Un baiser…

Lorsque j’étais petite fille, dans un coin de ma chambre, juste devant mon lit, j’avais édifié un petit théâtre. Je pouvais y grimacer et y faire des simagrées, le pied!

J’apprenais par cœur des textes entiers que l’on me choisissait, qu’ils soient heurts ou bonheur et je les récitais pendant des heures sans réellement en comprendre la teneur.

Il arriva qu’un jour Christian de Neuvillette, amant infortuné, s’agenouillât au balcon de sa bien-aimée pour lui déclarer:

« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce? Un serment fait d’un peu plus près, une promesse plus précise, un aveu qui veut se confirmer, un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer; c’est un secret qui prend la bouche pour oreille, un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille, une communion ayant un goût de fleur, une façon d’un peu se respirer le cœur, et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme! »

Je m’en souviens comme si c’était hier, Cyrano de Bergerac, acte trois scène dix, un délice… A ceci près que je n’en saisissais pas vraiment le sens.

Puis un jour tu m’as embrassée et alors il m’a suffit d’un instant pour déchiffrer le plus important.

Le serment contenu dans le baiser reçu: l’arôme des moments annoncés, la promesse d’une caresse, l’aveu que désormais les cieux sont suspendus au bleu de mes yeux et l’humanité à ce seul baiser, un silence plein d’abondance, un secret bien gardé, la rencontre merveilleuse de deux âmes mystérieuses, comme si l’on nous soufflait « pour l’éternité ».

Alors voilà ma passion, mon frisson, si je t’écris ces quelques mots c’est parce que mon encre aussi veut embrasser le papier et si mon amour est inquiet c’est simplement de ne plus recevoir tes baisers. Eh oui, tout ça pour un baiser…

 

 

3 réflexions au sujet de « Un baiser… »

Répondre à Blondinette Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.