Parce qu’au réveil, nul ne peut imaginer solitude pareille… C’est la rencontre fracassante, effrayante, terrassante de toi et de ton âme souffrante. Et ça a duré quatre années.

Pendant des mois, j’ai vu, j’ai contemplé même, plutôt admiré mon père qui se battait pour réapprendre à marcher, pour se renflouer, avec la perspective de nouvelles épreuves toujours aussi harassantes. Je l’ai entendu nous dire que s’il y parvenait, c’est grâce à l’amour de ses enfants, de ses amis et surtout de sa moitié. A croire que rien ne vous rend si grand qu’un tel tiraillement. Eh bien non papa, c’est avant tout grâce à toi, si aujourd’hui tu es là, fort et en or, si tu as guéri et que tu as, que tu nous as, reconstruit une vie des plus jolies.

Bien sûr ma poésie n’est pas un remède à la maladie, ni à ma petite bronchite ni à la leucémie subite, mais elle a le mérite d‘affirmer qu’il ne faut pas oublier que chaque blessure est une mémoire, sa cicatrice est un leurre, car même refermée elle est dans nos pensées pour toujours, comme l’est un grand amour. Il faut apprendre la souffrance de l’autre pour l’aider à la surmonter; c’est là une belle occasion d’aimer et de le montrer.

Et comme on le dit en Chine, « qui porte des chaussures ignore la torture de ceux qui marchent pieds-nus », alors quand tu souffres, regarde la douleur de celui qui est en face, elle te forcera à faire face et à voir combien elle est imaginaire par rapport à celle de ton père.

 

Suite…

Papa,
Hier soir j’ai pleuré fort,
Aussi fort que je t’aime mon papa,
Resurgissait combien tu m’avais manqué.
Je me souviens encore de cette première fois,
La première fois que tu te réveillais de ce long, trop long coma et que je venais te retrouver.
Je questionnais maman,
Ressemblais-tu -en mieux ou en pire- aux rescapés de La Shoah?
Étais-tu toujours Toi?
Pourtant, mon seul véritable souhait,
Celui pour lequel j’aurais fait rompre tout un empire,
Mon seul souhait, c’était de t’enlacer.
L’infirmière m’interdit ce merveilleux moment,
En m’expliquant tendrement que tu étais trop fragile pour l’instant.
Si seulement elle avait deviné combien je l’étais aussi!
Depuis on s’est trop rarement serrés dans les bras, Papa.
Heureusement, tu es toujours là…
Je t’aime Papa!
À ton courage mon Papa!

Le mariage de mon meilleur ami

Ce soir c’est le mariage de mon meilleur ami… Ah je devine la peur dans ton regard… je te promets que je ne vais pas être barbare.

Je viens vous raconter l’histoire d’une amitié.

Voilà qu’un jour lors d’un voyage annuel, je croise la route d’un garçon pas très conventionnel, Michael.

Michael, je t’assure, j’ai l’air bien engagée mais je vais faire dans le léger.

Je ne peux pas vraiment vous expliquer comment, mais suite à une simple œillade, il est immédiatement devenu mon camarade.

Très vite, on a échangé et on s’est adorés. Il faut dire que l’on possède au moins un trait commun, un sentiment assez mal dissimulé de supériorité, mais en toute simplicité!

Alors voilà que dès le premier jour, on a trouvé qu’il serait de bon aloi d’organiser entre nous une sorte de concours: mission, faire que tous nos cobayes déraillent, mettre tous nos pions en l’état de subordination, la magistrale et royale intention de consécration, bref l’idée timbrée d’en faire le plus chavirer; en résumé il s’agissait d’assujettir, d’asservir même, le plus grand nombre de cœurs et tout ça pour les honneurs!

Je passerai sur le fait que Michael prenait justement le jeu très à cœur et je concèderai en toute humilité que l’on a bien dû finir à égalité.

Néanmoins, n’imaginez pas que notre amitié s’est limitée à cet amusement inélégant et tellement divertissant, ah non non non notre lien s’est avéré bien + fort que nos vilains accords car c’est une complicité, une fraternité qui est alors née.

Le jeune bourreau des cœurs n’est pas seulement un ramoneur -je voulais dire un rieur- il est aussi plein de rigueur, il est un ami loyal et donc royal, puis un ami instruit et érudit, ainsi il est plutôt utile, vous avouerez que c’est agile!

Nous avons deux tempéraments brûlants, si si c’est avéré! Alors des différends, de temps en temps, mais jamais longtemps. J’ai compris qu’un véritable ami, c’est aussi un témoin, celui dont l’œil bienveillant permet d’aller en progressant. J’ai admis que l’amitié, la vraie, ne bute pas contre les disputes et le chemin qui mène au pardon n’est jamais long: Paris-Agadir c’est combien? trois heures en avion, eh ben voilà trois heures d’abnégation!

Voilà qu’un jour, alors que Michael était venu, ici à Paris, faire les quatre-cent coups avec nous, ses amis, il rencontrait dans le marais, celle qui allait devenir la femme de sa vie.

Il m’a immédiatement téléphoné pour m’en informer et je me suis écriée: « Exceptionnel, la suite du duel! »

Lorsque le soir j‘ai vu arriver une beauté plutôt réservée, là j’ai compris que j’allais perdre le concours. De toute évidence, il allait le trouver avant moi l’amour.

Quel agacement, et puis pour couronner le tout la copine survoltée de la beauté complètement exaltée qui hurle sans tabou « le bisou, le bisou ».

Vous savez que dans le dictionnaire du diable, l’antipathie se définit comme le sentiment inspiré par l’ami d’un ami?

J’ai bien essayé de tout lui trouver mais Michael s’est fâché et il a bien fait. Je me suis résignée et une fois que Sarah a accepté de me pardonner, j’ai découvert une formidable personnalité et il a bien fallu que je reconnaisse que c’était une princesse.

Aujourd’hui je suis plus qu’heureuse de vous voir vous marier et Michael, je ne te laisse pas tomber, un ami dans la merde reste un ami ;-).

Je vous aime très fort et vous souhaite une vie en or.

Soylent green…

Après Findus, voilà que la société agroalimentaire Spanghero, principal fournisseur sur le marché européen de viande de bœuf est montrée du doigt; on y aurait trouvé plus de quarante tonnes de viandes chevalines, impliquant de fortes suspicions de substitution.

La PME Comigel, qui a fabriqué les révoltantes lasagnes à la viande de cheval distribuées par Findus et Picard, dont  le siège social est à Metz et dont l’usine de production des plats incriminés se trouve au Luxembourg, a porté plainte contre X en France et au Luxembourg pour tromperie, falsification et escroquerie. Elle assure bien-sûr qu’il lui était impossible de déceler la supercherie orchestrée par son ravitailleur susnommé. Motif: cuisson sans décongélation, rendant indétectable la « tromperie organisée » par sa couleur et par son odeur. Et puis, « elle portait l’estampille sanitaire française apposée par Spanghero », s’est défendu le président de Comigel!

Je cherche à savoir ce qui suscite l’indignation? Est-ce la trahison, la traîtrise, la carotte –oui carotte c’est parfait dans cette situation- la carotte qu’ils nous ont mise qui nous scandalise? Ou n’est-ce pas plutôt parce que l’on sanctifie le fidèle destrier, la belle monture à fine allure, le fier alezan si élégant que l’on crée l’événement?

Ah bon? Ça ne se fait pas de manger du dada? Parce que les vertus seraient au bœuf et le vice monterait à poney? Oh non non, c’est parce que le bourrin est le meilleur ami de l’humain! Et pourquoi cuit vapeur il ne serait plus dans nos cœurs?

Blague à part, c’est vrai que c’est un beau barbare mais jamais un bon cheval ne deviendra plats cuisinés alors s’il est condamné?

Si l’on suit un certain courant de pensée, manger de la viande c’est déjà commettre un homicide irraisonné; la viande de cheval ce ne sera peut-être que la quintessence, l’excellence, le nec plus ultra de ce que l’on trouvera? De manière plus particulière, en Angleterre…

Je suis d’accord que le faux semblant est inconvenant, même très déplaisant, voire traumatisant, mais on le sait, l’honnêteté n’a jamais fait manger. Peut-être qu’il vaut mieux être cheval que charrette!

Alors voilà ce à quoi, moi, j’ai pensé… Avez-vous vu le film des années soixante-dix « soleil vert » réalisé par Fleischer et inspiré du roman de Harry Harrison? L’action du film se déroule en l’an 2022. New York baigne alors dans une étrange lumière jaune, qui a détruit la flore et la faune. Très peu de terres sont encore cultivables et les habitants qui n’ont pas les moyens d’acheter des produits naturels, à cause de prix exorbitants, consomment un aliment de synthèse développé par la multinationale « Soylent »: le soylent green (contraction de soybean-lentil soit lentille de soja). Au fur et à mesure des pérégrinations de Thorn et de son ami Sol, l’on découvre que le soleil vert est composé de cadavres humains. Tout ceci, grâce à une immense manigance des pouvoirs publics, de mèche avec les industriels: des manipulations, des malversations, de douteuses tractations pour détourner les corps de l’incinération et conserver les précieuses denrées. Quand on sait que les faits ont lieu en 2022 et que l’on prête au thriller la qualification de figure d’anticipation, on est en droit de se projeter…

Et si dans moins de dix ans, on découvrait des bouts de nous dans le ragout? Et si la fiction ne s’appliquait jamais qu’à dépeindre ce qui se profile à l’horizon? Vous trouvez ça barjot, oui c’est un peu dingo, mais songez un peu aux camps de concentration, ça va vous faire tout drôle.

Bon d’accord, ce ne sont que des divagations à visée exclusivement rhétorique mais enfin, comme disait Charles Baudelaire dans l’Art Romantique « tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais ».

Et si vous perdez aux courses, il vous sera permis de prendre votre revanche, en achetant des lasagnes…de cheval…avec un peu de chance!

Un baiser…

Lorsque j’étais petite fille, dans un coin de ma chambre, juste devant mon lit, j’avais édifié un petit théâtre. Je pouvais y grimacer et y faire des simagrées, le pied!

J’apprenais par cœur des textes entiers que l’on me choisissait, qu’ils soient heurts ou bonheur et je les récitais pendant des heures sans réellement en comprendre la teneur.

Il arriva qu’un jour Christian de Neuvillette, amant infortuné, s’agenouillât au balcon de sa bien-aimée pour lui déclarer:

« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce? Un serment fait d’un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui veut se confirmer, un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer; c’est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d’un peu se respirer le cœur, et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme! »

Je m’en souviens comme si c’était hier, Cyrano de Bergerac, acte trois scène dix, un délice… A ceci près que je n’en saisissais pas vraiment le sens.

Puis un jour tu m’as embrassée et alors il m’a suffit d’un instant pour déchiffrer le plus important.

Le serment contenu dans le baiser reçu: l’arôme des moments annoncés, la promesse d’une caresse, l’aveu que désormais les cieux sont suspendus au bleu de mes yeux et l’humanité à ce seul baiser, un silence plein d’abondance, un secret bien gardé, la rencontre merveilleuse de deux âmes mystérieuses, comme si l’on nous soufflait « pour l’éternité ».

Alors voilà ma passion, mon frisson, si je t’écris ces quelques mots c’est parce que mon encre aussi veut embrasser le papier et si mon amour est inquiet c’est simplement de ne plus recevoir tes baisers. Eh oui, tout ça pour un baiser…

 

 

L’associé du diable

Je suis scandalisée de lire que la souscription aux idées du F.N. n’a jamais été aussi importante.

Selon un sondage de ce mois de janvier, près d’un tiers des Français adhèrent aux pensées frontistes. Pire encore, le parti d’extrême droite ne représenterait « un danger pour la démocratie » qu’aux yeux de 47% de sondés.

Autrement dit, chers amis, plus de la moitié d’entre nous considère que la monstruosité incarnée n’est pas effrayante.

Oui je sais, vous allez me répondre que les questions posées aux sondeurs sont orientées d’une façon telle que l’on ne peut même en deviner la teneur et que le résultat n’est pas forcément identique si on enlève du package les consensus pour ne garder que les éléments diabolisant.

Vous allez vouloir m’apprendre que tant que le parti subit des divisions internes, il n’a nulle chance de succès et qu’il n’est que l’outil d’un duel gauche/droite à des fins électorales.

Vous soulignerez encore que puisque les prochaines élections ne rentrent pas dans l’équation, il manque l’aspect projection dans l’axe de réflexion; ce n’est pas tout à fait con, seulement souvenez-vous que c’est la diminution post-élections qui a calmé le jeu des présidentielles de 1995 et 2002.

Vous me rappellerez enfin son historique latence en quarante ans d’existence, mais c’est là que je tirerai la sonnette d’alarme, c’est bien le drame, l’enfer prospère!

Le front national, magnifique appellation adoptée par de téméraires résistants en temps d’actions, détournée de son originaire signification au service d’une idéologie paralysée et paralysante! Un système de pensée hostile aux réalités, capable de causer bien des peines puisqu’il s’appuie sur la haine.

Son cheval de bataille, l’intérêt national? Karl Marx enseignait que toute classe, tout celui même qui aspire à la domination « doit acquérir d’abord le pouvoir politique pour présenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général », vilaine manipulation! Bien-sûr, Marine sait séduire avec ses grands sourires, mais écoutez-moi bien, c’est le sourire de l’horreur, il n’y a pas pire tyran que celui ou celle qui impose en douceur. A urbanité extrême, méfiance extrême! La terreur est logée là dans l’anticipation d’un coup de fusil, pow! Vous l’entendez, c’est le souvenir des exterminations, la forme la plus extrême de destruction. Est-ce une inconvenante vérité? Je ne crois pas et Kundera semble d’accord avec moi: « les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort »!

Les affaires publiques sont confuses: la gauche est au centre et adopte des dispositions de droite, la droite, elle, prend souvent des mesures de gauche et parfois chacun part à l’extrême et abuse. Mais je ne vous pardonne pas à vous, moitié de français qui oubliez. Il faut être vide, vide de raison et vide d’émotion pour légitimer de telles opinions. Alors quoi, est-ce la peur qui vous pousse à n’importe quelle décision? Moi, je crois voir dans cette quasi-collaboration avec le démon la résultante d’un sentiment d’épouvante dans le prisme du terrorisme… Parce que vous pensez, vous, qu’il y a là une solution ou une condamnation, quand Madame fait l’amalgame entre immigration et agression? Eh bien non, les extrêmes flirtent, se frôlent et se nourrissent, ils ne s’avalent pas, ils se mangent, l’un produit l’autre et reproduit l’autre, chacun propage sa perfidie, l’un par l’écrit, l’autre par les cris, l’un par de drôles accusations, l’autre par d’immondes actions; le parti est l’associé du diable.

Tous les deux ont omis qu’aussi intense soit-elle une idéologie n’a pas la rigueur de la science et qu’elle ne s’imposera à l’homme que s’il la reçoit en toute prudence, qu’il marche au milieu des deux extrêmes, c’est celui-là le meilleur des systèmes!

Le 11 mars 2007, Jacques Chirac, « l’ami de Sadam », c’est fort de café, a magistralement déclamé: « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre ». Ah voilà qu’on s’entend! Vous n’avez pas le droit d’aimer les extrêmes quand vous connaissez les intentions de ceux qui les sèment. Ne négligez pas que de s’inscrire dans un mouvement idéologique c’est devenir soi-même l’idée et c’est là le danger pour nous français!

Alors si Denis Diderot affirmait que la règle du poète était de se jeter dans les extrêmes, la règle de ma prose sera au contraire de vous en garder et de vous empêcher de vous jeter dans l’antre du diantre.

Justice sauvage

 

« La justice, ça se rend, ça ne se vole pas! » Fernand Raynaud, France Inter, 14 novembre 1967.

Je lis ce matin, un article sur l’AGRASC, l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Il s’agit d’un établissement public administratif placé sous la double tutelle des ministères de la Justice et du Budget, créé par la loi n° 2010-768 du 9 juillet 2010 visant à faciliter la saisie et la confiscation en matière pénale. Déjà, je tombe des nues. Puis je continue la lecture… Ladite loi est entrée en vigueur suite à la publication du décret en Conseil d’État en date du 3 février 2011, inséré dans le code de procédure pénale aux articles R. 54-1 et suivants. J’étais vraiment passée à côté!

Cette loi, afin de mieux appréhender les profits générés par la délinquance et le crime organisé –entendez ce que vous voulez- et, ce faisant, de renforcer l’effet dissuasif de la sanction pénale, a élargi le champ des biens susceptibles d’être saisis. Elle a également créé une procédure de «saisie pénale spéciale aux fins de confiscation» «plus adaptée» -nous assure-t-on- que les procédures civiles d’exécution, «complexes et coûteuses». Cela ressemble bien à un véritable mode de justice privée! Et voilà que l’on nous remet en cause les bonnes vieilles procédures que les élèves en droit, à l’unanimité, peinent à apprendre tant elles sont riches et sophistiquées afin justement de garantir l’équité…devant les tribunaux.

Non, non, non, attendez, sans doute que la composition de ladite agence en est le garde-fou?! Voyons cela, elle est dirigée par un magistrat de l’ordre judiciaire et dotée d’un conseil d’administration également présidé par un magistrat de l’ordre judiciaire, elle est composée d’onze agents provenant des ministères de la Justice, de l’Intérieur et du Budget. Ah oui super, alors là c’est sûr, aucune influence ni des convictions personnelles de ceux qui la constituent, ni des orientations politiques de la tendance au pouvoir… On se fout de nous là!

Je crois que tout le monde connaît sur son propre air, de sa propre manière, ce dicton russe pas tout à fait abscons, pour ne pas dire con «ne te méfie pas de la justice, crains plutôt le juge». Et parce qu’ils seraient onze, son impartialité serait préservée? Mais ils sont onze en provenance de la même gouvernance, ils ont la même attirance, font la même révérence et ils sont l’Agence! Ainsi, au lieu que le pouvoir ne dispense la justice, c’est la justice qui se transforme en une forme de souveraineté arbitraire et autoritaire, tributaire plus qu’on ne le permettrait de l’aléa et du mandat. Ne trouvez-vous pas que la justice prend un tour d’inélégance, une quasi-sous-traitance…de la vengeance? Dois-je apprendre à Monsieur Sarkozy (parmi de nombreux échantillons qui nourrissent la leçon) combien les coquilles, même démodées, compromettent face au Parquet?

Plus grotesque et abracadabrantesque encore, l’on procède aux dépossessions sans distinction. Quelque soit la catégorie du délit commis, la privation sera assortie d’une habilitation sans restriction. Vous devinez alors que l’on s’en donnera davantage à cœur joie en ce qui concernera le chef d’entreprise qui créait de l’emploi mais que l’on plonge dans le désarroi pour le considérer hors la loi quelque soit le cas, que le meurtrier sans objets. Ah oui, car j’oubliais de préciser, in fine tout ce qui est confisqué est versé peu ou prou dans les caisses de l’Etat aigre-doux ou dans sa boîte à bijoux.

Pour résumer et sans rentrer dans les détails du champ de bataille, les sommes saisies sont précautionneusement placées sur un compte ouvert au nom de l’Agence à la Caisse des Dépôts et Consignations et il est procédé à la vente des biens meubles saisis par les magistrats lorsque ces derniers estiment « qu’ils ne sont plus utiles à la manifestation de la vérité et qu’ils sont susceptibles de dépréciation », entendez dix fois sur dix!

A la Une du Parisien le 30 octobre dernier: « A vendre : yacht, hôtel particulier, vignoble » et j’en passe et des meilleurs!

On dit que justice et politique sont ruine de patrimoine, oui mais pas du patrimoine de l’Etat. Ce sont vingt-huit mille huit cent cinquante et un biens qui auraient été ainsi confisqués en deux ans, lors du déroulement de quinze mille affaires et un petit milliard d’euros en liquide. Et la belle AGRASC a élu domicile rue de Richelieu, élection et prédestination!

Elle est considérée comme l’un des services les plus discrets de l’Administration, je vous l’ai dit, j’étais complétement passée à côté; seulement, ironie du sort, Jérôme Cahuzac, de concours avec Christiane Taubira, signent un papier dans lequel ils « félicitent les équipes de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC) pour la Victoire de l’organisation, pour la fonction publique d’Etat, reçue lors des Victoires des Acteurs publics, le 13 décembre ». Là, ça devenait vraiment difficile de passer à côté!

Pris à votre propre piège, Monsieur le Ministre, au pire il vous restera toujours l’exil pour recommencer la vie que l’on vous aura confisquée.

Les animaux aussi sont homos

Quand je pense que le magnifique Charles Aznavour chantait déjà en 1972, de sa voix magique et exquise « Comme ils disent »… Quand je sais que l’affirmation « nul n’a le droit, en vérité, de me blâmer, de me juger et je précise que c’est bien la nature qui est la seule responsable si je suis un homo, comme ils disent » ornée d’une mélopée enchantée lui a assuré l’abondante vente de son quarante-cinq tours… Quand je lis que ce guerrier de l’égalité, ardent partisan du « vivre comme on l’entend » se persuadait que l’évolution des mentalités n’était plus qu’une affaire d’années… Quand je constate ce qu’il en est… J’en ai le cœur soulevé, l’âme révoltée.

Qui manifeste? Pourquoi? Cela me laisse coi!

Qui lance le débat? A quelle fin? Là est le vrai point!

Non Charlotte c’est tabou, ne plaide pas qu’ils sont fous, ne soutient pas qu’ils nous amadouent, ne te risque pas à prétendre qu’ils enrobent et se dérobent, qu’ils masquent par de viles tensions la véritable complication: la stagnation ou pire la dépression, bref ladite crise.

Pourtant, ô gouvernement, qui offre l’équité aux gays, qui agence même l’égalité des chances, qui affranchit l’inverti et le délie de ses manies, s’assure pour sûr de la décroissance, de la défiance et peut-être de la déchéance du mariage de complaisance!

C’est tacitement ce que tu attends pour résoudre l’orage du chômage; moins d’enfants, moins d’excédent! Ah c’est choquant? Et tout ce flottement, cette valse-hésitation, ce manque de réaction, cette abnégation face aux provocations? N’est-ce pas à nos administrations d’octroyer les permissions, au roi de dire le droit? Eh!! la démocratie? Quand ça vous arrange! Mais l’amour de la démocratie ne doit-il pas au premier chef être « celui de l’égalité » pour reprendre Montesquieu…(quel renvoi) dans « de l’esprit des lois ».

Alors j’aimerais savoir moi, qu’est-ce qui vous offense dans l’idée d’un mariage pour tous et ses conséquences? Est-ce le nouveau visage de l’institution ou la question de la filiation? D’après nos trois religions, le mariage c’est l’union d’un Homme et d’une Femme dans le but de procréer. D’accord! On leur propose justement d’être en mesure d’engendrer grâce à la procréation médicalement assistée et ses dérivés. Lorsque j’entends curés et autres aumôniers s’y opposer sur fond de protection des enfants, j’admets mais ne m’en voulez pas de m’en amuser au su des derniers griefs dont ils font l’objet. Ce que c’est cliché…mais c’est bien pensé.

Que vaut-il mieux pour nos petits français, qu’ils grandissent esseulés en foyer, dans un environnement inhospitalier, éduqués par des parents certes hétérosexuels mais dont les fracas se ramassent à la pelle ou qu’ils évoluent chéris par deux personnes de même catégorie? Je livre ce sujet à votre sagacité. A mon humble avis, il est compliqué de faire de cas particuliers une généralité et le contrôle est suffisamment intransigeant pour les adoptants pour que l’intérêt des enfants n’en soit pas soustrait.

Et la célébration du mariage alors? Réjouissez-vous, ça fera marcher les traiteurs et les fleurs. C’est plutôt gaie, surtout depuis que les hétéros l’ont délaissée. Alors si ça leur plaît de porter une robe de mariée, qu’ils se mettent un tutu sur le cul et n’en parlons plus! Et que B. B. qui a passé son temps à défiler à leurs côtés sur les plages de Saint-Tropez ne vienne pas nous faire chier avec ses propos anti Fierté Gaie, ainsi que toutes lesdites célébrités.

N’oublions pas combien il est dur d’être différent et combien pourtant c’est enrichissant.

N’oublions pas que personne n’a les mêmes fesses et que c’est là notre richesse.

Retenez que les animaux eux aussi sont pédés, certains sont sodomites et personne ne les discrédite.

Ah, André Malraux doit se retourner dans sa tombe: « le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas », eh bien ça y est sa supposée mythomanie est établie.  Et avec ça le XXIème siècle n’est pas encore fini!